Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Ma part du gâteau


France / 2010

16.03.2011
 



RIENS DU TOUT





"Moins on se parle, mieux c'est."

Cédric Klapisch revient à ses premières amours, la comédie sociale, en réalisant un film engagé et particulièrement ancré dans l'actualité. Jusque dans son titre, Ma part du gâteau est une fable ironico-tragique qui met en scène des personnages archétypaux. D'un côté l'ouvrière issue d'un milieu modeste et de l'autre le trader richissime, comme des versions moderne et trash du prince et de la bergère.

Ce qui est curieux, c'est que tout a beau être construit de manière à ce que l'on voit très vite où le film veut nous mener, on est malgré tout surpris par les chemins qu'il emprunte. Ainsi, chaque fois que l'intrigue se laisse gagner par le drame, la légèreté survient de façon inattendue. Puis si c'est la farce qui l'emporte, très vite, la réalité resurgit brusquement, froide et brutale.

Ainsi donc, le scénario s'empare de l'actualité (les fermetures d'usine, le poids de la bourse), la place sous un miroir grossissant et joue avec ses plus gros clichés. Prenez par exemple le personnage de Gilles Lelouche : le parfait prototype du trader cynique et odieux. Même lorsqu'il prend conscience de la vacuité de son existence, ou de la solitude dorée à laquelle il est condamné, cela ne le rend ni plus sympathique, ni même plus humain. Au contraire, c'est un pantin sans âme qui accepte pleinement sa condition. Sa fragilité passagère est feinte puisque quoi qu'il arrive, il a systématiquement la force (de l'argent et du droit) pour lui. C'est un homme qui arrive toujours à ses fins, quels que soient les moyens employés.

Face à lui, l'ouvrière-femme de ménage (formidable Karin Viard) ne manque pas de bagout, mais elle est surtout naïve et désarmée devant les codes d'un milieu dont elle ignore tout. Alors elle joue des rôles : celui de la réfugiée, de la call girl ou même de la bourgeoise. Histoire de changer de vie l'espace d'une soirée. Entre ces deux personnages, on attend une conciliation, le rapprochement symbolique de deux univers parallèles et hermétiques, et l'on se retrouve au final avec un conte de fées pessimiste, parce qu'impossible.

Le constat est sombre et sans appel : tous les personnages sont des marionnettes à qui l'on fait jouer un rôle écrit d'avance. Les deux protagonistes sont conditionnés pour être comme ils sont, et aucun des deux ne peut se soustraire à son destin. Pessimiste, bien sûr, mais aussi assez naïf, à l'image du scénario et de l'intrigue. On est même frappé par cette naïveté assumée, cette volonté de forcer le trait en permanence, comme si l'on était tantôt dans une comédie musicale acidulée, tantôt dans un mélodrame flamboyant. Cela donne des séquences qui s'avèrent drôles ou ridicules, sans que l'on sache vraiment si c'est volontaire ou non. Ainsi cette improbable escapade vénitienne, ou la crise de mélancolie du grand patron trop gâté. Alors on rit, comme pour ne pas pleurer.

C'est pour cela qu'au final, Ma part du gâteau divise : à la fois inégal, imparfait et assez foutraque, il impose par moments un sursaut de charme, un éclair d'audace, une fulgurance ironique ou douce amère qui le rendent avant tout foncièrement sympathique.
 
MpM

 
 
 
 

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