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TOUT N’EST PAS SI FACILE, TOUT NE TIENT QU’A UN FIL
Montre nous de quel bois tu es fait...
La tradition des films de marionnettes vient d’être efficacement dépoussiérée et remise au goût du jour par un film danois splendide : Le Fil de la Vie ! Digne héritier de Starewitch qui lança la technique aux sommets où on l’avait d’ailleurs laissée et presque oubliée, Anders Ronnow Klarlund nous offre ici une occasion unique de redécouvrir l’émotion (et il y en a ici) du film en volume de marionnettes.
Mais l’originalité du film ne tient pas seulement au choix de la technique ; elle découle surtout du pari tenu par le réalisateur d’exploiter l’état factice des protagonistes de son conte, manipulés au propre comme au figuré, et de tisser toute la structure narrative du film avec les fils qui font leur singularité. Ces fils qui les animent, figurent ainsi leur souffle de vie, tout autant que la malédiction de leur destinée et de leur passé qui les renvoie à de simples pantins entravés.
L’émotion qui transpire des personnages, notre réaction empathique spontanée, nos sursauts pendant les combats, surprennent ! Ces sculptures de bois avec tout l’artifice de leur nature ne nous tiennent jamais à distance, au contraire, c‘est tout avec elles et par moment même pour elles que nous souffrons, sourions, vibrons. On finit presque par oublier que les héros de cette fable sont des marionnettes tellement l’émotion poétique, construite par l’ambiance générale du film, les images, la lumière, la musique et les poupées articulées, est forte !
Les scènes de traversée du désert, les batailles, les décors sublimes font de l’œuvre une fresque incroyable et stimule l’imaginaire du spectateur. L’eau, la terre, l’air et le feu, les quatre invités supplémentaires du film, soumettent durement chacune des créatures à leur loi sans appel. Le travail technique qu’aura nécessité ce film, et que l’on imagine sans peine, renforce le respect qu’impose cette œuvre (4 ans, 115 marionnettes, 22 des plus grands marionnettistes d’Europe et des Etats-Unis, ..). Pas de retouche en 3 D ici, ni d’effets spéciaux : tout est fait à la main !
Mais au-delà des prouesses techniques, c’est le scénario, pourtant classique dans son inspiration shakespearienne, qu’il faut louer ici ; on ne s’ennuie pas une minute ; cohérence dans le montage des séquences, fluidité des mouvements des marionnettes parfaitement maîtrisée, pertinence du rythme, émotion, une lumière magnifique, une musique vibrante,… aucun ingrédient ne manque pour faire du Fil de la Vie un met savoureux et d’une accessibilité séduisante, à déguster en famille, entre amis. Et quand on sait combien le tournage de ce film relève d’une exceptionnelle prouesse technique, humaine et conceptuelle, on ne peut que saluer bien bas le travail du réalisateur et de son équipe, et les remercier de n’avoir pas baissé les bras. A eux tous, donc, merci !
Bénédicte
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