2018 dans le rétro: des films LGBT plus ou moins marquants

Posté par wyzman, le 31 décembre 2018

Malgré de multiples polémiques (Scarlett Johansson renonce à incarner un personnage trans dans Rub & Tug, Jack Whitewall jouera un personnage gay dans le Jungle Cruise de Disney), 2018 aura été une grande année pour le cinéma LGBT.

Explicitement ou implicitement queer, les films qui suivent sont autant de preuves que la diversité sexuelle des personnages peut être synonyme de succès commercial. A moins qu’il ne soit encore et toujours question de personnages gays — et blancs ?

Des films importants

Sans surprise, Call Me By Your Name est le film queer qui aura le plus marqué les esprits cette année. Portée par Timothée Chalamet et Armie Hammer, adapté pour le grand écran par Luca Guadagnino, cette histoire d’amour et d’éveil sexuel était le Moonlight de 2018. Pour rappel, le film est reparti de la dernière cérémonie des Oscars avec le prix du meilleur scénario adapté pour James Ivory.

De son côté, Love, Simon aura marqué les esprits et les livres d’histoire en étant le premier teen movie d’un grand studio américain centré sur un personnage homosexuel. Sa bande originale nous a autant enthousiasmé que l’interprétation tout en finesse de l’acteur principal, Nick Robinson.

Mario de Marcel Gisler était peut-être le film LGBT le plus important de cette année. En mettant en scène une histoire d’amour gay entre deux joueurs de football professionnel, le réalisateur suisse a réussi son pari : nous émouvoir. A l’instar du Bohemian Rhapsody de Bryan Singer. Malgré des perturbations survenues sur le tournage entre le réalisateur et l’acteur phare de ce biopic du groupe Queen, Rami Malek s’y donne corps et âme. Une nomination aux Oscars semble de plus en plus évidente !

L’influence des sélections cannoises

En dépit d’une édition 2018 encore marquée par « l’affaire Netflix », le festival de Cannes a su ravir ses fidèles par la diversité des histoires racontées au travers de ses multiples sélections. En sélection officielle, Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré aurait pu faire des ravages s’il n’avait pas été présenté un an seulement après l’implacable 120 battements par minute. Côté séances de minuit, c’est Whitney de Kevin MacDonald qui aura ravi la critique. Cet excellent biopic nous aura permis de découvrir la face cachée de la plus grande diva du 20e siècle, une femme agressée sexuellement dans sa jeunesse et qui a passé toute sa vie d’adulte à cacher son penchant pour les femmes…

Mais c’est sans doute de Girl de Lukas Dont que l’on se souviendra le plus longtemps. Lauréat de la Caméra d’or, du Prix FIPRESCI et de la Queen Palm, ce drame belgo-hollandais raconte l’histoire d’une adolescente et danseuse classique de de 15 ans née malgré elle dans un corps de garçon. Plus prévisible, Rafiki de Wanuri Kahiu aura eu le mérite de mettre en lumière l’hypocrisie teintée d’homophobie des autorités kenyanes.

De son côté, la Quinzaine des réalisateurs n’a pas démérité. Gaspar Noé était de retour avec Climax. Lauréat de l’Art Cinema Award, son nouveau bébé raconte comment une soirée entre vogueurs tourne au massacre à l’overdose. Bourré de personnages queer, Climax aura surpris, choqué, ravi, impressionné la Croisette. Au choix. Enfin, impossible de ne pas mentionner le drame romantique de Arantxa Echevarria, Carmen et Lola. Cette histoire d’amour entre deux gitanes était un must-see.

Si le psychédélique Diamantino nous a fait mourir de rire, force est de reconnaître que Sauvage de Camille Vidal-Naquet nous aura mis dans tous nos états. Son interprétation pleine de vigueur et d’honnêteté le place déjà parmi les meilleurs de sa génération. C’est peu dire !

Netflix, héros de la contre-programmation

N’en déplaise à certains producteurs et distributeurs, le géant du streaming est aujourd’hui un acteur majeur dans la diffusion de films LGBT. Netflix s’est ainsi démarqué ce printemps en proposant à ses abonnés Les Bums de plage et Alex Strangelove. Le premier, réalisé par Eliza Hittman et récompensé à Sundance 2017, s’intéresse à un adolescent de Brooklyn (Harris Dickinson) qui tente de compartimenter son temps entre ses amis paumés, sa petite amie suspicieuse et les hommes qu’il rencontre via Internet et avec lesquels il aime avoir des rapports sexuels.

Le second, beaucoup plus léger, s’est retrouvé sur le service de streaming quelques semaines avant la sortie de Love, Simon et raconte une histoire similaire. Persuadé qu’il va finir sa vie avec une femme, Alex se met à questionner sa sexualité après avoir rencontré Elliot, un jeune homme ouvertement homosexuel.

Les grands oubliés

Par chance, cette année, seuls trois films pourtant fort intéressants n’ont pas su trouver leur public. Il y a d’abord eu Désobéissance de Sebastian Lelio et qui raconte les péripéties d’une jeune femme juive-orthodoxe qui avoue à sa meilleure amie la nature de ses sentiments à son égard. Puis vient Come As You Are de Desiree Akhavan. Bien que porté par Chloë Grace Moretz, Sasha Lane et Forrest Goodluck, le drame américain centré sur un établissement spécialisé dans les thérapies de conversion n’a fait qu’accentuer l’attente mondiale autour de Boy Erased, le nouveau film de Joel Edgerton avec Lucas Hedges, Nicole Kidman, Russell Crowe, Xavier Dolan et Troye Sivan au casting.

