Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Le Teckel (Wiener-Dog)


USA / 2016

19.10.2016
 



HOT DOG





Il est sans aucun doute l'un des cinéastes les plus singuliers du cinéma américain, entre audaces stylistiques et statut marginal. Cela ne l'empêche pas de réaliser des films percutants et caustiques, critiquant une Amérique aussi hypocrite que décadente, avec un ton décalé : d'ailleurs il avoue en interview être plutôt quelqu'un de nostalgique...
En France on découvrait la singularité de Todd Solondz il y a déjà 20 ans. Aujourd’hui son huitième film Le Teckel confronte une nouvelle fois des personnages qui doivent combattre la peur, l’anxiété ou la dépression (1989, le titre de son tout premier film inédit avant Bienvenue dans l'âge ingrat en 1995) dans une époque qui avance sans eux. Avec comme fil rouge l’adoption d’un chien dans leurs vies, Todd Solondz s’amuse avec le Storytelling (2001) en racontant ici 4 tranches de vie qui racontent une histoire plus globale à la recherche du bonheur perdu (thème récurrent depuis Happiness en 1998).

Le générique d’ouverture est un gros plan sur le teckel sans aucune musique, le temps de ressentir la solitude et le besoin d’amour de ce chien. Durant le film il sera adopté par 4 familles différentes justement pour combler une solitude et un besoin d’amour, une ironie savoureuse. Dans la première famille ce teckel est surtout destiné à un petit garçon qui pourra le brosser et lui faire des bisous à volonté alors que lui-même est en manque de ces gestes de tendresse car trop souvent seul, en l’absence de ses parents… L’humour sophistiqué de Todd Solondz va nous montrer plusieurs personnages dans leur quotidien, chacun meurtri par un lien cassé, qui ne pourra d’ailleurs pas être remplacé avec ce chien comme substitut. Acerbes, acides et amères, ces quatre histoires différentes vont se suivre dans un ordre précis : l’enfance avec ce petit garçon trop solitaire à cause de ses parents (dont Julie Delpy), l’âge adulte avec Greta Gerwig aussi solitaire et qui se laisse emmené dans un road-trip incertain, l’aube de la soixantaine avec Danny DeVito en prof de cinéma qui ne parvient pas à transmettre sa passion (un alter-ego de Todd Solondz qui est lui aussi enseignant universitaire en cinéma...) et enfin la vieillesse avec Ellen Burstyn en grand-mère qui fera comme un bilan de sa vie face à sa petite-fille frivole Zosia Mamet (alter-ego de son personnage inconséquent de la série Girls…). Bien que certains éléments de ces histoires soient très fantaisistes, celles-ci proposent surtout un miroir de l’Amérique d’aujourd’hui.

Au détour d’un dialogue ou d’un gag Todd Solondz provoque un questionnement sur certains thèmes d’actualité : stériliser le chien pour éviter un accouplement avec une race étrangère, un trio de mexicains malheureux qui veulent émigrer au Mexique, des jeunes étudiants qui n’ont aucune culture de l’art cinéma sauf celle des super-héros, une relation familiale qui devient un commerce tout comme l’art contemporain…

Le teckel sera un véritable personnage en interaction avec les autres (surtout au début et à la fin). Todd Solondz s’intéresse bien entendu moins à ce chien (particulièrement stupide d’ailleurs d’après lui) qu’aux relations humaines : dispute, rencontre avec autrui, mépris, pragmatisme... Le cinéaste parvient sans en avoir l’air à proposer un film-somme : il y rassemble diverses questions sur l’ensemble d’une vie (de l’enfance à la mort) et des références multiples à sa filmographie (dont le personnage de Dawn Wiener présente avec différentes apparences dans plusieurs de ses films). Ainsi Le Teckel représente non pas une somme de différents segments distincts mais bien différents nouveaux chapitres de l’univers Solondz.
Les dialogues sont parfois cruels ou corrosifs. cependant ils sont révélateurs de quelque chose qui a déraillé quelque part. Le teckel - le fil-conducteur du film - a justement cette fonction de réflecteur des dérèglements de notre époque. Todd Solondz suggère avec sa malice bien a lui que la question ‘de combien tu as besoin’ ne sera jamais une réponse à ‘de quoi tu as envie’...
 
Kristofy

 
 
 
 

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