Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Mrs. Henderson Presents (Madame Henderson présente)


/ 2005

11.01.06
 



MOULIN ROSE





"- Il nous faut des tétons anglais!"

Cela faisait une éternité - disons The Snapper (1993) et The Van (1996) - que nous n'avions pas ri autant avec un film de Stephen Frears. Mme Henderson présente est un grand moment pour tous les spectateurs en quête de rires, de larmes et de bon goût (même le générique est un modèle dans le genre). Toutes les émotions sont au rendez-vous. A l'ennui glacé d'une opérette désuète Pas sur la bouche, nous préférerons sans aucun doute ce bordel sentimental et vivifiant.
Pourtant, tout commence avec des funérailles. On enterre un homme ("Sa mort est une muflerie"). Et son époque avec. Celle d'un colonialisme en décrépitude, d'une Londres des années 30 qui ne se remet pas de l'ère Victorienne et se fait doubler par Paris question divertissements. Ce crépuscule atteindra son paroxysme avec les nuages sombres et enflammés de la seconde guerre mondiale.
Au coeur des ténèbres, la caméra ne cesse de suivre un petit bout de femme. Moderne et frivole et se connaissant bien et pétillante et douée pour les relations publiques et qui aime être prise au sérieux. Exaspérante, ce qui la rend attachante. Grossière parfois, mais excusée, toujours. Politiquement incorrecte, cette iconoclaste excentrique rejette l'hypocrisie et rêve de paillettes pour illuminer (illusionner?) cette vie désespérante. N'est-ce pas le rôle d'un cinéaste comme celui d'un comédien?
Judi Dench offre là une prestation admirable. Grand numéro où elle brave le ridicule et donne la classe nécessaire à cette comédie espiègle et caustique. A son image. L'humour british est délicieux. Euphémismes ("J'ai d'autres inclinations" avoue le chanteur vedette, et homo, à sa patronne quand elle lui demande si les filles nues l'émoustillent) et quiproquos. Frears s'amuse beaucoup de cette mise à nue générale (et ose des clins d'oeil, notamment à Renoir). Quand il organise une scène de strip-tease générale, discrètement, il se permet un aparté sur la circoncision de quelqu'un et ajoute un petit plan en bonus sur le chien. Ce qui le fait glisser habilement de l'antisémitisme ambiant à une dérision ironique.
Après tout "le show business ne peut pas être bourgeois". Et l'infernal ne peut pas être une affaire de femmes à poil. Le cinéaste préfère se moquer de la censure (florilège verbal : minou, pudenda, massif centre, et visuel) et rendre hommage à cette forme d'art populaire. "Les rites païens sont moins barbares" en parlant d'une audition...
Mme Henderson présente un drôle de drame, ou une farce mélancolique et tragique. Malgré le défilé de belles Rolls, c'est le souvenir de cette veuve qui pleure, seule, sur sa barque au milieu d'un lac qui nous marque. Et quand une autre barque passe, la vieille femme, digne, ravale ses larmes. "Satanée bonne femme". Trop sentimentale, assurément. "La ressemblance entre adolescence et septuagénaires est remarquable". Entre cette jeune artiste au coeur d'artichaut (Kelly Reilly, choix judicieux et rayonnant tant elle paraît être la fille de Judy Dench) qui lui renvoie sa jeunesse et son directeur artistique intransigeant et séducteur (Bob Hoskins, fabuleux), c'est le portrait d'une femme qui n'a plus rien à perdre, tout à donner et qui n'a pas tant changé en 70 ans qui nous est proposé en creux. Une Reine d'Angleterre, qui a besoin d'un Winston Churchill pour exister. Provoquant les désaccords pour mieux révéler leurs vérités. Mais attention : "n'interrompez jamais une bonne dispute!" ...
 
vincy

 
 
 
 

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