Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 25

 
Wonderful days


Corée du sud / 2003

16.06.04
 



VOIR GIBRALTAR ET MOURIR





"- Encore un coup du docteur Noé."

Ce manga n'a rien d'innocent. C'est une charge politique condamnant la politique de productivisme des pays occidentaux et alertant des menaces environnementales qui pèsent sur notre monde. L'un des meilleurs films d'animation de ces derniers mois se présente aussi comme un film d'action, flirtant avec l'inévitable Blade Runner (Ridley Scott a installé pour longtemps l'estéthique de référence dans le domaine futuriste). Dans ce monde au matérialisme exacerbé, à l'égoïsme des nantis, à l'humanisme méprisé, la seule séquence d'ouverture nous permet de comprendre d'emblée ce rapport déséquilibré qui sous tendra tout le film. Pourtant Wonderful Days n'est pas un simple pamphlet "pro protocole de Kyoto".
Si le discours est intelligent, on est davantage bluffé par la richesse visuelle (Innocence, de Oshii, est à mettre aux oubliettes) mélangeant séquences de jeu vidéo (notamment en utilisant une caméra subjective, plan assez rare dans le cartoon), des décors somptueux (notamment cette réplique du Musée Guggenheim, avec oeuvres d'art inclues), et un mélange des styles qui ne heurtent jamais. On pourrait parfois croire que les personnages s'animent dans des décors réels. Comme un mix de vitraux de la renaissance et d'un manga du XXIème siècle.
On pourra toujours pinailler sur le manque d'originalité de l'histoire très shakespearienne (trahisons, jalousies, spectres), où un rebelle joue les virus dans la belle mécanique bien prévue (un Linux dans le monde Bill Gates, si vous préférez). Toujours ce fantasme du messie, modeste mais attendu. La surdose de sécurité ne suffit pas : il y a toujours un malin pour s'infiltrer. Dans cette parabole pessimiste du monde moderne, entre plateformes polluantes et éoliennes en panne, l'auteur insuffle quelques moments de poésie, pas forcément optimiste. Les cauchemars ne forment pas simplement le passé. C'est la réalité qui les hantent. Wonderful days n'est pas complexe mais n'a rien de simple. Multipliant les références au cinéma (de Bunuel au cinéma russe), il pompe partout (du jeu vidéo à Hollywood), en n'évitant pas, quelques fois, la sortie de route (frôlant le pastiche). En voulant écrire un vrai film, il bloque face à l'émotion (les limites de l'animation) tout en ne se libérant pas forcément du cadre rationnel imposé par le cinéma.
Mais le dynamisme du film - l'action comme les relations humaines aidant -, la beauté sidérante de certaines séquences, le trip réel du scénario, donnent à ce manga l'allure d'un film de SF dynamité. La mise en scène est étudiée. Pas seulement stylisée.
Cela conduit, du coup, à un chapitre ultime grandiose. Une fantaisie finale. Opéra tragique qui nous hallucine, nous envoie en apesanteur. Les sacrifices successifs feront pleurer les sentimentaux. Dans un enchaînement trépidant, musical, quasi muet, Wonderful days nous fait passer, alors, un moment merveilleux. Plus fort que beaucoup de films américains soit disant divertissants. Et le jour d'après, on s'en souvient encore, contrairement à l'apocalypse écolo-numérique déballée par Emmerich.
 
vincy

 
 
 
 

haut