Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Métabolisme ou quand le soir tombe sur Bucarest (Când se lasa seara peste Bucuresti sau metabolism)


/ 2013

16.04.2014
 



A L’EST (DE BUCAREST), RIEN DE NOUVEAU





"Cela pouvait être un moment vrai."

C'est l'histoire, plus organique que factuelle, d'un réalisateur qui doute et d'un tournage qui chavire. Construit autour d’une succession de plans séquences épurés, Métabolisme semble ausculter l’état d’esprit de son personnage principal jusque dans ses manifestations les plus corporelles, en témoigne cette longue séquence d'endoscopie où la caméra pénètre au sens propre à l'intérieur du personnage, scrutant son intimité la plus crue avec à la fois une bonne dose d’humour noir et des relents d’inquisition paranoïaque.

Plus attaché aux creux et aux temps morts de son récit qu’à une intrigue spectaculaire, Corneliu Porumboiu garde le reste du temps ses distances avec les personnages, qu’il filme toujours de loin, voire de dos, lancés dans des conversations qui peuvent sembler oiseuses, mais déplacent en réalité toujours l’attention du spectateur sur des anecdotes en forme de paraboles qui éclairent le film.

Ainsi, le personnage principal est obsédé par la manière dont les outils conditionnent la création : la durée des bobines de pellicule pour ce qui est du cinéma, et les couverts (fourchette ou baguette) pour ce qui est de la cuisine. Il se lance à ce sujet dans de longues explications obstinées qui prennent le risque de perdre le spectateur en route. Pourtant, dans la situation où se trouve le personnage (en plein tournage mais aussi en pleine aventure avec l’une des actrices du film, et en même temps face à des problèmes de santé qui mettent en péril tout le projet), on peut comprendre cette sensation que tout ce que l’on fait est a priori déjà conditionné par des éléments extérieurs. Mais que se passe-t-il si l’on essaye de transgresser ces cadres implicites ?

Plusieurs séquences viennent illustrer cette tentation, notamment lorsque le personnage décide de réécrire une partie de son film pour le faire coller à ce qu’il vit dans l’instant présent, et donc à cette histoire d’amour fugace avec son actrice. Les répétitions extrêmement factuelles ("je fais ceci, je me déplace là") ont elles-aussi quelque chose de fastidieux, et à la fois d’étrangement introspectif, comme si l’on voyait tout à coup le travail de cinéaste se dérouler sous nos yeux.

Dans la droite ligne d’un cinéma roumain qui ose tordre, déconstruire et décortiquer ses intrigues pour mettre au jour l’essence d’un cinéma du ressenti plus que de l’explication, Corneliu Porumboiu poursuit ainsi son chemin de cinéaste "des coulisses", soucieux de retranscrire à l’écran la complexité d’un monde fait de mille détails étroitement connectés entre eux, comme dans un micro-organisme des plus sophistiqués.
 
MpM

 
 
 
 

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