Enfin, nous refermons cette liste quasi exhaustive des films LGBT qui ont fait 2018 avec The Happy Prince de Rupert Everett. Le biopic qui présente les dernières heures de l’écrivain Oscar Wilde (incarné Rupert Everett) est passé complètement inaperçu mais pourrait se rattraper lors des prochaines grandes cérémonies de remises de prix.

2018 en 40 films (4/4): Blackkklansman, Les garçons sauvages, En liberté!, du genre, du docu, du noir et blanc, et une Palme d’or!

Posté par vincy, le 30 décembre 2018

Les garçons sauvages de Bertrand Mandico
Pour l'exploration fantastique, poétique, onirique des genres, ceux du cinéma et ceux des sexes. Le XXIe siècle est définitivement féminin.

Blackkklansman de Spike Lee
Une jubilation divertissante pour ceux qui veulent comprendre comment Trump est arrivé au pouvoir et pourquoi l'Amérique est toujours aussi raciste.

The House that Jack built de Lars Von Trier
Quand l'artiste qui a été persona non grata gratte l'art comme personne : le génie du crime est (toujours) là, sans limites.

High Life de Claire Denis
Pour ceux qui aiment douter au cinéma. Parce qu'avec cette incursion de Claire Denis dans le space opera, on n'est jamais totalement sûr de savoir si ce que l'on voit est sublime, ou un peu ridicule. Après réflexion intense, on penche définitivement pour la première option.

RBG de Betsy West et Julie Cohen (10/10)
Pour un portrait fidèle de l’une des plus grandes figures de la politique américaine, une femme qui a su poser son empreinte dans la pop culture.

Leto de Kirill Serebrennikov
Un remède rock et chic à la dépression hivernale.

Utoya 22 juillet d'Erik Poppe
Pour s'interroger sur la manière dont le cinéma doit, ou non, raconter l'horreur.

Wildlife de Paul Dano
Un premier film envoûtant et mélancolique qui nous hante par la force des sentiments qui se dégagent de ce sublime récit intime.

Grass de Hong Sang-soo
Pour une variation réconfortante et humaniste sur les thèmes de prédilection de Hong Sang-soo (les rapports amoureux, le milieu du cinéma, le hasard et les coïncidences). Et pour ceux qui, généralement, pensent que le Coréen n'est pas un véritable metteur en scène.

Roma d'Alfonso Cuaron
Ceci n'est pas un film. C'est du cinéma. Que l'on ne peut voir que chez soi, hélas. Mais Cuaron continue ainsi de raconter une histoire de mère(s), sans réel fil conducteur, dans un espace familier et une époque révolue. Splendide et bouleversant.

Cassandro, The exotico! de Marie Losier
Un portrait iconoclaste et allégorique d'un homme passionnant, par son métier (la lutte mexicaine), ses croyances (entre catholicisme et chamanisme), et sa différence sexuelle. Queer jusqu'au bout des talons aiguilles.

Spider-Man New Generation de Peter Ramsey, Bob Persichetti et Rodney Rothman
Pour tous ceux qui rêvent de voir un grand film Marvel, qui veulent se faire plaisir avec un pur et palpitant Blockbuster, et qui espèrent enfin contempler un film américain d'animation qui s'aventurent dans les esthétiques du comics et osent toutes les audaces du cartoon et du manga.

Carmen et Lola d’Arantxa Echevarría
Pour les romantiques fascinés par les histoires d’amour impossibles.

Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda.
Pour les humanistes et les universalistes qui aiment les beaux récits où le cœur a toujours ses raisons, dans une société pleine de déraison.

Diamantino de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt
Pour les amateurs de foot et ceux qui le détestent, pour ceux qui aiment les chiens roses et ceux qui leur donnent des coups de pied, pour ceux qui aiment l'humour noir et ceux qui préfèrent l'auto-dérision absurde.

En liberté ! De Pierre Salvadori
Pour celles et ceux qui aiment les comédies françaises, les acteurs français et l’autodérision à la française !

Bird Box : 45 millions d’abonnés Netflix ont regardé le film de Susanne Bier

Posté par wyzman, le 30 décembre 2018

Si l'on en croit le géant du streaming, un tiers de ses abonnés a donné une chance au thriller d'épouvante porté par Sandra Bullock.

Des chiffres impressionnants

Ce vendredi, le compte Twitter @NetflixFilm s'est empressé d'annoncer : "J'ai retiré mon bandeau ce matin pour découvrir que 45 037 125 comptes Netflix ont déjà regardé Bird Box, les sept meilleurs premiers jours pour un film Netflix !" Bien qu'aucun institut ne soit actuellement capable de mesurer l'audience des programmes de Netflix — qui les communique rarement —, si ces chiffres s'avéraient exacts, cela signifierait qu'un tiers des 137,1 d'abonnés s'est laissé tenté par le film de Susanne Bier.

Disponible depuis le 21 décembre, Bird Box a rapidement trouvé son public. Dans ce film, Sandra Bullock incarne une mère de famille qui prend la fuite avec ses deux enfants alors qu'une force mystérieuse décime la population mondiale. Pour y échapper, une seule solution : se bander les yeux — et ne pas l'affronter de visu. Cela étant, le service de streaming n'a pas tenu à préciser si ces chiffres correspondent à des visionnages complets de Bird Box.

Un projet pas comme les autres

Comme le précise Variety, Bird Box a bénéficié d'une sortie en salle une semaine avant sa mise en ligne. Le film était en effet visible dans quelques salles de Los Angeles, New York, San Francisco et Londres dès le 13 décembre, à l'instar de Roma d’Alfonso Cuarón et La Ballade de Buster Scruggs des frères Coen.

