Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 0

 
Drôles de cigognes


/ 1966

08.05.2019
 



PETITS CONTES ENTRE AMIS





Nous poursuivons notre (re)découverte de l’œuvre de la réalisatrice tchèque Hermina Tyrlova avec un nouveau programme de cinq courts métrages proposés par la société Malavida, à qui l’on devait notamment déjà Ferda la fourmi et La Révolte des jouets. Comme il en a l’habitude, le distributeur a accompagné chaque film d’une « pastille sonore » introductive qui rend les films abordables même aux plus jeunes (ils sont chaudement conseillés dès trois ans).

Tout commence avec Potes en pelote, un film qui nous rappelle dans l’esprit La Boîte à tricot, autre féerie de Hermina Tyrlova découverte dans le programme L’Atelier enchanté. Des pelotes de laine y prennent vie, se transformant en petits personnages. D'abord rivales, les deux créatures masculines rivalisent d’inventivité pour séduire la créature féminine. Quelques brins de laine deviennent ainsi bouquet ou ombrelle, et une pelote se transforme tantôt en cheval, tantôt en automobile. Puis lorsque surgit un ennemi commun, c’est le moment de l’union sacrée pour le vaincre, avant que chacun retourne à son état d’objet inanimé, afin de permettre la création d’une splendide tapisserie où les trois coloris sont réunis.

On retrouve cette idée d’une coalition contre un ennemi plus dangereux dans le dernier film, Panique à la basse-cour, où chien et chat cessent de se chamailler pour chasser le jars qui s’en prend au petit garçon. Ils finissent ensuite par jouer à la balle avec les souris et l’enfant, dans une entente joyeuse qui fait plaisir à voir.

Ainsi sont les thèmes abordés par Hermina Tyrlova : simples, légers et joyeux, empruntant à l’imagerie du conte et de l’imaginaire. Des scènes minuscules dont elle montre toujours l’aspect le plus amusant ou cocasse. Même lorsque dans La Révolte des jouets, elle abordait l’ombre du nazisme, c’était par le biais d’une certaine insolence, d’une forme de résistance frondeuse dans laquelle triomphait la puissance de l’imaginaire et de la fantaisie. On retrouve cette dimension ici dans Le Cavalier dézingué, qui se déroule dans un contexte similaire : dans l’atelier de l’artisan, les petites figurines s’animent dès qu’il a tourné les talons. Mais elles ont cette fois affaire à un simple farceur, le lance-pierres qui s’amuse à tirer sur tout et tout le monde.

Le programme se veut aussi une brillante démonstration de l’art multiple de la réalisatrice tchèque, et notamment de ses différentes techniques d’animation en volume. On retrouve à la fois sa faculté à mêler prise de vues réelles et animation (dans Potes en pelotes et Le Cavalier dézingué, dans lesquels les êtres humains représentés sont à chaque fois des artisans que l’on peut voir en doubles de la créatrice) et son savoir-faire pour donner vie aux objets et aux matériaux les plus variés. C’est probablement ce qui est le plus fascinant dans son travail, la virtuosité avec laquelle se transforment les choses et les êtres. Jusqu’à parfois nous montrer l’envers du décor, lorsque la mer redevient un simple brin de laine que l’écureuil enroule effrontément autour de sa patte.

L’univers de Hermina Tyrlova fait ainsi l’effet d’un monde mouvant et fantastique qu’il nous serait donné d’observer en cachette. Une mise en image poétique et délicate de motifs universels, à l’instar de cette version enjouée mais esthétiquement sublime d’une histoire d’amour atypique entre un berger et une princesse (Le mirliton fripon), dans laquelle la dentelle cisèle les silhouettes les plus raffinées. Même chose pour les fameuses cigognes du titre qui livrent vaillamment les bébés commandés aux heureux couples de parents. Mais que faire lorsque les bébés sont deux ? La réponse donnée par Hermina Tyrlova est drôle, enlevée et pleine de douceur à la fois. Rassurez-vous, aucun bébé (fabriqués avec des brins de laine pastels qui leur font d’adorables frimousses) n’a été maltraité pendant le tournage.

C’est en revanche un véritable cadeau fait aux enfants d’aujourd’hui (mais aussi à leurs parents, oncles et tantes, voisins et amis) que de leur permettre de découvrir le savoir-faire de cette animatrice aux doigts de fée et à l’inventivité sans limite. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, après s’être émerveillés en salles devant ce nouveau programme, ils pourront regarder les autres en DVD, en attendant la prochaine ressortie magique de chez Malavida.
 
MpM

 
 
 
 

haut