Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Harry Potter et les Reliques de la Mort, 1e partie (Harry Potter and the Deathly Hallows)


/ 2010

24.11.2010
 



LE SACRE DU PRINCE HARRY ATTENDRA

«- C’est ici que je suis né, je ne reviens pas incognito. »





Un héritage lourd à porter
Fallait-il diviser ce chapitre final d’Harry Potter en deux parties ? La réponse ne viendra qu’en juillet. Mais il faudra que cette deuxième partie soit à la hauteur des attentes pour que l’on en soit convaincu. En coupant au 22e chapitre, c’est-à-dire un peu après la moitié du livre, la première partie du film frustre. La tonalité finale est morbide et inquiétante, mais manque de panache. L’achèvement de cette première partie n’a aucun élan et repose juste sur un suspens, dont on peut rester à l’écart tant cette aventure s’étire.

Inversement, la deuxième partie promet d’être tendue, nerveuse, soit une succession de combats et de cadavres. Ce contraste entre les deux épisodes risque de ne pas supporter l’association des deux en un seul film. Trop différents. Car David Yates a su installer une atmosphère très sombre, presque réaliste, respectant ainsi le ton des deux films précédents, et le livre. En plaçant ses personnages dans le monde extérieur, loin du protecteur Poudlard et en l’absence de Dumbledore, il les expose comme jamais dans des paysages telluriques ou forestiers, désolés, sauvages, froids et paumés. Cela accentue l’incertitude, la menace, l’imprévisible. Bonnes idées mais chaque séquence est très longue, souvent pour valoriser la psychologie du trio, dont on connaît pourtant à peu près toutes les nuances.
Heureusement, le film présente de nombreuses touches de dérision salutaires et des séquences d’action non dénuées d’intérêts. Rien de bien neuf sous la lune d’Harry Potter. L’adaptation est plutôt fidèle, même si certains détails ont été expurgés, des personnages supprimés, et des moments rajoutés... On sent le dernier tour de piste de certains comédiens : on ne les voit que furtivement, secondairement, histoire de faire leurs adieux et de rendre hommage à leur personnages. Même Alan Rickman ne fait qu’un petit tour quasiment silencieux. Le trio de gamins devenus ados n’a jamais été aussi seul, au centre des intentions.

L’école est finie !

Le film oscille ainsi entre une œuvre inspirée et un film banal, un peu lourd. La séquence introductrice où Hermione fait le choix douloureux de s'effacer de la mémoire de ses parents ou Harry visitant le placard où il était enfermé durant son enfance ancre le film dans le désenchantement. Même Ron n’est pas en reste, à la fois impulsif et raisonnable, mais devant abandonner sa famille sans un au revoir. Là quelques séquences accélèrent le tempo : il sont des fugitifs, traqués, en danger de mort, toujours en mouvement. Jusqu’à leur première sédentarisation en pleine forêt qui fait une pause, un peu longue. Bancal, le découpage va livrer la meilleure séquence, la plus riche en action et en tension, au milieu du film, et non vers la fin. Le trio pénètre à ses risques et périls dans le Ministère de la Magie, véritable QG nazi kafkaien. Ironiquement, la magie contraint les héros à changer de corps et de visage. Le trio star se voit privé d’exploits.
Car s’il n’y avait pas les serpents terrifiants et Bellatrix (Helena Bonham-Carter), le reste du film ne serait qu’errance et dialogues, autrement dit, ennui. Il faut quelques instants où le scénario lâche le livre pour devenir un film, avec des protagonistes et une dramaturgie propre, pour nous reprendre en plein vol plané, mais pas assez planant. Ainsi quand Harry cherche à dérider Hermione en plein blues romantiques et qu’il vient la chercher pour amorcer quelques pas de danse, on frôle le ridicule mais on touche à la maladresse des adolescents timides. Les trois comédiens vedettes n’ont jamais été aussi bien servis que dans ce film, même si Emma Watson surclasse aisément ses deux camarades en nuances de jeu.
Cette vraie publicité pour le Girl Power va d’ailleurs trouver son aboutissement quand elle va castrer Harry comme Voldemort castre Malfoy : en cassant sa baguette, symbole de la virilité et du pouvoir. Jusqu’à la meilleure réplique du film quand elle lui en offre une : « 23 centimètres. Rien de spécial. Mais ça devrait le faire ».

Un conte protéiforme

L'amitié l’emportera, et il en faudra pour affronter les forces du mal et surtout les pulsions adolescentes destructrices : jalousie, envie, attirance…Ainsi le médaillon-Horcruxe agit comme l'anneau du Seigneur des anneaux : celui qui le porte devient agressif et un brin paranoïaque. C’est là que le personnage de Ron, qui s’affronte lui-même, trouve son apogée, somme toute légère.
Sans doute, les producteurs voulaient donner une dimension humaine et plus réelle, à la manière des Twilight, pour éclaircir ce monde où les exécutions et les rafles sont le quotidien
La neige et la glace semblent le décor idéal pour illustrer cette ambiance sans joie. L'épisode de la mare gelée où se trouve l’épée de Gryffondor, sans être originale, ne manque pas de beauté. On ne peut s’empêcher de pencher à l’Excalibur de John Boorman. De même, le récit s’offre une parenthèse audacieuse et poétique avec ce « Conte des trois frères », séquence animée assez longue, qui fait écho aux fables de Tim Burton.

Harry Potter mue. Le 7e opus n’est pas une œuvre adulte mais elle tend vers une production plus ambitieuse, quoique inégale. La musique d’Alexandre Desplat, une réussite, et la photo d’Eduardo Serra, sublime, accompagnent ce changement. On trouvera que tout cela est bien long pour arriver à ce final, pour que, malgré les changements de cinéastes, la saga évolue avec maturité. Surtout que tous les Horcruxes ne sont pas trouvés à la fin du premier épisode. Tout ce film pour un seul détruit. Alors oui, il y a une poursuite en balais, les morts pleuvent, les pistes se multiplient (et se referment aussi vite), les flashbacks pullulent (et alourdissent la fluidité de la narration en se répétant). Tout ça pour une breloque et une montée en puissance de Voldemort somme toute invisible. La suite a intérêt à dépoter.
 
Claire & Vincy

 
 
 
 

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