Expérience traumatisante pour certains, Bird Box a également su tirer avantage de Noël puisque les réunions de famille auraient été propices à des visionnages massifs du film de Susanne Bier. Déjà derrière la caméra pour la mini-série de The Night Manager (10 millions de téléspectateurs outre-Manche), Susanne Bier connaît sans doute ici le plus gros succès critique et public de sa carrière.

Pour rappel, Bird Box dispose d'un casting très impressionnant. Trevante Rhodes (Moonlight), Sarah Paulson (Ocean's 8), ainsi que John Malkovich (Deepwater Horizon), Jacki Weaver (Les Veuves), BD Wong (Jurassic World : Fallen Kingdom), Tom Hollander (Bohemian Rhapsody) et le rappeur Machine Gun Kelly accompagnent Sandra Bullock.

Ringo Lam (1955 – 2018) : rien de sert de mourir, il faut partir à temps

Posté par kristofy, le 29 décembre 2018

Le réalisateur Ringo Lam, qui a marqué de son nom autant les films d'action Hongkongais que ceux de Jean-Claude van Damme, est mort le 29 décembre à l’âge de 63 ans, sans doute suite à une intolérance médicamenteuse.

C'est avec son quatrième film Rien ne sert de mourir qu'il s'est imposé comme un expert du film d'action. Il s'agit là du quatrième volet de la saga Mad Mission qui en compte six (les autres films d'avant étant ceux de Eric Tsang et Tsui Hark).

Le film suivant inscrira son nom au panthéon des films cultes : City on fire en 1987, lui vaudra le Hong-Kong Film Award du meilleur réalisateur en 1988 (et meilleur acteur pour Chow Yun-fat). Quelques années plus tard City on fire allait être la source d'inspiration pour un jeune scénariste américain fan qui se lançait à la réalisation de son premier film : Quentin Tarantino avec Reservoir Dogs.

Au début des années 90 le polar Hongkongais devient populaire en occident; en France certains films sont en salles et beaucoup d'autres édités en vidéo, notamment ceux de John Woo, Tsui Hark, Johnnie To et Ringo Lam. En 1993 Ringo Lam connaît un autre énorme succès avec son Full Contact, avec, au générique, les stars du moment Chow Yun-fat, Simon Yam et Anthony Wong (ces deux là devenant les figures habituelles de Johnnie To). Il se faisait remarquer par une vision assez morne de la nature humaine et de la société hongkongaise. Techniquement, il préférait aussi les scènes d'action réalistes à celles utilisant divers effets et technologies.

Cela en faisait un virtuose, à l'ancienne. Ringo Lam a réalisé de nombreux polars avec des scènes d'action inédites, violentes ou spectaculaires : déjà en 1987 c'était Prison on fire avec Chow Yun-fat et Tony Leung (qu'il refait tourné en 1999 dans The Victim), en 1994 Le temple du lotus rouge, semi-échec, en 1997 avec Full Alert , gros succès consacré par 5 nominations aux Hong-Kong Film Awards.

En parallèle Jean-Claude Van Damme s'exporte aux Etats-Unis et devient une star mondiale des films d'action, trois de ses films ont été réalisés par Ringo Lam qui alterne entre tournages américains et les siens à Hong-Kong. Avec Jean-Claude Van Damme en tête d'affiche Ringo Lam réalise Risque maximum en 1996, Replicant en 2001 puis In Hell en 2003.

Le savoir-faire de Ringo Lam pour les polars et les scènes d'action avait été célébré en compagnie de ses compatriotes Johnnie To et Tsui Hark au Festival de Cannes en 2007, en séances spéciales, avec leur film en commun Triangle, dont ils ont réalisé chacun l'une des trois parties.

Après un long silence, un peu déprimé de voir comment l'industrie évoluait, il était de retour en 2015 avec Wild City, en 2016 avec Sky on Fire et il s'était engagé sur Eight & a Half, une ambitieuse fresque produite par Johnnie To, sur l'histoire de Hong Kong, coréalisée avec sept des plus grands noms du cinéma local.

2018 dans le rétro: un bilan mitigé pour le cinéma français

Posté par vincy, le 29 décembre 2018

L'année 2018 finit plutôt bien pour le cinéma français, avec une part de marché cumulée de 35%. Plus d'un ticket sur trois achetés a été dédié à un film français. Cocorico? Presque. Car tout n'est pas au beau fixe.

Mais ne soyons pas aigris. Commençons par les bonnes nouvelles de l'année. Quatre gros hits, onze millionnaires: les films nationaux continuent de plaire. La comédie et le film familial restent les genres les plus attractif. Le César du film le plus populaire sera décerné cette année aux troisième opus des Tuche. A 50000 entrées près, Dany Boon remontait sur a scène des César pour la deuxième année consécutive. Avec La Ch'tite famille, lui aussi a passé le cap des 5,6 millions d'entrées. La famille Tuche et la famille Ch'ti, ce sont deux France "gilets jaunes" (comme le prouve la photo) qui finalement dictent leur loi au parisiannisme, en bon héros gaulois résistant à l'envahisseur Disney (Pixar, Marvel), à l'instar du nouvel Astérix animé, qui vise les 3 millions d'entrées avec son secret de la potion magique.

