Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Notre jour viendra


France / 2010

15.09.2010
 



LE ROUX APRÈS LE NOIR





"- Quand j’ai frappé ma mère, j’ai aimé ça."

Il est enfin arrivé le premier long-métrage de Romain Gavras, et il était attendu au tournant. C’était un enfant terrible de cinéma (fils de Costa Gavras) qui se faisait ses films avec des courts et des clips barrés au sein du collectif Kourtrajmé (avec Kim Chapiron, passé du Sheitan à Dog Pound), puis il est devenu rapidement un réalisateur prometteur avec ses clips très remarqués : Stress pour Justice, et Born Free pour MIA. Dans ce dernier où une minorité ethnique à cheveux roux est persécutée par des forces de l’ordre il y avait déjà des affiches avec le sloggan ‘our day will come’, une sorte d’annonciation de son film à venir. Avec Notre jour viendra, la violence est moins frontale mais les provocations proviennent de toute part : et pourtant il s’agit bien d’une quête de jours meilleurs…

Romain Gavras est à la fois un chien fou dans un jeu de quilles et un dandy anticonformiste droit dans ses bottes. On devine bien que, de son point de vue, le cinéma français a tendance à se regarder le nombril. Dès son premier film il veut bousculer ses aînés et même ses contemporains, et force est de remarquer qu’il s'y essaie de belle manière. Le sujet de Notre jour viendra serait une fuite en avant pour échapper au retour en arrière de la société. Les pérégrinations de Remy jeune ado oppressé (Olivier Barthélémy), et de Patrick un psy manipulateur (Vincent Cassel) vont transgresser une quantité de tabous. Le duo se voit comme des roux : une catégorie de personnes différentes, des gens toujours rabaissés ou jamais considérés. Ils vont alors partir à la conquête de plus de respect et de liberté face aux autres (la société française). Le film ne recule devant aucune provocation en se mettant à dos (ou face à face) à peu près tout le monde. Fuck les minorités, les communautés, le politiquement hypocritement correct... Tous les qualificatifs qui sont pour certains une fierté peuvent devenir des insultes, surtout ceux se définir à travers une identité (arabes, juifs, homos) ; rien n’est sacré pour les personnages (un mariage perturbé, une handicapée effrayée). Et tandis que les deux protagonistes provoquent leurs outrages, ils deviennent les seigneurs d’une résistance illusoire au repli sur soi… "Tu veux être Messie ou soumis ?"

Le réalisateur a eu l’habileté de faire résonner le fond et la forme de son récit. Si les deux héros sont hésitant sur les chemins à suivre, la caméra les suit en ligne droite, comme sur un rail. Chacun trouve dans l’autre un complice, mais la caméra les perd ensemble dans le cadre d’un vaste paysage désolé du nord. Et si l’impuissance se fait ressentir, l'image s’agite en mouvement autour d’eux. La musique de Notre jour viendra est celle des claviers de SebastiAn (artiste électro lui aussi chez Ed Bangers Records), et ses notes donnent aux images l’allure d’un conte baroque : toutes interprétations sont possibles. Tout comme il y a le porno-chic, il y a aussi le radical-chic : la violence des propos et des actes se fait alors poétique. Romain Gavras a voulu s’affranchir des carcans habituels du cinéma et la tentative est audacieuse. Notre jour viendra est autant une promesse qu’un espoir.
 
krystofy

 
 
 
 

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