Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 20

 
Melaza


/ 2012

16.04.2014
 



SANS SUCRE

Le livre Bye Bye Bahia



"On doit rester unis"

C’est avant tout une histoire d’amour lumineuse entre un homme et une femme qui font ce qu’ils peuvent pour avoir leur part de bonheur. Elle travaille dans une usine désaffectée qui tombe en ruine, lui apprend à nager aux enfants du village dans une piscine vide. Mais malgré l’absurdité de leur quotidien, les deux amants s’en sortent avec légèreté et humour. Jusqu’au jour où l’obstacle de trop en vient à menacer l’équilibre fragile de leur existence.

Carlos Lechuga filme ses personnages avec douceur dans de vastes plans fixes qui les magnifient. Très beaux, et même élégants, les deux acteurs sont à mille lieux des clichés sur la pauvreté. Pourtant, dans des scènes très courtes, réduites à un ou deux plans furtifs, et où l’image prend le pas sur le dialogue, leur détresse financière transparaît cruellement. De même, le contexte social dans lequel ils évoluent est brossé à petites touches à travers des détails : la propagande débitée d’une voix enjouée par la radio d’état, les piles de journaux que personne ne lit, les magasins vides… Même les autorités locales, filmées à distance, sans point de vue apparent, apparaissent dans toute leur splendeur obstinée et irrationnelle. A Cuba, on peut ainsi être condamné à dix ou vingt ans de prison pour avoir vendu de la viande sous le manteau.

Toutefois, le réalisateur ne questionne pas cette réalité qui est comme une donnée brute avec laquelle doivent composer les personnages comme les spectateurs. Il préfère l’observation presque impartiale à la critique ouverte d’un système dont le spectateur est parfaitement capable de voir par lui-même qu’il tourne à vide. Le film se concentre alors sur la manière dont les protagonistes se battent pour s’en sortir, quitte à renoncer à ce qui faisait jusque-là leur identité. Toujours sans jugement de valeur, Carlos Lechuga montre des êtres impuissants, pris dans la toile d’injustices presque banales et ordinaires. Ici, il n’y a pas de "méchant", personne à blâmer pour ce qui arrive. Juste la vie qui est comme ça. Et si Aldo et Monica en viennent à se renier eux-mêmes, à tricher et à mentir, eux non plus ne sont pas coupables. A peine victimes d’un système qui ne broie personne en particulier, mais tout le monde collectivement, comme sans le vouloir.

Paradoxalement, c’est malgré tout sur une sensation d’espoir que se clôt le film. Pas de happy end mièvre ou de Deus ex machina pour sauver le couple, mais une impression légère d’apaisement, d’accalmie passagère. Une dernière séquence mi-ironique, mi-bouleversante, où l’on sent que la vie continue, tout simplement.
 
MpM

 
 
 
 

haut