La surprise finalement est ailleurs: celle du déclin du mâle alpha qui séduit plus avec son slip de bain et son ventre un peu rondouillard que le sexy Gastambide dans Taxi 5, le populaire Dubosc dans Tout le monde debout ou l'ex star de la Génération Y, Kev Adams, dans Alad'2. Clairement Le Grand bain, avec 4,2 millions d'entrées est un carton pour un film moins formaté et moins farce que les deux champions. Si on ajoute les beaux scores, même s'ils sont parfois en dessous des attentes, de la suite de Neuilly sa mère, du Jeu, des Vieux fourneaux, de Larguées, de Ma reum, du Flic de Belleville ou d'En liberté, tous au-dessus des 600000 tickets, il reste peu de place pour des œuvres plus dramatiques (Belle et Sébastien 3, Sauver ou périr, Pupille...). On peut quand même être heureux de voir qu'un film animé d'Ocelot (Dilili) ou un mélo spirituel de Mouret (Mademoiselle de Joncquières) trouvent leur public.

Cette diversité se retrouve également dans les films qui ont séduit la critique, sans forcément avoir une force de frappe nécessaire pour attirer un large public. On appellera ça les cinéastes "hypes", ceux qui sont parfois hors des sentiers battus mais font le bonheur de festivals qui cherchent à montrer d'autres formes narratives ou visuelles que celles d'un film formaté pour la télévision ou alignant un casting de stars très pros pour les promos TV.Cet écart entre critique et public semble de plus en plus marqué. C'est un effet d'optique. Comment peut-on avoir un succès populaire si un film n'est pas projeté dans plus de 50 cinémas? Il faudra s'interroger, mais pas trop tard car les plateformes de streaming sont prêtes à faire une OPA sur les cinéastes en vogue, sur la manière dont on défend réellement l'exception culturelle quand on ne donne pas sa chance à des films d'auteurs qui ont pourtant un bon potentiel. A une autre époque, un film comme Nos batailles aurait doublé son box office et dans un pays comme les USA, un film de genre comme Ghostland aurait été un carton inespéré, un film comme L'homme fidèle aurait bien mieux dragué les cinéphiles urbains. Le box office ne reflète pas la variété et la qualité du cinéma hexagonale. On n'expliquera jamais l'insuccès de Mektoub my love d'Abdellatif Kechiche ou de En guerre de Stéphane Brizé.

De nouveaux cinéastes tentent des esthétiques et des récits qui se distinguent de la tradition de la nouvelle vague ou du film calibré pour le prime-time télévisuel. On y parle ou on montre du cul, de l'asociabilité, des vérités tabous, des visions pessimistes ou des danses en transes. A l'instar de Yann Gonzalez (Un couteau dans le cœur) et Bertrand Mandico (Les garçons sauvages), de Camille Vidal-Naquet (Sauvage) ou Franck Ribière (La femme la plus assassinée du monde), de Alexandre Espigares (Croc-Blanc) ou Claire Denis (High Life), de Gaspar Noé (Climax) ou Guillaume Brac (L'île au trésor), d'Antony Cordier (Gaspar va au mariage) ou Andréa Bescond et Eric Metayer (Les chatouilles) . Le cinéma français ose, que ce soit dans l'animation ou le genre, comme on l'a vu cette semaine, mais aussi en s'aventurant dans la SF ou en préférant des influences différentes, étrangères, moins classiques.

C'est ce qui ternit cette année. De très bons films, parfois sensationnels, parfois saisissants, souvent émouvant, toujours dramatiques quand même, ont été ignorés des palmarès. Il y a, heureusement, l'exception vénitienne. L'an dernier, Jusqu'à la garde triomphait, à juste titre au festival de Venise. Le film a su s'imposer parmi les meilleurs de l'année. Cette année, Venise et Les Arcs ont récompensé C'est ça l'amour de Claire Burger, qui sera, sans aucun doute dans notre bilan de l'année prochaine. Mais sinon, hormis Plaire, aimer et courir vite, qui sauve son honneur avec un Louis-Delluc inattendu, et En guerre, dont on parlait plus haut, ou Amanda primé à Tokyo, La prière, récompensé à Berlin, quatre films qui parlent de l'époque (sexualité, social, terrorisme et foi à travers un prisme de lutte de classes ou du détachement du monde), le cinéma français n'a pas brillé dans les palmarès internationaux. Au point qu'aucun film français n'est reparti avec un prix cannois de la sélection officielle. Au point que le sublime film de Finkiel, La douleur, n'a pas atteint la demi-finale des Oscars. Tout un symbole qu'on nous recale Duras.

En fait, cette année, on a aimé le cinéma français, mais les films que nous avons aimés - on peut le regretter - n'ont pas profité de l'enthousiasme que nous espérions. Pourtant indéniablement, le cinéma français continue d'avoir la frite... Prenons un peu de sérotonine et voyons les choses du bon côté.

2018 en 40 films (3/4): Mektoub my love, Ghostland, Whitney, Climax, trois courts et Mission:Impossible!

Posté par kristofy, le 28 décembre 2018

Ghostland de Pascal Laugier
Pour ceux qui n'ont pas peur d'y entrer et pour ceux qui ont peur de ne pas en sortir : un rollercoaster d’émotions fortes.

Mektoub, My love: Canto uno d'Abdéllatif Kéchiche
Plus c'est long, plus c'est bon : un lumineux marivaudage autour de jeunes élans amoureux...

Mario de Marcel Gisler
Pour tous ceux qui se demandent à quel point le milieu du football professionnel est homophobe (et misogyne).

Ultra rêve de Caroline Poggi et Jonathan Vinel, Yann Gonzalez et Bertrand Mandico
Pour trois fois plus de bonheur cinéphilique "hype" avec trois courts métrages signés par la crème du jeune cinéma indépendant français.

