Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La Couleur de la victoire (Race)


USA / 2015

27.07.2016
 



WHO RUN THE WORLD ? JESSE OWENS !





"Le peuple américain a besoin de champions… pour lui rappeler ce dont il est capable."

Recordman du 100m, 200m, relais 4x100m et du saut en longueur, il était plus que temps que l'athlète américain Jesse Owens ait droit à son biopic. Avec La Couleur de la victoire, Stephen Hopkins réalise un film profond, une petite histoire dans la grande Histoire.

Entre ségrégation et extermination

En 1934, le jeune Jesse Owens intègre l'université blanche de l'Ohio, juste après la promulgation des lois ségrégationnistes de Jim Crow. Jesse y rencontre Larry Snyder, un entraîneur qui ne regarde pas la couleur de peau des membres de son équipe, mais seulement leurs performances. Ensemble, ils se donnent pour objectif les Jeux olympiques d'été de 1936 de Berlin. Mais, alors que discrimination et ségrégation sont monnaie courante, aux Etats-Unis, Jesse Owens pourrait bien ébranler la machine propagandiste et raciste de l'Allemagne grâce à ses exploits…

Certes un peu prévisible, le scénario de Joe Schrapnel et Anna Waterhouse vaut le détour par les parallèles qu'il crée avec l'Amérique actuelle. En effet, tandis que le mouvement Black Lives Matter continue de prendre de l'ampleur en pleine campagne présidentielle, La Couleur de la victoire porte un constat cinglant : les Etats-Unis n'ont peut-être pas tant évolué que cela. Ou du moins, le pays n'avance pas aussi vite que nous pourrions l'imaginer. Héros national noir, Jesse Owens fait aujourd'hui partie de l'histoire du pays et du sport mondial. Mais comme le précisent si bien les cartons du film, le destin de ce petit-fils d'esclave aurait pu être tout autre.

Sans jamais porter de jugement sur la politique allemande, La Couleur de la victoire met en avant les manœuvres politiques entreprises par quelques hommes et leurs conséquences sur toute une nation - et sur le monde entier s'il faut regarder au-delà. Repéré par la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People), Jesse Owens est rapidement devenu l'espoir de toute une communauté. Celle-là même qui, comme le suggère le film, s'est reconnue dans ce peuple opprimé qu'étaient les juifs d'Europe dans les années 1930. En laissant une grande place à la question raciale sans en faire un moratoire, le film de Stephen Hopkins est à même de faire réfléchir n'importe quel spectateur.

Une histoire romancée pour nuancer

Porté par Stephan James (Selma), La Couleur de la victoire devrait parler à toute une génération qui souhaite s'en sortir et faire mieux que ses aînés dans un monde que l'on dit être civilisé. Anormalement crédible, le duo que Stephan James forme avec Jason Sudeikis est on ne peut plus touchant. Ce père et ce fils d'un autre temps sont certes un topo typique des films sportifs mais n'en demeurent pas moins un très bel atout. Notamment lors de ces scènes où la différence de couleur de peau remonte à la surface ! Avec Jeremy Irons (Batman v Superman), l'oscarisé William Hurt et Carice van Houten (Game of Thrones), le film de Stephen Hopkins s'offre un superbe casting qui ajoute une couleur chic à l'ensemble. Mais encore une fois, Stephan James est la star discrète dont le film avait besoin.

Et cela parce que le comédien de 22 ans incarne à merveille l'un des athlètes noirs les plus notoires. Subtil et réfléchi, son jeu d'acteur est à n'en pas douter l'une des réussites de La Couleur de la victoire. Sa naïveté nous touche quand sa détermination nous ravit. Et parce qu'il s'agit d'un drame, Stephan James apporte l'émotion nécessaire durant les scènes dramatiques, quand les flashes se sont arrêtés et qu'il n'est pas submergé par les écrans verts qui ont servi à reconstituer les différents stades d'Ohio et d'Allemagne. Bref, Stephan James s'en sort parfaitement bien lorsque la tension est certaine, qu'il est à deux doigts de rencontrer Hitler (!) ou de perdre une médaille d'or.

Petit roller-coaster émotionnel, La Couleur de la victoire possède tout ce qui fait les grands drames sportifs. De l'action, pas mal de ralentis, des plans à 360°, des personnages secondaires crédibles, une intrigue claire et efficace, une bande son pêchue, un dénouement attendu mais redouté et un acteur principal charismatique ! Sans parler de chef-d'œuvre, force est de reconnaître que le nouveau film de Stephen Hopkins pourrait bien vous donner envie de vous mettre à l'athlétisme ! Ou en tout cas de regarder les performances olympiques contemporaines...
 
wyzman

 
 
 
 

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