Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Les Sept Mercenaires (The Magnificent Seven)


USA / 2016

28.09.2016
 



Goooo Weeeeest





"Oh mon Dieu mais qu'est-ce que je suis bon!"


Un remake des Sept Mercenaires, lui-même remake des sept Samouraïs d’Akira Kurosawa ? Remplacer Yul Brynner, Steve McQueen, Charles Bronson, James Coburn, Robert Vaughn, Eli Wallach ? Pari risqué pour le réalisateur de Training Day. Antoine Fuqua, honnête faiseur de thrillers. Pourtant il ne s’en sort pas trop mal en convoquant plutôt Sergio Leone que Jon Favreau, en mettant le sexisme aux oubliettes et en conservant une trame assez classique pour ne pas se fourvoyer dans un film clippé sans saveur. Le scénario se divise en trois chapitres (recrutement des mercenaires, installation dans le village, la guerre contre le salaud), après un prologue qui présente le vrai duel : le méchant de service contre la femme vengeresse.

Y.M.C.A

Dans ce casting très United Colors of Benetton, le dandy aux origines frenchy Ethan Hawke et son acolyte asiatique l’hyper-sexy Lee Jung-Hun représentent à eux seuls le couple de l'ouest. Sous fond de plaisanterie et de partage ("il va où je vais"), on a eu la très nette impression de voir le prélude romantique et platonique de Brockback Mountain. Ajoutons à cela un Indien très bien foutu (et qui a une tendance à manger de la viande crue), un Chris Pratt toujours dans l’auto-dérision et la distance, qui caresse avec sensualité son flingue en regardant son adversaire d'un air de "vient tâter de mon phallus puissant" et vous obtenez le début des Village People (manquait plus qu'un policier, un marine et un ouvrier pour vous faire la chorégraphie du Y.M.C.A). Plus sérieusement, c’est tout à fait anachronique, invraisemblable historiquement et socialement, mais le groupe fonctionne avec une belle alchimie. On regrettera juste que Chris Pratt soit un peu trop blagueur au point d’être frais comme un gardon et plaisantin même à l’article de la mort.

« Je voulais pas le tuer. Fallait juste qu’il touche pas à mes colts »

Ainsi Denzel Washington en héros qui tire plus vite que son ombre (ça lui va si bien), cela aurait été impossible pour la version originale de 1960. Disons que les mentalités ont changé depuis que Will Smith a joué aux cow-boys dans Wild Wild West ou que Jaimie Foxx fouettait du blanc dans Django. Denzel c’est la diva que le cinéaste « tease » à souhait pour son entrée en scène : classe, le visage caché, la silhouette impressionnante, le ton posé…
Bouffée de fraîcheur également au niveau féminin, car si la première version plaçait la femme comme une pleurnicharde, la version d'Antoine Fuqua, en fait une battante qui tire très bien au fusil et n’a pas besoin qu’on la drague. L’exercice de tir entre Haley Bennett (La Fille du train) et de Chris Pratt offre une scène de rivalité et non de séduction.

»- Joli …enfin je veux dire bien tiré !
- Mon père m’a appris !
- Moi je n’ai pas eu de père
(il tire comme un jeune homme voulant récupérer sa virilité devant une demoiselle) mmmh…Oh mon Dieu mais qu’est-ce que je suis bon ! »

Subrepticement, Fuqua casse les stéréotypes des Westerns spaghettis. Les mâles se battent aux côtés des femmes sans les mettre dans leur lit.

Côté action, les fans du genre ne sont pas déçus. Colt, couteaux, sang, baston, dynamites et blagues à tout va, le film diverti ce qu’il faut, avec ses vannes pour ados mais sans que la caméra ne parte dans tous les sens ni que le montage ne donne l’impression d’être épileptique. Les paysages un peu désaturés sont envahissants. Les visages sont mis en relief par u travail intéressant de la lumière. Il y a même la musique de James Horner qui nous titille avec ses habituelles répétitions (et celle du film de 1960 qui nous comble de plaisir au générique final). Bien sûr, tout cela n’a pas beaucoup de profondeur, la morale est assez chrétienne, et le méchant qu’il faut dézinguer est un véritable psychopathe. C’est l’injustice incarnée. Forcément, même des hors-la-Loi comme nos mercenaires paraissent très sympathiques. Pour le final, évidemment, il y aura un jeu de massacre, parfois un peu confus, mais en tout cas assez équitable (des héros meurent, des innocents crèvent).

les gardiens de l’Ouest

Là où Fuqua ne s’en sort pas trop mal c’est avec la tension, dont il maîtrise bien les variations. Mais, sur la psychologie des personnages, leurs traumas, leurs obsessions, le scénario affaiblit ce qui aurait pu être un peu plus dense qu’un simple règlement de compte entre des Incorruptibles / Avengers du siècle dernier et un Dark Vador nihiliste. Ce même script, trop formaté ne surprend finalement que par le sacrifice d’une partie des Mercenaires, qui ne sont pas invincibles.
Mais ne boudons pas notre plaisir : une bonne histoire avec un casting attachant et une mise en scène sans esbroufe (et sans originalité, certes), ce n’est plus si courant à Hollywood. Pour une fois qu’une bonne vieille recette fait encore recette, on ne va pas se plaindre. Ici nul super-héros, nul effets spéciaux. Juste du soleil, du sable, des flingues, des bons, une brute et une belle tuerie de masse.
 
Cynthia

 
 
 
 

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