Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Novo


France / 2002

25.12.02
 



SEULS LES ANGES ONT DES AILES





" - Je voudrais qu'on devienne intime, tous les deux.
- C'est quoi l'intimité pour toi ?
- Raconte-moi tes souvenirs d'enfance. L'enfance, c'est intime, non ?
"

Que reste-t-il quand l'oubli devient un art de vivre ? Quand le temps n'est effectif qu'à l'instant présent ? Dix, quinze minutes de mémoire, tout au plus. Aucun poids du passé, aucune anticipation du futur. Jean-Pierre Limosin nous entraîne ici dans un univers singulier, suivant au pas la structure mentale de ce personnage amnésique. Un univers entièrement morcelé dans sa temporalité, donc, qui paradoxalement se révèle très homogène, étonnamment fluide, tant l'immersion dans le ressenti du personnage est totale. Novo est une véritable exploration de la nature humaine, dans ses extrêmes les plus vifs. Chaque élément formel agit tel un révélateur : images, mouvements de caméra, rythme, lumières, couleurs, dialogues, silences, regards, gestes. On immerge le spectateur dans la plus profonde intimité du personnage. Tout glisse et vient signifier un esprit de renaissance perpétuelle. Graham vit et agit de manière totalement instinctive et naturelle ; tel un enfant, il n'est pas asservi par le temps, ne subit aucune usure, aucun remord, aucun dépassement. Ainsi, tout ce qui devrait être complexe dans l'histoire et la vie du personnage éclate de simplicité. La perception du film suit cette logique. A partir d'une histoire dramatique Jean-Pierre Limosin nous emmène dans un monde paisible. Le personnage de Graham est animé d'une innocence absolue. La perception qu'il a de sa vie, des autres, du monde, ses actes, ses réactions : tout déborde de fraîcheur et de pureté, y compris son comportement sexuel. Une certaine douceur éclatante, là où tout semblerait voué à la confusion.

Si l'on s'en tient aux traits fondateurs de l'histoire elle-même, Novo, n'est pas un film franchement réaliste. La pathologie dont souffre le personnage principal est ici idéalisée, rendue quasi magique ; ce qui, dans la réalité, serait fort discutable. Mais peut importe, finalement, puisque l'amnésie n'est ici qu'un support fictionnel pour nous entraîner au-delà du commun. Graham est présenté comme un être exceptionnel. Adulte enfant, il est le seul qui a gardé cette formidable aptitude à vivre naturellement, simplement, dans une candeur absolue. Il cultive ce don de pureté, inné pour chaque être humain, mais toujours définitivement perdu, l'âge adulte venu.
Une féerie certaine dont la force ne peut que déteindre sur son entourage. Loin d'être un éternel recommencement, le film évolue donc en suivant, de manière palpable, l'implosion émotive, vécue par chacun des personnages. Douce et savoureuse pour les uns ; violente et amer pour les autres.
De l'amour au mépris, de la quiétude à la peur, de la naïveté à la cruauté, tous les sentiments sont passés au crible, via l'histoire, la dramaturgie et la mise en scène. Novo cristallise la nature humaine dans ce qu'elle a de plus viscéral. Avec ce film, Jean-Pierre Limosin signe un mélodieux conte sentimental. Une glorification du bonheur et de la liberté, magnifiés dans l'unique " ici et maintenant ", qui fait de Novo un film tragique mais aussi irrévocablement optimiste.
 
sabrina

 
 
 
 

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