Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Inertia


Israël / 2016

01.02.2017
 



SUR LE SABLE





"Tu dois te lever le matin et vivre ta vie."

Mira se réveille en hurlant. Un cri terrifiant qui la poursuit tout au long de la journée. Qui continue même à la hanter longtemps après, lorsqu'elle réalise que ce qui l'a causé, un cauchemar où elle tue son mari, pourrait bien avoir été prémonitoire. Sur ce point de départ fragile et tenu, Idan Haguel tisse un curieux film qui mêle le thriller à l'introspection et au portrait de femme. Il esquisse ainsi beaucoup de pistes mais donne peu de réponses : au spectateur de lire entre les lignes.

Cette ambivalence latente contamine à la fois l'héroïne, dont on ne sait plus si elle espère le retour de son mari, ou si elle le craint, et tous les personnages qu'elle croise, miroirs un peu cruel de sa propre condition. Chaque rencontre brouille un peu plus les pistes, dévoilant au passage la double culpabilité qui ronge Mira : celle d'être peut-être à l'origine de la disparition de son mari, et celle, plus diffuse, de s'organiser une nouvelle vie sans lui.

La mise en scène, constituée de scènes assez courtes et de plans très découpés, hache le récit et donne l'impression de ne saisir au vol que des moments de la vie de Mira. Les ellipses, l'interruption précoce de certaines scènes, l'absence d'explications superflues renforcent ce sentiment de dentelle émotionnelle en train de se coudre patiemment sous nos yeux. Peu importent les circonstances et les causes, on assiste à la découverte timide par Mira d'une liberté qu'elle ne soupçonnait pas, d'une vie qu'elle n'avait jamais envisagée. Cela reste très fin, presque implicite, et pourtant joliment amené au gré d'un changement de coiffure ou d'un sourire esquissé.

On n'est pourtant pas dans le conte de fées, pas plus que dans le drame d'ailleurs. Inertia dit beaucoup de la solitude, de la violence du chômage, de l'usure du quotidien, mais il le fait avec tact, de manière plus souvent métaphorique que frontale. Et avec cette forme d'humour discrètement noir qui est la marque de fabrique du cinéma israélien et qu'on pourrait résumer en une formule : sourire pour cacher ses larmes. Sans doute est-ce là le sens du conseil donné par la mère de Mira au cours d'une scène à l'intensité presque palpable : "vivre sa vie, et c'est tout", parce qu'au fond c'est tout ce qui importe.
 
MpM

 
 
 
 

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