Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Le vent de la liberté (Ballon)


Allemagne / 2018

10.04.2019
 



APPEL D’AIR





« Qui sommes-nous sans cette frontière ? »

Les histoires vraies, ça finit bien, en général. Un coup de Wikipédia et vous pourrez savoir ce qu’il advint aux deux familles d’Allemagne de l’Est qui tentèrent une évasion vers l’Ouest (au sud pour eux, avec le concours du vent du nord) en 1979 par la voie des airs, avec un ballon de fortune.

Ce serait dommage. D’utiliser un moteur de recherche. Car, si le film n’a rien de surprenant d’un point de vue cinématographique, le réalisateur Michael Herbig sait manier les rebondissements et le suspens. Son scénario est construit de telle façon que le spectateur est rapidement embarqué dans cette course-contre-la-montre, attendant la bise scandinave tout en fuyant une police de plus en plus pressante.

Beau récit sur la nécessité de s’évader, Le vent de la liberté s’ancre dans un pays où la suspicion, la délation et la méfiance sont partout. La prise de risque est palpable tant le régime semble oppressant. Le fameux rideau de fer n’est pas un mur virtuel mais plutôt une impasse fatale où finissent écrasés les audacieux attirés par la lumière, comme des moustiques crashés sur une fenêtre.

En ne cherchant pas la même prise de risque cinématographique, Michael Herbig veut avant tout se concentrer sur l’histoire, le portrait de la famille (et leurs doutes), sur cet élan vers les nuages. Pour en profiter, il ne faut rien dévoiler. Le premier acte est stressant. Le dernier acte tout autant. D’improvisations en données aléatoires, bien malin celui qui saura comment cela finira. Le film prend parfois des directions aussi incertaines que le ballon.

D’autant que le script est écrit comme un effet ciseau. D’un côté deux familles qui ont un temps limité, et de plus en plus court même, pour fabriquer une montgolfière et profiter d’une météo hasardeuse pour faire 18 kilomètres par dessus la frontière. Avec tout ce que cela comporte de petites erreurs. De l’autre, une police qui s’approche de plus en plus d’eux, par divers indices, et qui est prête à leur tomber dessus au moment crucial. L’étau se resserre et le film s’accélère, jusqu’au final, très hollywoodien, avec la force militaire d’un côté et l’amateurisme humain de l’autre.

Ballon pas dirigeable

C’est efficace, rythmé et tendu, comme un bon thriller. Peut-être trop convenu parfois, sans doute frustrant quand il n’explore pas toutes les pistes (notamment sur les critiques au régime comme sur le rapport ambivalent à l’autre : le voisin, l’occidental, etc…), parfois trop appuyé et didactique lorsqu’il s’agit des sentiments de chacun, Le vent de la liberté tient son intérêt dans son dédoublement : un film d’évasion, préparée clandestinement, et un film d’enquête, en plein jour. On n’est pas dupe des subterfuges du montage mais cela fonctionne comme il faut pour être happé par l’histoire.

Face à ces intrépides – les traitres à la patrie, les fidèles aux régimes, chacun étant prêt à tout – le spectateur choisit rapidement son camp, sans savoir si, à la fin, quel Allemagne va gagner. Si cette histoire vraie a toutes les allures d’une fiction – l’aspect mélo est trop simpliste pour être réaliste – ce film en quatre actes n’a rien d’original mais a tout d’un bon spectacle classique.
 
vincy

 
 
 
 

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