Silent Voice de Naoko Yamada
Pour ceux qui cherchent l'avenir de l'anime japonaise à travers une romance sensible et captivante...

Whitney de Kevin Macdonald
Pour les fans de la chanteuse, les amoureux de grandes voix et ceux qui se demandent ce qu’il se passe vraiment dans les coulisses, pendant, avant et après les scandales.

Climax de Gaspard Noé
Pour les clubbeurs, les passionnés de voguing et de break dance, ceux qui ont le cœur bien accroché et surtout plus de 16 ans.

Mission : Impossible - Fallout de Christophe McQuarrie
Pour tous ceux qui ont toujours rêvé de voir Tom Cruise voler au-dessus du Grand Palais (et s'amuser en moto à traverser Paris).

Black Mirror : Netflix dégaine l’épisode interactif Bandersnatch

Posté par wyzman, le 28 décembre 2018

Après des semaines de spéculation concernant la cinquième saison de la série d’anthologie de Charlie Brooker, le géant du streaming met en ligne aujourd’hui un épisode de Noël qui pourrait bien bouleverser le monde des séries.

"Change ton passé. Ton présent. Ton futur."

Hier, Netflix a dévoilé la bande-annonce de Bandersnatch, nouvel épisode de Black Mirror — indépendant de la saison 5. Le synopsis est simple : en 1984, un jeune programmeur adapte un roman fantastique pour en faire un jeu vidéo et se met à douter de la réalité. L’histoire tentaculaire devient un labyrinthe hallucinant.

Alors que la cinquième saison de cette série qui mêle science-fiction, horreur, drame et thriller est toujours attendue, Bandersnatch devrait changer la manière dont les séries sont consommées. En effet, Charlie Brooker et Netflix vont permettre au spectateur de faire des choix en lieu et place des personnages. Cela doit faire évoluer l’histoire de manière presque unique. A chaque visionnage, le spectateur aura ainsi la possibilité de faire varier les intrigues.

Tandis que Quartz précise qu’il s’agit d’une première "pour ce format de narration", IndieWire assure que 312 minutes d’épisode ont été tournées. La durée classique de Bandersnatch serait de 90 minutes. Cet épisode spécial tire par ailleurs son nom d’une créature fictive déjà présente dans le roman De l’autre côte du miroir de Lewis Carroll.

Réalisé par David Slade, déjà à l’oeuvre sur l’épisode "Metalhead" de la saison 4, Bandersnatch dispose d’un joli casting. Révélé par Dunkerque, Fionn Whitehead incarne le rôle principal et est entouré de Will Poulter, Craig Parkinson, Alice Lowe et Asim Chaudhry. Seule inconnue dans cette équation : savoir si la version interactive de l’épisode sera disponible sur tous les appareils ou seulement sur ceux compatibles (Android 6.1 et ultérieur, iPhone, iPad, PS4, ordinateurs portables et Smart TV disposant de la dernière version de Netflix).

Une grande série

A l’origine diffusée par Channel 4, Black Mirror est devenue une série Netflix en 2015. Depuis, elle a reçu 6 Emmy Awards et un International Emmy Award. Satire de notre société moderne et accro aux technologies, Black Mirror a d’ores et déjà été applaudie par la critique et le public pour sa capacité à présenter un présent alternatif se déroulant dans un futur loin d’être lointain.

Parfois définie comme "expérimentale", Black Mirror a déjà fait se croiser Rory Kinnear, Daniel Kaluuya, Jodie Whittaker, Hayley Atwell, Domhall Gleeson, Jon Hamm, Bryce Dallas Howard, Hannah John-Kamen, Gugu Mbatha-Raw, Jesse Plemons et Letitia Wright au fil des saisons.

2018 dans le rétro : la bonne année du cinéma de genre

Posté par kristofy, le 27 décembre 2018

C’était quoi le cinéma de genre en 2018 ?

On avait observé l’année dernière que 2017 avait été symbolique d’un certain glissement vers une reconnaissance du cinéma de genre : certains de ces films dépassent ‘leur public’ et obtiennent un plus large succès auprès du ‘grand public’. Le film de monstre La Forme de l’eau de Guillermo Del Toro, sorti en février, avait reçu le Lion d’or de Venise avant de décrocher 4 Oscars : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleurs décors, et meilleure musique (au français Alexandre Desplat) ; Get Out de Jordan Peele a engrangé 254 millions de dollars de recettes mondiale pour un budget d’environ 5 millions tout en recevant le convoité Oscar du meilleur scénario original ; et en France c’était le film Grave de Julia Ducournau qui avait fait l'évènement pour finir avec le Prix Louis-Delluc et 6 prestigieuses nominations aux Césars.

Ils sont où les films de genre français avec des zombies affamés ou des aliens envahisseurs ? C’est la bonne nouvelle de 2018 : il y a eu plus de films français de ce type distribués en salles, et plusieurs sont des premières œuvres. Parfois l’élément fantastique est central, parfois il réside en périphérie. Il peut prendre la forme d'un polar ou celle d'une introspection intime. En bonus, on y voit aussi quelques noms célèbres sur les affiches.

