Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Puzzle (Rompecabezas)


/ 2009

23.06.2010
 



FEMME LIBEREE





Au départ, il y a le carcan familial. Et puis un don qui chamboule tout. Puzzle évoque la Liberté et ses aléas. Mais il parle avant tout d’une femme, de son émancipation, de son évolution. Natalia Smirnoff, la réalisatrice, signe ici son premier long-métrage. Avant, elle a été directrice de casting et assistante réalisatrice pour de grands cinéastes argentins comme Lucrecia Martel ou encore Alejandro Agresti.
Novice dans la réalisation, elle s’en sort très bien, en parvenant à nous faire entrer dans l’univers d’une famille, sans artifices ni fioritures. L’histoire est simple mais bien ficelée. Le spectateur est embarqué. Loin des films à gros budgets où les effets spéciaux foisonnent, on s’émerveille devant une certaine forme de délicatesse et de subtilité. Cela fait du bien.

Mais si tout semble simple et familier, l’histoire est profonde et la réflexion importante. Natalia Smirnoff dépeint ici la vie de nombreuses femmes au foyer, en Argentine (comme ailleurs finalement) qui ont donné leur vie pour leur famille et qui, arrivées à la cinquantaine, ne savent plus réellement quoi faire, coincées, étriquées, en perte de repères. Leurs enfants grandissent et, dépendantes financièrement de leurs maris, elles se trouvent un peu inutiles. « Ce n'est pas possible d'être indépendante en étant entretenue par quelqu'un. Pour être adulte, il faut être indépendant économiquement » explique d’ailleurs la réalisatrice.

Maria Del Carmen, personnage principal du film, entre tout à fait dans cette catégorie. Au début du moins. Elle aurait pu passer à côté de la liberté, d’un épanouissement. Mais son don pour le puzzle - un jeu ni glamour, ni super intellectuel, simplement un jeu – va bouleverser sa vie.
Natalia Smirnoff parvient à nous le montrer dans sa manière de construire l’image et le récit. Puzzle est filmé uniquement selon le point de vue de Maria, un dispositif qui met en lumière cette femme, sorte d’anti-héroïne qui se révèle à elle-même au fur et à mesure du film. La réalisatrice utilise un procédé -alternant des images floues puis nettes- permettant de créer une certaine intimité et d’être au plus près du personnage. Les silences lorsqu’elle joue avec Roberto, la musique un brin féerique quand elle découvre le nombre incalculable de puzzles que collectionne son ami sont autant de choix cinématographiques lourds de sens qui accompagne le spectateur. Celui-ci peut alors comprendre au mieux cette femme, quitte à se sentir quasiment en empathie avec elle.

De même, le cadrage serré fait s’alterner des plans, comme autant de pièces d’un puzzle. Comme si la réalisatrice nous les distribuait pour nous aider à comprendre petit à petit la vie de cette femme. Les premières scènes sont d’ailleurs éloquentes. Les plans serrés –où l’on voit la nourriture que Maria est en train de préparer, ses mains, son visage, le four puis les ustensiles de ménage après la fête d’anniversaire – nous invitent à comprendre la volonté de cette femme d’être sur tous les fronts, à la maison du moins, son envie d’être au four et au moulin (c’est le cas de le dire). Puis, au fur et à mesure qu’avance le film – au fur et à mesure que Maria s’émancipe – les plans se font moins serrés. Le film se termine sur une jolie scène : un plan très large où Maria est assise dans l’herbe, seule, mangeant une pomme, sans se soucier de personne. Maria n’est pas encore au bout de ses peines, mais elle a fait du chemin. Pourtant, on le sait tous « être une femme libérée, tu sais, c’est pas si facile… ».
 
anne-laure

 
 
 
 

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