Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La religieuse portugaise (La religiosa portuguesa)


France / 2009

11.11.2009
 



LES LUMIERES DE LA VILLE





"- Moi je ne vois jamais de films français, ils sont pour les intellectuels.
- Nos films marchent bien à Lisbonne !
- Oui, parce qu’ils sont pour les intellectuels…
"

Lisbonne, Leonor Baldaque, Diogo Doria… l’impression d’être face à un film de Manoel de Oliveira est tenace. Et pourtant, même s'il s’agit de la ville du doyen du cinéma et de deux de ses acteurs fétiches, La religieuse portugaise est bien signé par Eugène Green, réalisateur français dont on attend chaque long métrage avec gourmandise. Cette fois, s’il nous surprend (changement de décor et surtout de langue, primordiale dans son œuvre), il ne nous déçoit pas.

Cette errance lisboète parsemée de séquences musicales et découpée en chapitres correspondant à autant de rencontres est au contraire d’une grande beauté à la fois formelle et émotionnelle. Chaque nouveau personnage symbolise une sorte d’épreuve intellectuelle, tantôt amusante, tantôt intense, qui amène Julie à prolonger sa route, et donc sa quête. En cours de chemin, elle croise ainsi un petit garçon esseulé, un homme brisé, la réincarnation du roi mythique Dom Sebastião et surtout une religieuse qui est comme son double inversé. Cette suite de hasards apparents révèle à la jeune femme ce qu’elle cherchait depuis toujours sans le savoir : le but et le sens de son existence. Une révélation assez différente de ce qu’elle attendait, mais qu’elle accepte comme une évidence.

Et puis bien sûr il y a Lisbonne elle-même, protagoniste essentiel du récit dont la jeune femme semble vouloir se nourrir et s’enivrer. Elle fait ainsi le plein d’images, d’odeurs et de sons, comme si cinq sens ne pouvaient lui suffire pour tout connaître de la ville. Les quelques intermèdes musicaux (du fado, évidemment !) achèvent de lui faire découvrir l’âme de cette cité éminemment spirituelle et poétique. Comme Julie, le spectateur se laisse envoûter par ce festival de notes et d’émotions. Bien que tout reste ténu, presque léger, on se sent profondément touché par la vision qu’Eugene Green donne de la création, de la transmission et de la maternité. La religieuse portugaise a beau être dotée d’une vivacité qui en fait une œuvre résolument moderne, elle a déjà cet aura propre aux classiques atemporels.
 
MpM

 
 
 
 

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