Une belle diversité

Citons dans ce panorama très diversifié : Burn Out de Yann Gozlan (avec François Civil, Olivier Rabourdin, Manon Azem), Revenge de Coralie Fargeat (l'actrice Matilda Lutz a été retenue dans les 34 révélations pour les prochains Césars), Les Garçons sauvages de Bertrand Mandico (qui ensuite a reçu le Prix Louis-Delluc du premier film, ex-aequo), La nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher (avec Anders Danielsen Lie, Golshifteh Farahani, Denis Lavant), Ghostland de Pascal Laugier, Madame Hyde de Serge Bozon (avec Isabelle Huppert), Dans la brume de Daniel Roby (avec Romain Duris, Olga Kurylenko), Caniba de Verena Paravel & Lucien Castaing-Taylor, Climax de Gaspar Noé, Hostile de Mathieu Turi, High Life de Claire Denis (avec Robert Pattinson et Juliette Binoche), et sur Netflix La Femme la plus assassinée du monde de Franck Ribière (avec Anna Mouglalis). A noter toutefois comme les années précédentes que certains de nos talents doivent chercher un soutien hors de France à l’international pour leurs projets (au Canada, Etats-Unis, Canada, Espagne…), ce qui induit souvent un tournage en langue anglaise (Ghostland, Revenge, Hostile, High Life…).

Le maître du suspens Stephen King a même salué à sa manière le cinéma français avec cette éloge : « Juste quand vous pensiez que les films de zombies ont été épuisés, un film parfaitement remarquable débarque, réalisé par Dominique Rocher, intitulé La Nuit a dévoré le monde. Il va vous laisser bouche bée. »

La France est toujours un peu en retard pour le soutien à ses cinéastes de genre : Xavier Gens à réalisé The Crucifixion et Cold Skin, qui ne sont pas sortis chez nous, Julien Mokrani a vu la production de son projet Les Sentinelles abandonnée… Pourtant les nouveaux talents français sont déjà là et ils sont nombreux : Steeve Calvo, William Laboury, Mael Le Mée, Just Philippot qui ont eu une distribution sur grand écran de leurs courts-métrages en février avec 4 histoires fantastiques. Par ailleurs, les films Tous les dieux du ciel de Quarxx et Girls with balls de Olivier Afonso font le tour des festivals en attendant d’être exploités en salles, tout comme Furie de Olivier Abbou. Combien d’entre eux vont devoir s’exporter ailleurs pour leurs prochains projets ?

Le CNC prend enfin la mesure (tardive) que le film de genre français contribue aussi à faire grandir plusieurs métiers techniques spécialisés (effets spéciaux, maquillages et prothésistes, cascadeurs, décors…) et qu’il faut les soutenir  : « Notre volonté est d’encourager la diversité au cinéma et d’inciter les créateurs à s’engager sur des voies insuffisamment empruntées. En France comme à l’étranger, en particulier au sein de la jeune génération, il y a un réel engouement, pour les films de genre : les créateurs français y ont toute leur place ! ». Trois projets en particulier vont être aidés par une bourse dans leur production : La nuée de Just Philippot, Ogre de Arnaud Malherbe, Else de Thibault Emin (une extrapolation de son court-métrage d’il y a 10 ans, en sortie de Fémis, c’est dire si le chemin est long). Il faudrait désormais que les distributeurs suivent, surtout quand il y a une interdiction aux moins de 16 ans.

Des hits au box office

Cette année dans les salles de cinéma le public a eu beaucoup d’occasion de frissonner. Le surnaturel a fait peur avec Verónica de Paco Plaza, Hérédité de Ari Aster (avec l'excellente Toni Collette), Sans un bruit de John Krasinski (avec la non moins excellente Emily Blunt), L'Exorcisme de Hannah Grace de Diederik Van Rooijen et La Nonne de Corin Hardy (avec Taissa Farmiga et Demian Bichir), qui, avec 1,4 million d'entrées en france se hisse au niveau de Ron Howard et Guillermo del Toro. L’horreur s’est cachée dans Le Secret des Marrowbone de Sergio G. Sánchez (avec Anya Taylor-Joy et Mia Goth), Strangers: Prey at Night de Johannes Roberts (avec Christina Hendricks), American Nightmare 4 : Les Origines, qui est aussi millionnaire en entrées, The Strange Ones de Christopher Radcliff, sans compter quelques frayeurs du côté du monde jurassique ou du labyrinthe post-apocalyptique.. L’Asie dont les multiples pays produisent des dizaines de bons films de genre a été quasiment ignorée cette année 2018, mis à part les sorties trop discrètes de Battleship Island de Ryoo Seung-wan et de Avant que nous disparaissions, d'Invasion de Kiyoshi Kurosawa. De son côté, le japonais Shinsuke Sato a gagné pour la seconde fois le Corbeau d'or au BIFFF avec Inuyashiki, film toujours invisible en France...

Les surprises les plus fortes de l’année en films de genre, de la SF à l'horreur, nous sont venues en fait des plus grands cinéastes : Guillermo del Toro avec La Forme de l'eau, Steven Spielberg avec Ready player one, Lars von Trier avec The House that Jack built, la version en 3D de Détective Dee : La légende des Rois Célestes de Tsui Hark, et Ghostland de Pascal Laugier. 2018 a été aussi l’occasion de redécouvrir le classique de Stanley Kubrick 2001 : l'odyssée de l'espace dans une restauration célébrant son 50ème anniversaire.

