Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Seul dans Berlin


Allemagne / 2016

23.11.2016
 



AU NOM DU FILS

Le livre Bye Bye Bahia



«- 18 cartes n’ont pas été retrouvées. »

A l’origine Seul dans Berlin était l’un des premiers livres allemands qui a osé critiquer le nazisme, juste après la guerre. Mais l’ouvrage n’a connu sa renommée internationale qu’en 2009 avec une version enfin traduite en anglais et abrégée. C’était le récit de berlinois durant la guerre. Vincent Perez s’est intéressé à un couple célèbre, parmi les premiers martyrs du nazisme, deux résistants pacifiques qui, pour effacer la douleur de la mort de leur fils unique sur le front, se sont mis à propager des messages anti-hitlériens un peu partout dans Berlin.

Otto et Elise Quangel ont réellement existé sous le nom d’Otto et Elise Hampel. Ils sont incarnés par Brendan Gleeson, impeccable dans ce registre de père endeuillé mais déterminé à défier la Gestapo et le IIIe Reich, et Emma Thompson, toujours parfaite pour traduire les douleurs les plus intimes.

Perez peut les remercier de donner du relief à un récit un peu languissant. La souffrance des parents donne à Seul dans Berlin les rares émotions du film. Le couple est attachant, tendre, aimable. S’il appuie un peu trop ses effets, le cinéaste ne ménage pas l’aspect visuel du drame. Il y a quelques beaux cadrages, des angles originaux, une bonne restitution de l’atmosphère malsaine, même si on ressent le film de studio. C’est très soigné. On peut souligner le travail du directeur de la photo Christophe Beaucarne et l’inspiration du musicien Alexandre Desplat.
Les personnages secondaires donnent aussi un peu de caractère à une histoire qui manque de singularité et de tension. Daniel Brühl s’abonne ainsi aux rôles de salauds, pas con, et ça lui va plutôt bien.

On pourrait juste regretter que Perez ne soit pas plus audacieux. Dans l’ironie par exemple (un contremaître qui fabrique des cercueils alors qu’il vomit cette guerre). Dans les sentiments aussi (le film est désespérément pudique). Ou dans le suspens (l’intrigue devrait être portée par son issue, fatale ou heureuse). Entre l’enquête et le portrait d’Allemands subissant eux-mêmes l’Occupation nazie, le réalisateur a du mal à choisir son genre. Parfois, quelques fulgurances démontrent qu’il y avait du potentiel, comme ce commissaire torturé et humilié par les SS. Comme cette fascination pour l’architecture monumentale berlinoise. Le résultat donne un film plus dramatique que captivant.

Mais Seul dans Berlin préfère voguer au gré des humeurs et des réactions humaines, les ressorts et mobiles des citoyens pour devenir victimes, orgueilleux ou cupides. Comme le peuple Allemand qu’il affectionne, le film semble se résigner. La fin révolte évidemment. On se dit que c’est absurde. On aurait aimé que Seul dans Berlin, film honorable sur la Résistance intérieure et sans armes (autres que des cartes postales), soit moins lisse face à ces deux destins aussi modestes qu’incroyables.
 
vincy

 
 
 
 

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