Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La nuit nomade


France /

04.04.2012
 



La nuit nomade est un voyage vers un ailleurs perché à plus de 4 000 mètres d’altitude, sur les hauts plateaux de la chaîne himalayenne. En bon documentariste, Marianne Chaud laisse le temps au temps et se refuse à tout didactisme ethnocentré sur les raisons qui poussent aujourd’hui les derniers bergers nomades du Karnak (province indienne du Ladakh) à migrer vers la ville. Au contraire, elle pose son regard d’ethnologue passionné sur ces visages marqués par la répétition des transhumances annuelles. De fait, le territoire impose sa loi, son rythme et sa cruelle vérité aux familles qui composent encore cette communauté éprise de liberté.





L’objectif de Marianne Chaud consiste à façonner un espace d’échange dans cet espace de vie bientôt compté. Sa maîtrise de la langue facilite grandement cette incursion dans l’intime d’un quotidien exigeant. À tel point que les langues se délient assez naturellement. Il n’en faut pas plus pour que la cinéaste nous « croque » ces bergers des hauts plateaux tour à tour drôles, désabusés, fiers, généreux, philosophes.

Par l’entremise d’une caméra discrète à même de saisir les enjeux humains qui se nouent, la question du choix comme cas de conscience se dessine jusqu’à hanter le documentaire. En effet, au-delà de l’impératif économique qui oblige les familles nomades à revendre leur troupeau au boucher local pour avoir la possibilité de descendre vers la ville, c’est bien le rapport douloureux à la terre et à cette vie quotidienne à 4 500 mètres d’altitude qui est abordé. Pour ceux qui restent, point de salut. Ni de fausses illusions.

L’opposition bon enfant entre le père Tundup, qui n’arrive pas à se faire à l’idée d’abandonner sa vie de toujours, et le fils Kenrep, attiré par l’expérience citadine, exemple admirablement le seul choix qui subsiste : Rester ou partir. La liberté n’a pas de prix. La singularité non plus. Les éleveurs, d’une lucidité frappante, l’ont que trop compris. Et pourtant, chaque année, ce sont des familles entières qui décident de quitter la montagne.

Marianne Chaud a réussi son pari en nous parlant avec légèreté d’un sujet grave : la disparition d’une culture. Elle signe aussi un documentaire dépaysant, reflet d’un monde multiple qui n’a de cesse de mourir pour mieux ressusciter.
 
geoffroy

 
 
 
 

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