Hollywood continue encore de produire/distribuer des suites ou des remakes de grands succès passés: Halloween de David Gordon Green (avec Jamie Lee Curtis), Suspiria de Luca Guadagnino (avec Dakota Johnson et Tilda Swinton), The Predator de Shane Black. Ou s'acharne à écrire de mauvais films dans l'air du temps comme Unfriended, Action ou vérité?, Escape room. Parallèlement, de nombreux titres pourtant de qualité, portés par des sélections en Festivals, sont ignorés (Tigers are not afraid de Issa Lopez) ont n’arrivent qu’en DVD/VàD (comme Muse de Jaume Balagero). Il faut donc aussi désormais évoquer la plateforme Netflix : c’est là qu’il fallait aller pour découvrir Apostle de Gareth Evans, Hold the dark de Jeremy Saulnier, Illang the wolf brigade de Kim Jee-woon, Psychokinesis de Yeon Sang-ho, The night comes for us de Timo Tjahjanto, Annihilation d'Alex Garland, avec Natalie Portman, Bird Box de Susanne Bier, avec Sandra Bullock, et donc aussi La Femme la plus assassinée du monde de Franck Ribière (avec Anna Mouglalis).

Le genre était de genre féminin, assez logiquement. La plupart des films marquants, soit par leur popularité, soit par les louanges reçues, avaient une ou plusieurs héroïnes, victimes ou/et combattantes.

Alors finissons avec une belle promesse (au féminin) pour 2019: Alita: Battle Angel. Réalisé par Robert Rodriguez et coproduit par James Cameron, cette adaptation du manga japonais Gunnm nous transporte le futur... bien au-delà de 2019

2018 en 40 films (2/4): En guerre, Chris the Swiss, L’île aux chiens, La route sauvage, Senses et Love Simon!

Posté par MpM, le 26 décembre 2018

Coup de coeur : Chris The Swiss d'Anja Kofmel
Pour les amateurs de cinéma hybride, entre enquête policière et portrait intime.

Coup de coeur : En guerre de Stéphane Brizé
Pour continuer la lutte sociale jusque devant un écran de cinéma.

Senses de Ryusuke Hamaguchi
Pour ceux qui aiment les sagas intimistes et l'autopsie frontale du tumulte des sentiments.

La route sauvage d'Andrew Haigh
Pour découvrir un jeune acteur prometteur (Charlie Plummer) et s'élancer avec lui dans un récit initiatique du décidément talentueux Andrew Haigh.

The Cured de David Freyne
Pour ceux qui attendent 28 mois plus tard : l'épidémie pourrait être sous contrôle, mais...

Chasseuse de géants (I Kill Giants) de Anders Walter
Pour ceux qui ont encore des yeux d'enfant et pas encore un cœur de pierre : la fabuleuse mignonnerie de l'année.

L'île aux chiens de Wes Anderson
Pour l'inventivité et le délire au service d'une fable "orwellienne" qui a du chien...

Have a nice day de Liu Jian
Pour une vision vitriolée de la société chinoise contemporaine.

Love, Simon de Greg Berlanti
Pour celles et ceux qui ont toujours rêvé de voir une comédie romantique centrée sur un personnage LGBTQ.

2018 dans le rétro : la belle année du cinéma d’animation

Posté par MpM, le 25 décembre 2018

De Fireworks de Akiyuki Shimbo et Nobuyuki Takeuchi le 3 janvier à Mirai de Mamoru Hosoda le 26 décembre, le cinéma d'animation n'aura pas beaucoup quitté l'affiche en 2018. Cette année aura d'ailleurs été exceptionnelle à plusieurs titres pour les films animés.

C'était en effet la première fois, en février dernier, qu'un court métrage d'animation était couronné par un Grand Prix à Clermont Ferrand (Vilaine fille d'Ayce Kartal, en compétition nationale). Pour la première fois également, un film réalisé en stop-motion remportait quelques jours plus tard le prestigieux Ours d'argent de la meilleure mise en scène à Berlin (L'île aux chiens de Wes Anderson). Deux récompenses ultra-symboliques qui prouvent que les mentalités changent, les barrières tombent, les préjugés reculent. Breaking news : le cinéma d'animation est avant tout du cinéma, et ça commence à se savoir !

En force à Cannes


A Cannes, festival réputé frileux pour tout ce qui n'est pas prise de vue réelle, l'animation semblait d'ailleurs être partout (et pas seulement dans les programmes de courts métrages !) : en compétition dans les sections parallèles (Chris the Swiss d'Anja Kofmel à la Semaine de la Critique, Samouni Road de Stefano Savona et Mirai de Mamoru Hosoda à la Quinzaine), en séance spéciale à l'officielle (Another day of life de Raúl de la Fuente et Damian Nenow), mais aussi en guest star dans plusieurs films de la sélection officielle, à l'image de Leto de Kirill Serebrennikov, Under the silver lake de David Robert Mitchell et The house that Jack built de Lars von Trier. En touches légères, pour l'humour ou la dérision, l'animation apportait cette année une grosse dose de liberté à des films en quête de singularité formelle.

Pour ce qui est de l'offre en salles, là encore 2018 aura été riche et éclectique, offrant des longs métrages pour tous les goûts, et moins de suites ou de reboots qu'en 2017, même si ceux-ci sont assez incontournables dans le marché du cinéma contemporain. Le plus notable dans le domaine fut évidemment Les indestructibles 2 de Brad Bird, 14 ans après le premier volet, mais on peut aussi citer Maya l'abeille 2, les jeux du miel de Noel Cleary et Sergio Delfino, Tad et Le secret du roi Midas de Enrique Gato et David Alonso, et bien sûr le nouveau volet des aventures d'Astérix et Obélix, Le Secret de la potion magique, par Alexandre Astier et Louis Clichy. Côté adaptation, difficile de faire l'impasse sur Croc-blanc d'Alexandre Espigares qui redonne vie au héros de Jack London avec l'un des plus gros budgets du cinéma français de l'année.

