Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Une vie meilleure


France / 2011

04.01.2012
 



UN DESTIN EN HIVER





«- Tu crois qu’on peut vivre avec 100 euros ? »

Cédric Kahn a voulu sans doute raconter trop d’histoires en un seul film. Cette envie produit un résultat à la fois intéressant et frustrant. Toujours à l’aise pour décrire des personnages au bord de la rupture (psychologique, physique, émotionnelle, sociale), il n’a pas su, cependant, faire la synthèse pour nous emporter vers une belle histoire d’amour, ponctuée de drames presque tragiques.

Une vie meilleure a, heureusement, des beaux moments de fulgurance. Dans cette surabondance de messages signifiants, le cinéaste et scénariste n’a pas oublié la veine néo-réaliste qu’il affectionne tant. La description de la France précaire, entre surendettement et marché de l’emploi bloqué par des schémas d’un autre temps, sonne ainsi très juste. Une France paralysée par son système, qui fonctionne cependant très bien grâce à la compétence de ses artisans. De l’assistante sociale au banquier, des collègues au créancier, tout le monde fait bien son boulot.
Mais cette France grise et hivernale refroidit tous les plus beaux rêves, et congèlent ceux qui aspirent à une liberté. Appartements insalubres, boulots mal payés, tout contribue à rendre la vie pourrie. Même avec la volonté de travailler plus (et bien), il n’y a personne pour aider ou renvoyer l’ascenseur.
Cette partie du film, sans être originale, est bien amenée. On n’en dirait pas autant du trio principal : le mec, la fille et son fils. Guillaume Canet trouve ici l’un de ses plus beaux personnages en tant que comédien. Il l’habite réellement. Sa détermination, sa force, son désespoir sont parfaitement rendus. Hélas, Kahn n’a pas su écrire ses deux relations : celle avec Leïla Bekhti, qui, par son charme et son talent, réussit à imposer un beau duo équilibrer dans la première partie du film, et celui avec le fils de celle-ci, Slimane. La première relation disparaît brutalement au bout d’une demi heure, pour revenir vers la fin. La disparition est un bon outil pour créer une tension, un mystère, mais une fois l’énigme résolue, le spectateur est déçu. Tout ça pour ça. La jeune actrice méritait sans doute mieux tant elle irradie les scènes où elle est présente. Quant à la relation avec le gamin, aussi intéressante soit-elle d’un point de vue humain, elle n’offre que peu d’intérêts tant le pré-ado est inexpressif.

Il reste des petits instants de bonheur – la lumière est légèrement plus vivre – et la force d’un destin qui pousse un honnête célibataire un peu macho à prendre sous son aile un gamin et à voler les escrocs pour s’offrir une vie ailleurs.
Le piège que tend Kahn à son personnage est cinématographiquement similaire à celui dans lequel le cinéaste plongeait Roberto Succo : un merdier fatal. Une fuite en avant. Le suspens, hélas, s’installe difficilement au milieu de toutes ces histoires, ces drames un peu complaisants pour souligner toute cette misère infernale.
Finalement assez pessimiste pour la société française, le film offre quand même une bouffée d’air frais à ce trio abîmé par la vie.
 
vincy

 
 
 
 

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