Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Leave It on the Floor


USA / 2013

07.08.2013
 



VOGUE TO THE MUSIC





Ce pourrait être un documentaire, à peine « fictionné ». Mais Leave It On The Floor est avant tout un mélo musical, comme il y a des comédies ou drames musicaux. Les chansons traduisent les sentiments, les ambitions, les rêves (illusoires) de chacun. La détresse des uns, la tristesse des autres sont évacués lorsque les lumières s’allument sur le podium et qu’ils y défilent pour danser le voguing.

Le voguing c’est, en quelques mots, la danse que l’on peut voir dans l’ancestral clip de Madonna, Vogue. Un mix de glamour côté mode et maquillage, de travestissement ou de costumes de fêtes, de danse urbaine, et surtout de posture (« strike a pose »). De la diva à la sex bomb, l’important c’est l’allure.

A la manière d’un Sexy DanceGlee version longue et moins aseptisée, la battle reste le fil conducteur du film. De ce point de vue là, le film emballe, malgré ses faibles moyens : les morceaux sont soignés, les chorégraphies captivantes. De quoi taper du pieds, et avoir envie de bouger le postérieur, essayer quelques déhanchés et fredonner les chansons.

Dommage que les scénaristes n’aient pas été aussi inventif sur les imbroglios romantiques entre les personnages principaux : le récit est digne d’un simple soap de l’après midi. C’est d’autant plus regrettable que les personnages – homos virils ou efféminés, trans, trav, jusqu’à ce Shawn qui se croit enceinte et se fait appeler Eppie Durale (ça ne s’invente pas) – inspirent tous de l’empathie, malgré leurs névroses, leur blues, leurs gros défauts…

C’est en fait l’arrière plan et le sujet qui permettent au film d’être plus intéressant qu’il n’en a l’air. En évoquant l’homosexualité parmi les blacks de South Central (plus connu pour son extrême violence urbaine), Leave It On The Floor évoque l’exclusion des gays : famille, société, église… tout ce qui fait le fondement de la civilisation américaine les rejette. C’est résumé en une séquence d’enterrement où l’incompréhension des uns marginalise un peu plus les autres, quitte à provoquer des suicides ou les emprisonner dans leurs propres névroses. Le voguing est alors un défouloir, et ces exclus se reconstruisent en fondant leur famille, où, paradoxalement, l’altérité n’est pas non plus la bienvenue.

Bien entendu le film ne transcende en rien son propos, c’est tout le problème. Le pessimisme qu’il dégage, le fait que le jeune (et beau) Brad ne soit pas facilement accepté par des gens qui pourtant souffre comme lui des mêmes symptômes, l’impossible réconciliation avec les géniteurs, l’aveuglement des croyants… tout cela laisse un goût amer une fois les paillettes tombées au sol.
 
vincy

 
 
 
 

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