Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Voici venu le temps


France / 2005

13.07.2005
 



LE ROI DE L’EVASION





"Parce qu’en plus de changer de le monde, s’il faut le changer sans verser de sang, on n’est pas sorti de l’auberge."

Regarder un film d’Alain Guiraudie, c’est comme recommencer à respirer après une longue période d’asphyxie : luxueux et vital. La bouffée d’air frais ne vient pas tant des vastes étendues sauvages qui servent de décor à son histoire que de la manière qu’il a d’aérer notre esprit en dynamitant tous nos repères. Dans Voici venu le temps, tout est en effet familier et en même temps complètement déroutant : on ne sait pas où l’on est (et quand on le sait - en Obitanie - on n’est guère avancé), ni à quelle époque (en tout cas plus au Moyen-Age, malgré l’impression moyen-âgeuse qui se dégage des décors et de l’intrigue), et l’on se retrouve confronté à des bandits de grand chemin poursuivis par une poignée de guerriers (qui peuvent être "d’attente" ou "de recherche") comme aux beaux jours des romans de chevalerie…

Ajoutées à cela, une demi-douzaine de pures inventions (des termes imaginaires comme "ounayes" ou "crobans") mêlées à l’accent chantant des protagonistes suffisent pour donner une impression de pure exotisme. Ces paysages si beaux et si fiers seraient-ils ceux d’une nouvelle genèse, une humanité alternative où les cartes auraient été distribuées autrement ? La langue elle-même, élégante et châtiée, contraste avec l’usage ordinaire qui fait parler les classes laborieuses comme des analphabètes. Alain Guiraudie n’est décidément pas un réalisateur comme les autres, lui qui délaisse avec délectation tout ce que le cinéma français vénère par ailleurs : les univers urbains, les classes sociales aisées ou au contraire le naturalisme sordide. Il faut dire que le politiquement correct n’est guère son affaire.

Pourtant, la société fantaisiste qu’il imagine ressemble par bien des côtés à la nôtre et c’est tout ce qui fait le sel de ce conte poético-politique où les idéaux révolutionnaires le disputent aux dilemmes sentimentaux. L’air de rien, Voici venu le temps met sur le tapis la question de l’engagement et de l’action politique, de la lutte des classes et de l’injustice sociale, du choix et du renoncement. Le tout avec l’humour nonchalant et la jovialité décontractée qui sont la marque de fabrique du cinéaste. A l’image de ses personnages, désinvoltes mais concernés, il fait ce qu’il y a de plus beau au cinéma : raconter une histoire à forte concentration de plaisir et d’intelligence. Que la construction d’un monde meilleur passe par la sensualité d’ébats joyeux en pleine campagne, par l’achat d’une petite ferme reculée ou par la lutte armée, l’essentiel est d’y croire, d’essayer et de ne surtout pas désespérer.
 
MpM

 
 
 
 

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