Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Innocents (The Dreamers) (The Dreamers)


Italie / 2003

10.12.2003
 



L'APPARTEMENT





"- La rue est rentrée dans l'appartement."

Reconnaissons à Bernardo Bertolucci quelques talents. Avec peu de rebondissements, il parvient à captiver notre attention pour une histoire de tentations. Grand narrateur, donc, mais aussi, au grand damne des fans de ses premiers films, grand esthète. Un film de Bertolucci apparaît souvent comme lisse. The Dreamers (Innocents) mélange ainsi ses influences dans la filmographie du cinéaste italien. On y retrouve pêle-mêle un Paris nostalgique (Le Conformiste, Le dernier Tango à Paris), une vision muséographique de l'Histoire (Le dernier Empereur, Un thé au Sahara), et un portrait de la jeunesse (Beauté volée).
Hélas, nous sommes attentifs, mais rien ne nous passionne. Les élans du c¦ur sont freinés par un regard trop distant ou un soufre vite évaporé, une impudeur trop maquillée, une plongée dans une époque trop partisane. Le cinéma de Bertolucci subit sa propre empathie pour le 7ème Art sans nous la faire partager.

Ce film apparaît surtout comme un hommage, jamais comme une réflexion ou même des questions sur une époque (la révolution cinéphilique, la rébellion sociétale, la libération sexuelle). Tout reste en surface. Du générique jazz-pop aux images d'archives sur les manifestations autour de la Cinémathèque, Bertolucci tente de nous immerger dans une époque qui paraît trop lointaine pour nous toucher, qui ne trouve en fait aucun écho dans la nôtre. L'amertume finale est davantage liée à notre désespoir actuel qu'aux désillusions d'alors. Parfois, le style y est. Le cinéaste fait preuve d'un peu d'audace visuelle quand il alterne Léaud, jeune, défendant Langlois, dans un reportage d'époque, et Léaud, d'aujourd'hui, récitant sa défense, dans une reconstitution fictive. Les citations et références, les extraits de vieux films et les photos de légendes du cinéma, ponctuent ainsi ses souvenirs de France. Mais le film n'est pas un simple témoignage, à ranger dans les musées ou les vidéothèques. Bertolucci, qui semble incapable de filmer son monde contemporain, fait son travail d'entomologiste sur la modernité passée.

Toute la crème de Mai 68 (essentiellement le début et la fin du film) peut-être retirée, cela n'enlèvera rien au goût sucré-salé du film. Car l'essentiel est ailleurs. Deux jumeaux bourges issus d'intellos gauchistes qui se plaignent de vivre dans un pays sans bon rock 'n roll et un californien déraciné et donc influençable. Trois utopistes, trois rêveurs, trois innocents. Admirons le casting : un Américain très Saint Sébastien, blond et pulpeux, incandescent candide adolescent, un Français brun et révolté, sombre et branleur, une Française fragile et secrète, joueuse et dramatique. Mention spéciale à la fille, donc.
L'ensorceleuse Eva Green porte le trio, vole chacune des scènes, nous éblouit avec sa beauté (résister est un défi en soi). Rarement une jeune comédienne n'avait eu un tel impact à l'écran. On reconnaît là le génie de Bertolucci à choisir ses jeunes comédiennes (Maria Schneider, Liv Tyler...).

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Période de suprême insouciance, où l'on pouvait vivre d'amour, d'eau fraîche, et de cinéma, le film décrit très bien son contexte. Le sous-texte est plus fade. Rien de choquant à ces jeux de fiel et de miel entre trois ados qui découvrent leurs idées et leurs corps. Le cinéaste va trop loin ou pas assez, mais ne choque nullement, au final. Certaines séquences existent bien mieux avec leur aspect absurde ou même insolite, que par leur simple volonté de provoquer notre morale. C'est là l'échec formel du film. Filmé dans les années 60 ou 70, The Dreamers aurait été d'une modernité certaine. Aujourd'hui, il ne paraît être qu'un film du passé, pour ne pas dire dépassé. Alors, Bertolucci est-il vieux, fatigué, usé?

Il n'a pas perdu la main pour nous faire aimer un trio de jeunes gens explorant la vie dans un huis-clos. Mais il reste en rade sur la manière de faire le lien entre 68 et le début du XXIème siècle, à l'instar de ses personnages, qui finalement, resteront avec leurs convictions, sans avoir été capables de faire le pont entre leurs opinions. Cette incapacité à la communication contraste douloureusement avec la communion dans la sexualité. Comme un gâchis qui laisse un goût amer, a posteriori.
 
Vincy

 
 
 
 

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