Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Zatôichi


Japon / 2003

05.11.03
 



HEUREUX CELUI QUI CROIT SANS VOIR





"- On est beaucoup trop à l’étroit, c’est mal de dégainer dans un endroit pareil…"

A pareille cadence, on finirait par se surprendre à attendre le dernier Kitano comme le Beaujolais nouveau, ou en des termes plus cinéphilique comme une livraison annuelle de Woody Allen. Le parallèle entre les deux sommités n’est pas hasardeuse tant leur présence physique au sein de leur propre filmographie flirte parfois avec l’encombrement égocentrique tout en constituant la marque de fabrique essentielle de leur œuvre (le juif new yorkais bavard et auto psychanalyste et le clown triste nippon désabusé porté sur l’esthétisme contemplatif de la violence). Leur absence ponctuelle du générique de leurs films du coup souvent vient à procurer un regret, un manque tant leur singularité familière finit par marquer, tels des êtres chers qu’on se plait à retrouver pour les grandes occasions. La constance de leurs immuables introspections exhibitionnistes peut aussi lasser lorsqu’elles renoncent à évoluer. C’est un peu le cas lorsque Kitano s’attaque avec un opportunisme peu dissimulé au légendaire Zatoichi.
Loin de se renouveler, il phagocyte plus l’illustre figure qu’il ne lui apporte réellement une nouvelle dimension. Le tueur aveugle devient du coup muet, en tout cas peu prolixe et ne déroge pas à la règle de distanciation méditative commune à tous les héros créés précédemment par le réalisateur japonais. C’est un fait, Kitano affectionne les personnages décalés, inadaptés aux conventions jusqu’à l’obsession; probablement lui permettent ils d’exorciser certains vieux démons avec une réelle sincérité intime encore que très poseuse. Ils se posent aussi comme une limite dans son ambition d’acteur, en tout cas pour les rôles qu’il se confie. Le reste du projet n’est qu’une excuse à sa prestation, le réalisateur n’y attache par ailleurs que très peu d’attentions, livrant une parodie de film historique, dont l’aspect brouillon (photo peu travaillée, coupures de montage à la tronçonneuse) peine à se justifier par une véritable démarche iconoclaste. L’intrigue demeure standard, les ramifications susceptibles de l’étoffer sont soigneusement élaguées (entre autres exemples, expédié le dilemme professionnel et conjugal du Ronin joué par Tadanobu Asano, pourtant loin d’être anecdotique dans son potentiel scénaristique). Le cinéaste privilégie un collage bout à bout de scénettes plus ou moins attrayantes qui provoque une rupture avec la tradition de la narration fleuve des fresques médiévales orientales, mais sans une alternative consistante à opposer dans l’irrespect du discours et surtout sans aucune possibilité de formuler une quelconque tension dans le récit.
Car rien n’a d’importance dans cette histoire de revanche d’opprimés, les protagonistes sont majoritairement des crétins sans grands principes qui périssent sous la lame affûtée du masseur ombrageux. L’humour est énorme, trois idiots tapant à coup de massue sur la tête d’un quatrième et se cantonne souvent dans le non sens à l’instar du gros benêt qui traverse le film en petite tenue, braillant pour se persuader qu’il est un samouraï respectable. Le ton est proche de L’été de Kikujiro, mais perd beaucoup en poésie. Kitano n’adhère définitivement pas au genre et à ses clichés démonstratifs, sa vérité est ailleurs, loin des images d’épinales, autant de miroirs prétentieux et trompeurs desquels sa cécité protège. La lucidité restera en tout cas dans l’esprit du réalisateur cette fois-ci et ne sera pas partagée.
Le plaisir pourra se trouver au sein des séquences d’action, fulgurantes et outrancières, dont le graphisme sanglant n’entamera pas la réputation du japonais. Nihiliste il détruira plus qu’il n’aura à offrir. Son final en forme de comédie musicale apparaît comme un ultime pied de nez aussi vain que la conclusion semblable offerte par Bertrand Blier dans ses Côtelettes cette année. L’inspiration n’est plus de mise chez les grands auteurs ? La fatigue se fait sentir indéniablement dans le peu de générosité concédée. On conservera en mémoire le vertige émotionnel engendré par Dolls et on passera sur cette parenthèse peu enchantée en attendant la suite avec une impatience qui elle ne se dément pas…
 
petsss

 
 
 
 

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