Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Looney Tunes: Back in action (Les Looney Tunes passent à l'action)


USA / 2003

10.01.03
 



KILL BUGS





"- Combien d’hévéas sont morts pour faire cette tenue ?"

En conclusion d’une année qualitativement hautement déprimante pour le spectateur qui se serait borné à mettre à profit sa fréquentation des salles obscures pour se divertir, Looney Tunes pourra apparaître comme une sorte d’oraison funèbre envers une profession dévouée il y a encore peu à ensorceler le public de son imagination grandiloquente (et oh combien impérialiste). Le goût n’y est plus dés lors que le créateur reste insensible au seul moteur désormais primordial de la mécanique hollywoodienne, le fric. Joe Dante, naguère si malicieux, semble en faire les frais et paye la note avec une dose de cynisme désabusé. Lui l’enfant ébloui de cinéma qui nourrit sa filmographie de ses influences de jeunesse extirpées des series Z des 50’s, tel le fossile d’un Quentin Tarantino, lui-même archéologue des 70’s (la couche historiquement au-dessus donc), se retrouve quelque peu largué dans un système peu respectueux de la nostalgie quand celle-ci ne se plie pas aux règles de recyclage du marketing (pourtant mis en place dans une logique moins extrême lorsqu’il fréquentait l’écurie Spielberg à ses débuts). L’adieu aux armes, le réalisateur ne réinventera du coup pas son cinéma, limitant au maximum ses audaces. Il préférera se planquer derrière ses idoles éternelles (Robby le Robot de Planète Interdite en tête) et se livrer à un acte de mémoire sous forme de course poursuite épileptique dont la débauche d’effets coûteux ne se justifiera à aucun moment. La forme fait vaguement penser à un luxueux pot de départ en retraite, le script rachitique frisant l’idiotie sera quant à lui parfaitement conforme aux canons de la mode de l’entertainment. Copier pour mieux détruire ? Pas franchement non. L’attaque manque d’ambition, ne représente pas le cœur du projet et demeure surtout en panne de hargne iconoclaste (celle d’un John Waters sur le loupé mais vindicatif Cecile B. Demented par exemple). Le cinéaste fatigué se paiera donc la tronche des frères Warner, l’explosion du château d’eau, symbole du studio, aux frais de la princesse avec mention définitive: «Lourdez vos actions, Bugs Bunny va mourir». Et puis... ? Et puis pas grand-chose car rien n’a plus d’importance. L’histoire est finie, les dés sont salement pipés, comme en témoigne cette scène où les personnages principaux errent dans le désert et tombent sur un providentiel supermarché américain de grande renommée. Ceci n’est qu’un coup de pub honteux après explication, mais ce n’est pas grave puisque ce genre d’opération rentable amuse la galerie au fait du méfait. Arrivé à ce stade de considération pour son audience, Joe Dante ne se fera donc plus que plaisir en parfait égoïste. Certaines séquences captent l’attention pour leur touche de poésie (les toons au Louvre) mais la trame accessoire est trop décourageante pour que les autres clins d’œil (la plupart cinématographiques) ne sombrent dans le désintéret aussi vite qu’ils sont apparus.

Infortunés Bugs et Daffy, sur la pomme desquels la Warner s’évertue pourtant à dépenser des millions pour les réhabiliter sur grand écran, en vain (le cuisant échec essentiellement artistique du lamentable Space Jam). Leur destin n’est vraisemblablement pas de parader en tête d’affiche. Conçus par Chuck Jones pour des formats courts, toute évolution prédispose à la trahison d’auteur. Respectueux, Joe Dante le sait et se garde de commettre l’irréparable. Limité par conséquent à ses éternels gags, le duo joue les faire valoir de second plan sans aucune possibilité d’interagir de façon probante sur le déroulement de l’intrigue, comme prisonnier d’un format qui le pousse à se répéter de façon mécanique.
Une recette qui s’use si on s’en sert trop, c’est de toute façon le sentiment qui se dégage de l’essentiel de la production forcenée des majors américaines qui s’évertuent à livrer des blockbusters dont la raison d’être s’éloigne chaque jour un peu plus de la narration pour ne se focaliser que sur une exploitation mercantile à la créativité stérile. Looney Tunes, au-delà de ces défauts multiples, témoignerait à ce titre de ce processus de dégradation avancée de l’inspiration hollywoodienne. Peu prometteur pour l’avenir…
 
Petsss

 
 
 
 

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