Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Huit et demi (8 1/2)


Italie / 1963

29.05.1963
 



Derrière les lunettes de Marcello Mastroianni, derrière ce regard charmeur et trompeur se cache tout l’art de Fellini. Et derrière Huit et demi se trouve résumé ce que Fellini peut faire de plus abouti. Ce film est sans aucun conteste sa folie la plus maîtrisée qui regroupe tous les éléments de son art, de son univers et de son imaginaire. S’il ne devait rester qu’un Federico (hormis La dolce vita), ce serait Huit et demi. Non pas qu’il soit intelligent d’oublier I Vitelloni, Fellini Roma ou Satyricon, mais Huit et demi est aussi bien une œuvre sommaire, un rêve fellinien des plus complexes qu’une véritable leçon de cinéma.





Comme un rêve et un cauchemar

Huit et demi se décline à la fois comme un rêve et un cauchemar dans l’esprit du réalisateur Guido (Marcello Mastroianni qui est bien entendu l’alter ego de Federico Fellini, en témoigne la tenue et le célèbre chapeau) qui, alors que son film en préparation tourne au désastre, alors qu’il cherche dans les méandres de son esprit un point de clarté dans cet immense fouillis, se voit hanté par les figures de son enfance et bien d’autres « spectres aux courbes généreuses »…
Car derrière ses lunettes de soleil, au-delà de cet air entêtant de Nino Rota, par dessus ce vent de Rimini qui souffle sur Guido les souvenirs d’un passé torturé, caché sous ce voile, cette brume qui obstrue peut-être les réponses (ou bien qui n’est que le reflet de ses propres démons) se cache la vie entière de Guido/Marcello/Federico … Et que trouve-t-on derrière ce voile et sous ces tumultes de vent ? Une enfance qui d’un côté est dirigée par la rigueur de l’Eglise catholique et de l’autre furieusement libérée par cette forte poitrine sauvage qui habite les dunes de Rimini. Cette forte poitrine qui alimente ses désirs (on la retrouve notamment dans Amarcord) et qui le destine à s’éloigner de l’Eglise pour se rapprocher des femmes. Etre réalisateur : homme de pouvoir et artiste qui offre du rêve et de la gloire aux diverses stars qui croisent sa route. Il les attire à lui, les fait tournoyer, joue avec elle, les désire et les dévore ; se fait dévorer par elles pour le plaisir de s’abandonner à leur douceur autant qu’à leur passion.
Guido valse ainsi entre créature sensible (Anouk Aimée) et femme plantureuse. Il attire aussi bien les étrangères que les épouses de ses amis. Guido, séducteur éternel, qui se ne sait contrôler ni son charme ni ses pulsions. C’est un homme qui s’abandonne, incapable de promettre à sa femme, à son producteur, à son scénariste, à ses acteurs que quelque chose – une réponse – viendra demain. Epicentre d’un monde qui ne sait tourner qu’autour de lui, Guido se perd entre ses femmes pleines d’envies et ses intellectuels qui pompent son inspiration. A qui se fier ? A qui se confier ? Faut-il fuir ou bien jouer le jeu ? Même les retours dans le passé ne semblent guère lui venir en aide… Va-t-il devenir fou ? A-t-il atteint les limites en jouant avec l’art comme avec la vie ?

Dans cet univers tantôt étouffant tantôt libérateur, on suit les avancées fellinienne du personnage de Guido. On le suivra jusqu’au bout ce Marcello. On se resservira bien de son regard et du regard d’Anouk Aimée. On réécoutera encore l’enivrante musique de Nino Rota. Et encore et encore, on se laissera prendre par la mise en scène envoutante del maestro. Ce n'est plus simplement 8 1/2 mais 8 1/2 puissance 2, 3, 4... infinie.

Cirque de la vie

Ce chef d'oeuvre mériterait des ouvrages entiers à son sujet, une analyse plan par plan tellement son noir et blanc est d’une beauté inouïe et tellement l’art de Fellini est maîtrisé. Dans cette folie, dans ce chaos qui paraît si désordonné apparaît pourtant la vie et l’art. La vie vue par l’esprit d’un artiste. La vie avec son sérieux, son bouillonnement et ses sursauts d’excentricité. Et la fin ne pouvait être différente. Chacun reprend sa place sur le cirque. Guido n’a pas avancé tant que ça car plus il vieillit plus son esprit est nourri des années, de ses souvenirs d’enfance, de ces femmes de toute nature. Et tout cela, il le transforme en pièce, en cirque où tous les personnages, au final, dansent en rond en se tenant la main. Nous aussi nous faisons parti de la ronde, perdus dans l’esprit de Fellini, perdu dans le charme de Marcello, perdus dans le 7ème art…
 
benjamin

 
 
 
 

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