Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Tout l'argent du monde (All the Money in The World)


USA / 2017

27.12.2017
 



A BAD YEAR

Le livre Bye Bye Bahia



« Le grand combat de la vie est de s’entendre sur le prix. »

Tout l’argent du monde n’y fera rien. A partir d’un fait divers qui a défrayé la chronique, Ridley Scott réalise un film dont on se souviendra essentiellement pour l’exploit : 10 millions de $ et 10 jours de tournage à trois semaines de la sortie du film pour effacer Kevin Spacey, accusé d’agressions sexuelles sur mineurs et majeurs, et le remplacer par Christopher Plummer, trop vieux a priori pour harceler qui que ce soit.

Pour le reste on retient un beau film comme on dirait c’est un bel album de photos. Ridley Scott, hormis le récent Seul sur Mars, s’enlise dans un style qui cherche l’esthétisation à tout prix au point de rendre ses films assez semblables. A l’inverse d’un Scorsese, d’un Eastwood ou d’un Spielberg, le réalisateur britannique ne cherche plus à se renouveler mais à raconter des histoires à travers une imagerie plus proche du clip ou de la pub pour marque de luxe que du cinéma.

Tout l’argent du monde ne fait pas exception avec ses bleus gris de chien loup. Cette coloration souligne lourdement l’aspect morbide que véhicule le récit. Tout comme Cartel, autre ratage, le film se perd dans ses relations entre des personnages pour lesquels on n’éprouve aucune empathie. Ce n’est pas la faute des acteurs (même si les raccords entre le tournage d’origine et le tournage additif est visible) mais des rôles déshumanisés, comme cette image « artificialise » toute réalité et toute humanité.

Cette froideur glaçante empêche toute la dramatisation du sujet de tendre vers une émotion attendue vainement. Tous les moyens déployés, le spectacle et les rebondissements mis en scène nous laissent spectateurs d’un « show » visuel orchestré par un découpage prévisible au lieu de nous y impliquer.
Malgré la précision du jeu de Michelle Williams et l’impressionnante incarnation de Christopher Plummer, le film s’avère distant de bout en bout. Aussi creux, que long et lisse. Car le pire est bien qu’il manque de profondeur, d’un quelconque intérêt à un spectateur contemporain. C’est une histoire biographique qui n’a pas traversé le temps. Tout comme ce film sera très vite « démodé ».

Le problème de Ridley Scott depuis pas mal de films est qu’il nous fait le grand huit avec ces « héros », lumineux ou sombres, seuls contre tous. Certains nous saisissent (Gladiator, Les Associés, Seul sur Mars), d’autres nous indiffèrent (Hannibal, Une grande année, Robin des Bois). Inégal, le réalisateur est pourtant cohérent. Il déminéralise ses images comme il enlève la moindre parcelle de vivant à ses personnages. Ce sont des leaders solitaires qui s’assèchent malgré le faste qui les entoure. Car c’est bien l’ironie de l’histoire : Ridley Scott aurait pu faire une critique insidieuse voire une dénonciation subtile de cet argent roi. Malheureusement, depuis pas mal d’années, ses héros sont aveuglés par les richesses et condamnés à chaque fois à l’exil ou la résistance.

Tout l’argent du monde est dans même veine. A l’image de son désastreux Alien : Covenant, le cinéaste démontre qu’il produit de belles images mais ne sait plus raconter d’histoire et filmer l’humain. Seul sur Mars est finalement un intrus dans une filmographie qui s’égare depuis près de 15 ans.
 


 
 
 
 

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