Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 19

 
L'étrange petit chat (Das merkwürdige Kätzchen)


Allemagne / 2013

02.04.2014
 



CHAT PITRE





"- Qu’est-ce qu’il fait, le chien ?
- Il écoute le chat ronronner tout en grognant. Parfois, il est tellement ému qu’il en aboie de joie.
"

Pour son premier long métrage, le jeune réalisateur allemand Ramon Zürcher assume le minimalisme de son récit, moins porté par une intrigue précise que par les interactions entre ses personnages à l’occasion d’une situation éminemment banale. Contraint par l’unité de temps et de lieu qu’il s’est lui-même fixée, l’ambitieux cinéaste fait de l’appartement principal, et notamment de sa cuisine, un lieu sournois où tout peut arriver à tout moment. La tension qui monte au fil des scènes est d’autant plus insidieuse que la construction narrative gomme tout ce qui n’est pas quotidien. On est face à des personnages qui échangent des propos de tous les jours, se racontent des anecdotes sans intérêt et, surtout, se croisent et se frôlent dans la géographie complexe du lieu. C’est pour le spectateur comme observer le ballet incessant d’une ruche, articulé autour de deux principes en apparence opposé, d’une part le mouvement des protagonistes, de l’autre l’immobilité du plan. La caméra, et donc le spectateur, semble en effet un observateur extérieur dont le champ de vision est perpétuellement troublé par les personnages en mouvement du film. Filmés de trop près, ou coupés en deux par le cadre, ces derniers sont comme morcelés, démembrés par une mise en scène qui recherche à tout prix l’effet de déformation. Jusqu’à la stylisation de l’image qui les fait évoluer dans un décor aux couleurs artificiellement passées et dont les contours sont à moitié flous du fait de la faible profondeur de champ.

Dans ce film de pure atmosphère, le surnaturel semble parfois s’inviter, notamment par le biais des objets et des animaux qui semblent tous "débloquer" à leur manière : une bouteille qui danse sur elle-même comme un derviche tourneur, une saucisse qui refuse de se laisser découper, un chien qui aime regarder un chat ronronner… Le malaise est de plus en plus palpable, diffus, envahissant, et pourtant difficilement explicable par l’unique diégèse. Plus qu’une cause définie, ce sont mille petits détails apparemment sans importance qui créent cette ambiance encore plus étrange que le « petit chat » du titre. Le son, notamment, semble mener un récit parallèle à travers les insupportables cris stridents de la fille de la maison, les aboiements réprimés du chien, les vociférations du mixeur. Les mots eux-aussi portent leur lourd lot d’incongruité, lorsqu’ils dépassent la pensée de celui qui parle, ou se heurtent violemment à l’indifférence ou à l’hostilité de celui qui écoute. Entre effroi silencieux et incommunicabilité policée, l’étrange petit chat laisse alors place à la bizarrerie commune de l'être humain.
 
MpM

 
 
 
 

haut