Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Ma révolution


France / 2015

03.08.2016
 



LE "BEAU GOSSE"





«- On va pas acheter des magazines de pervers avec des mecs qui se maquillent en filles!»

Il y a deux révolutions dans ce premier film de Ramzi Ben Sliman : celle du Printemps arabe qui s’empare de la Tunisie, en effervescence, et celle de l’adolescence qui envahit Marwann (Samuel Vincent), fébrile. La grande et la petite révolution composent ainsi les souvenirs de jeunesse d’un gamin parisien, errant entre la Place Clichy et le Cent-quatre, les kebabs et le collège. Les circonstances vont en faire une figure de proue, « un fer de lance », de la révolution tunisienne au sein de sa famille et de ses camarades de classe. La une de Libé et sa vie bascule. La belle Sygrid tombe amoureuse de lui, gamin normal qui oscille entre tchatche et joints, queutard dans sa tête et timide dans le réel.

Ma révolution est tout à fait convaincant lorsqu’il s’agit de dépeindre cet âge des possibles, où les pompes sont aussi importantes que la réputation. Quand on a 15 ans, on a un avis tranché sur les hommes qui se maquillent et on essaye d’épater les filles en répétant le paternel avec une phrase qui impressionne. Marwann est un héros malgré lui, qui va pécho en profitant d’un air parfumé au jasmin.

Malheureusement, il n’est pas vraiment maître de son destin. Et le film, comme s’il était bipolaire, ajoute aux petits bonheurs et aux petits malheurs de l’ado, une dimension plus politique. Les parents, partagés entre la sécurité en France et le désir de participer aux événements tunisiens, écartelés entre le pays d’origine et celui du quotidien, vont bousculer la vie tranquille de Marwann. Aussi intéressante soit-elle, cette dialectique contradictoire est plus convenue et moins passionnante, jusqu’à l’arrivée en Tunisie où un rap désenchanté sonne déjà la fin de la récréation.

Alors que le printemps arabe amène vite les doutes et refroidit les envies de soulèvement démocratique, la mue du collégien s’achève sur une affirmation à la fois identitaire et individuelle. Laissant les grands se chamailler autour d’un combat qui lui échappe, il court vers ses propres rêves : Paris, Sygrid et ses potes.

Naturaliste, drôle, parfois franchement caustique, romantique, entre Desplechin et Sattouf, Truffaut et Djaidani, le film est une jolie chronique où les années de braise sont ensevelies par les années de baise, où la grande Histoire ne comptera jamais autant que nos petites histoires. On est alors très loin du discours ambiant sur la double nationalité et l’intégration… En cela, c’est réjouissant.
 
vincy

 
 
 
 

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