Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Jeux de Pouvoir (State of Play)


USA / 2009

24.06.2009
 



LA VERITE A DOUBLE TRANCHANT





«- On a violé la loi ?
- Non. C’est du bon boulot d’investigation.
»

Que se passe t-il lorsque un cinéaste spécialisé dans le travail documentaire aussi talentueux que Kevin MacDonald se met à réaliser des longs-métrages de fiction ? L’approche politique des choses, c'est-à-dire dans leurs controverses fondamentales, n’est jamais très loin. Elle est même tapie dans un coin, prête à venir au secours du moindre dérapage scénaristique. Mais cette spécificité, palpable du début à la fin, rend t-il Jeux de Pouvoir aussi pertinent que son sujet initial le laissait supposer.
En adaptant au cinéma la mini-série anglaise éponyme sortit chez nous en 2005, Kevin MacDonald condense sur deux heures les enjeux et ramifications d’un « simple » meurtre sans doute lié de près à une sombre affaire d’état. Cet évènement motive l’axe de lecture du film autour de deux entités aux relations tendues : la Presse et le Politique. Plus proche du thriller percutant avec ses multiples rebondissements, Jeux de Pouvoir ne prend aucun risque, ne propose aucune lecture transversale quant à la place des médias sur l’échiquier politico-financier et réduit son angle d’analyse par la personnalisation des rapports entre les protagonistes des deux camps. Si le film n’est pas désagréable à regarder, il s’avère frileux voir très caricatural en fin de parcours.

Dommage car nous proposer une investigation journalistique à l’ancienne dans le but de faire éclater au grand jour la vérité – fut-elle douloureuse pour toutes les parties en présence – ne manquait pas de piquant. Pour ce faire, le cinéaste nous la joue façon films des "seventies" via une mise en scène carrée, tendue et immersive, lorgnant sans complexe du côté des Frankenheimer, Pakula ou Pollack. Moteur de l’action, l’investigation imbrique clairement mais de façon linéaire la presse et le politique, le journalisme d’hier et celui de demain ou encore l’état de santé d’une presse sans le sou. Cette approche, sans être révolutionnaire, tient la corde, s’avère plutôt trépidante et, il est vrai, bien foutue.
Dans ce jeu de pistes ou l’intime conviction se nourrit de preuves tangibles, nous suivons Cal McAffrey (impeccable Russell Crowe), journaliste de la vieille école aux méthodes rodées un peu sur le déclin, et Della Frye, journaliste débutante et blogeuse ambitieuse du Washington Globe. Ce mariage de circonstance fait cohabiter deux visions du journalisme comme inscrites dans deux époques différentes. Pour faire simple, disons que l’ère du stylo se confronte à l’ère d’Internet. Si l’affrontement est au départ inévitable, ils réussiront, sous l’impulsion de Cal, à trouver un terrain d’entente.

Même si Kevin MacDonald ne choisit pas ouvertement son camp, il donne une telle importance à l’investigation de terrain, qu’il est facile de se faire un avis sur ce que doit être le véritable journalisme de presse, même à l’heure du sensationnel et de l’instantané. Le rythme effréné de l’enquête sauve le film de l’ennui mais pas d’un certain académisme. Malgré quelques ouvertures, le politique rime toujours avec corruption et le journalisme avec la recherche de vérité. En définitive, le réalisateur se laisse embarquer dans une histoire d’ego sentant la romance de complot accouchant, au final, d’une souris. Les ponts entre politique et presse, les enjeux financiers, le type d’information produit et les fameux « jeux de pouvoir » incluant inévitablement l’opinion public, sont noyés par l’aspect thriller du long-métrage. Si le cinéaste arrive néanmoins à établir un constat « ludique » car divertissant sur l’état d’une presse d’investigation qui balbutie, il ne réussit pas à matérialiser le transfert d’un média de plus en plus immatériel. L’anecdote remplace alors le contenu de fond et favorise un symbolisme primaire sensé marquer le changement de paradigme auquel nous assistons tous (la scène où Carl offre un collier de stylos à Della est la plus symptomatique).
 
geoffroy

 
 
 
 

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