Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Black Blood


Chine / 2011

23.11.2011
 



SANG PITIE





"Plus on boit, plus on a de sang à vendre, c'est comme ça."

De longs plans fixes minimalistes, des scènes répétitives jusqu'à la nausée, des dialogues réduits à presque rien... Black blood est un film exigent et radical, difficile à appréhender, et parfois à la limite du supportable. Pourtant, cette façade éprouvante dissimule une œuvre somptueuse et déchirante, qui donne de la Chine actuelle une vision bouleversante et tragique. Dans cette campagne désolée, où les personnages semblent être seuls au monde, la seule perspective de survie passe par la vente de sang humain, comme dans une parabole écœurante où la société vampiriserait ses membres au sens propre.

Derrière l'horreur d'une situation révoltante, Miaoyan Zhang tacle l'incohérence d'un régime qui tente de plaquer ses valeurs ultra-capitalistes (posséder sa propre entreprise, adopter les normes en cours à la capitale...) sur des campagnes privées de tout. La propagande incessante de la radio (qui vante le progrès social permis par la révolution, l'amélioration des conditions sanitaires ou encore la chute de la pauvreté) contraste ainsi violemment avec le quotidien miséreux du jeune couple. Même leur modeste rêve de vie meilleure (un petit troupeau de moutons, un costume trois pièces...) semble un mirage impossible et délétère.

Cette vente de sang devient alors le symbole de générations sacrifiées sur l'autel de l'économie et du mensonge. Un sacrifice éternellement renouvelé (les "donneurs" deviennent des junkies incapables de s'arrêter, quitte à mourir à petit feu) qui touche les corps, mais aussi les esprits (opposé à la participation de son épouse, le personnage masculin finit par l'obliger à donner à son tour), et au final la société dans sa globalité. Aucune entraide n'est alors plus possible, et la seule issue est la mort, volontaire ou provoquée.

Il fallait ce long chant désespéré pour capter toute la complexité d'une situation qui échappe à toute statistique, et donc à toute action de prévention. Avec ce film glaçant et envoûtant, Miaoyan Zhang va bien a-delà d'un cinéma social et engagé, il réalise une œuvre politique indispensable et salutaire.
 
MpM

 
 
 
 

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