Le dynamisme jamais démenti des films pour jeune public


Sans surprise, ce sont les films à destination du jeune public, voire du très jeune public, qui sont largement en tête des sorties, à l'image de Agatha ma voisine détective de Karla Von Bengston, Pierre Lapin de Will Gluck, Le voyage de Lila de Marcela Rincon Gonzalez, Yéti et compagnie de Karey Kirkpatrick et Jason Reisig, Capitaine Morten et la reine des araignées de Kaspar Jancis ou encore Pachamama de Juan Antin. Sans oublier le grand retour des studios Aardman avec Cro-man de Nick Park, qui ne s'est pas tout à fait avéré à la hauteur des attentes,  celui de Michel Ocelot, qui s'est planté avec son Dilili à Paris inventif visuellement mais souffrant d'un scénario ultra didactique et d'une interprétation outrée, et la belle surprise Spider-man : new generation de Peter Ramsey, Bob Persichetti, Rodney Rothman.

Les programmes de courts étaient eux-aussi au rendez-vous : Rita et crocodile de Siri Melchior, L'étrange forêt de Bert et Joséphine de Filip Pošivac et Barbora Valecká, Le quatuor à cornes de Benjamin Botella, Arnaud Demuynck, Emmanuelle Gorgiard et Pascale Hecquet, La grande aventure de Non-Non de Matthieu Auvray, le programme collectif Ta mort en shorts, Mimi et Lisa, les lumières de Noël de Katarina Kerekesova et Ivana Šebestová... et plusieurs très belles sorties de films "du patrimoine" : le merveilleux Alice Comedies 2 de Walt Disney et l'indispensable Révolte des jouets (qui réunit trois courts métrages de Bretislav Pojar et Hermina Tyrlova), tous deux distribués par Malavida, et l'également formidable programme Les Contes merveilleux de Ray Harryhausen (Carlotta Films) qui permet de (re)découvrir les premiers films en stop motion de ce grand maître des effets spéciaux.

Les documentaires hybrides et l'animation pour adultes


Mais 2018 aura également relancé la veine de l'animation documentaire et à destination des adultes. A Cannes, trois films sur quatre étaient des documentaires, qui mêlaient tous animation et prise de vue continue pour aborder des sujets historiques ou politiques sensibles : la mort d'un journaliste suisse pendant la guerre en ex-Yougoslavie (Chris the Swiss), le quotidien d'une famille de Gaza city frappée de plein fouet par l'offensive terrestre israélienne "Plomb durci"' en 2009 (Samouni Road) et la guerre civile en Angola (Another day of life).

A Annecy, ce sont deux films forts, abordant l'Histoire récente, qui ont remporté les principaux prix : Funan de Denis Do qui revient sur la période terrible de la dictature des khmers rouges au Cambodge (Cristal du meilleur long métrage) et Parvana de Nora Twomey, qui dépeint la condition de vie des femmes dans l'Afghanistan des Talibans. Le reste de la sélection était d'ailleurs à l'avenant, avec deux films sur le conflit israélo-palestinien (Wall de Cam Christiansen et Wardi (anciennement La Tour) de Mats Grorud), un essai au vitriol sur la religion (Seder-Masochism de Nina Paley), un portrait cruel de la Chine contemporaine (Have a nice day de Liu Jian) et même un témoignage saisissant sur un important conflit social du début des années 50, Un homme est mort d'Olivier Cossu.

Dans un registre plus intime, mais tout aussi grave, Happiness road de Hsin-Yin Sung (présenté hors compétition et sorti pendant l'été) est un beau récit introspectif sur le temps qui passe, les choix que l'on fait et les rêves que l'on poursuit. Sélectionné à Annecy l'an passé, Silent voice de Naoko Yamada est quant à lui l'adaptation sensible et audacieuse d'un manga qui aborde la question du handicap et du harcèlement. Preuve qu'il n'existe pas de sujets tabous en cinéma d'animation, et qu'il est au contraire parfois le format idéal pour faire passer certaines images difficiles à supporter.

Et 2019 alors ?


Dans la continuation du beau dynamisme 2018, 2019 devrait nous réserver quelques belles surprises. Ca commence dès le 23 janvier avec la première sortie dans les salles françaises du premier film d'Hayao Miyazaki, Le château de Cagliostro, qui fêtera ses 40 ans ! On verra aussi enfin plusieurs films dont nous vous parlons depuis plusieurs mois, à savoir Another day of life de Raúl de la Fuente et Damian Nenow, Wardi de Mats Grorud, Funan de Denis Do et Tito et les oiseaux de Gustavo Steinberg, Gabriel Bitar et André Catoto Dias.

Côté suites, on découvrira Minuscules 2, les mandibules du bout du monde de Thomas Szabo et Hélène Giraud, Dragons 3 de Dean deBlois, Ralph 2.0 de Rich Moore et Phil Johnston, La grande aventure lego 2 de Mike Mitchell, Toy Story 4 de Josh Cooley, Shaun le Mouton Le Film : La Ferme Contre-Attaque de Richard Starzak ou encore La reine des neiges 2 de Jennifer Lee et Chris Buck.

Enfin, dans le registre des grandes impatiences, on n'en peut plus d'attendre Buñuel après l’âge d’or de Salvador Simo, La Fameuse invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattoti, L'extraordinaire voyage de Marona d'Anca Damian et quelques autres qui, malheureusement, ne verront peut-être pas le jour avant 2020... C'est peut-être là le grand défaut de l'animation : souvent, elle requiert une certaine dose de patience.