Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Pas très normales activités


France / 2013

30.01.2013
 



LA MAISON DE LA PEUR, UNE COMEDIE FAMILIALE SANS ENFANTS





«- Ça fait pitié de lire une notice!»

Au moins reconnaîtra-t-on à Maurice Barthélemy de casser les codes de la comédie française, celle qui envahit les écrans semaines après semaine avec des gros cachets en tête d’affiche, des scénarios prévisibles, une réalisation sans audace ou des vedettes "drôles" du petit écran. Lui a décidé de bousculer un peu le genre : deux jeunes acteurs inconnus, une histoire barrée, une mise en scène risquée, et une star du web.

Pas très normales activités n’est sans doute pas la comédie de l’année, mais elle a tout du petit film culte, surtout durant sa première partie. C’est frais, drôle, déjanté, insensé même. En reprenant la formule des Paranormal Activity, c’est-à-dire des caméras omniprésentes, un cinéma subjectif tourné par les comédiens (avec un smartphone), des phénomènes paranormaux (les légendes de la Creuse fournissent la matière) et une crise de paranoïa aiguë au sein d’un couple récemment installé dans une grande baraque isolée, l’ex-Robin des Bois, flirtant avec l’esprit des Nuls, mélange les genres : le délire et le surnaturel.

Le style est singulier, et pas déplaisant. Il permet de renforcer un humour parfois vacillant, sauvé par des situations cocasses ou absurdes quand les dialogues sont un peu paresseux («- C’est qui Malraux et Jean Moulin ? - Des lycées techniques »). Pas très normales activités doit aussi beaucoup à ses comédiens. Stefi Celma, belle et rebelle, que tout ne fait pas rire, Rufus, toujours nickel, Maurice Barthélemy, obsédé sexuel pervers pas très net, et bien entendu Norman Thavaud qui fait le gros du boulot. Cette vedette « paranorman » de YouTube insuffle son bagout et sa dérision de « loser » ou d’ado immature qu’on voit davantage dans les comédies US (style Judd Apatow). Le réalisateur a trouvé en lui son jeune alter ego, pas trop beau, amusant sans le vouloir, un peu soumis, assez lâche, et même peureux. Clairement « il a l’inspi » pour le personnage, qu’il se moque de lui-même, de la campagne française, « là où on ne trouve pas de quinoa », ou de l’intégrisme bio de sa copine.

Créatifs, ludiques, amoureux, le couple se divertit à sa façon, déconnecté du monde. Leur imagination fait le reste. Jusqu’à combler l’ennui ou tenter d’oublier les galères de la vie dans les champs par une histoire abracadabrante de cochons fantômes. Ce n’est pas le tout de se filmer en permanence pour laisser une trace, un souvenir, ou tout simplement s’amuser (à défaut de pouvoir niquer), il faut inventer des histoires à dormir debout pour ne pas dormir beaucoup. « Y a des cochons dans la chambre » et des joints qui tournent et on se demande si ce n’est pas lié.

C’est farfelu et décalé, loufoque même, parfois très inspiré. Et puis, hélas, c’est également de temps en temps assez naze. Le film est inégal. La partie surnaturelle contraint à des temps morts, des scènes plus cinématographiques mais plus fades. Dès que le duo n’est plus seul au monde, l’intérêt se dissipe. Quand cette histoire de zombies porcins prend le dessus sur les mystères et les énigmes d’une vieille maison hantée par son passé, le spectateur décroche un peu. Le narcissisme du couple, qui offre les meilleurs moments, s’évapore au profit d’une intrigue trop basique pour nous emporter dans du grand n’importe quoi.

Pas de quoi avoir « un Oscar à Cannes » donc, mais de quoi se réjouir et se faire plaisir avec cette comédie où la jeunesse prend le pouvoir et le cinéma français un bain de jouvence. Avec La bande des Jotas de Marjane Satrapi, Pas très normales activités prouve que l’on peut réaliser des films différents, à petits budgets, efficaces et divertissants, grâce à une écriture plus libre et moins dictée par le format télévisuel de ces dernières années. Un retour à la comédie de série B, celle qu’on aime voir et revoir pour ses dialogues ou ses gags ? Espérons-le !
 
vincy

 
 
 
 

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