Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Sur quel pied danser


France / 2016

06.07.2016
 



PRÊT-A-RÊVER





"Les coutures ne lâcheront pas. "

Il n’y a pas beaucoup de place pour le rêve et la fantaisie dans l’existence de Julie, une jeune femme qui va de petit boulot en petit boulot en cherchant désespérément un emploi stable et durable. Les réalisateurs Paul Calori et Kostia Testut ont pourtant décidé de transcender cette réalité sociale morose et ô combien réaliste dans une comédie musicale charmante et joyeusement foutraque qui force la sympathie. Le plus difficile est peut-être d’adhérer à l’univers musical du film qui mêle des styles et des personnalités diverses (les réalisateurs ont fait appel à plusieurs compositeurs et paroliers qui vont d’Olivia Ruiz à Clarika, en passant par Albin de la Simone ou Polo Pierre Lamy), créant forcément un ressenti inégal d’une séquence à l’autre.

Chacun apporte en effet son univers personnel, qui fonctionne plus ou moins bien dans le contexte (et en fonction des goûts). Ainsi, comme dans toute comédie musicale, certaines scènes sortent du lot, et l’on préfère un peu subjectivement la Révolte des ouvrières, la Bossa du big boss et surtout la chanson L’insoumise et le ballet de l’affrontement dans l’entrepôt à d’autres passages plus "premier degré". Quoi qu’il en soit, on apprécie la démarche de Calori et Testut qui n’ont pas peur d’essayer d’autres modes et d’autres tons pour parler des réalités sociales de l’époque.

Le genre de la comédie musicale permet d'ailleurs de se détacher immédiatement du réalisme à tout prix (y compris dans les modalités et le résultat de la lutte sociale) pour aller vers une tonalité plus utopique, plus fantasmée, qui offre plus de libertés au récit. Sur quel pied danser peut donc aborder le drame des délocalisations (en s’appuyant qui plus est sur le cas réel de l’industrie de la chaussure de luxe à Romans) tout en ménageant une indispensable part de fiction, de rêve et d’espoir. De cette manière, il peut s’extraire in extremis du constat morose ambiant pour offrir à son héroïne une porte de sortie vers une existence que l’on espère moins étriquée.

Même si le Happy end sentimental est particulièrement tiré par les cheveux (voire contestable, tant on ne croit jamais à ce couple de cinéma), il propose une vision optimiste bienvenue, qui n’empêche ni la dureté du constat social (derrière les danses et les chants, la violence des licenciements et de la précarité est bien présent), ni l’hommage sincère aux ouvriers de tous les domaines, à leur savoir-faire et au goût du travail bien fait. On ne peut que se réjouir de cette tentative de réenchanter le cinéma social sans rien lui ôter de sa force.
 
MpM

 
 
 
 

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