Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Les Enfants Invisibles


France / 2009


 



DES ENFANCES BACLEES





«- Un jour, j’ai lu : l’amitié nourrit le bien et affaiblit le mal ».

Les projets réunissant un collectif de cinéastes abordant à tour de rôle une histoire de leur choix autour d’une thématique précise se font de plus en plus rares. Ce constat vient sans doute de la difficulté à faire coïncider les calendriers de chacun, à réunir les budgets nécessaires ou, tout simplement, de la qualité souvent inégale des différents segments. Réalisé par sept grands cinéastes (Medhi Charef, Emir Kusturica, Spike Lee, Katia Lund, Jordan Scott & Ridley Scott, Stefano Veneruso et John Woo) au quatre coins du monde (Afrique, Asie, Amérique Latine, Etats-Unis et Europe) les Enfants Invisibles tisse au profit de l’UNICEF des portraits d’enfants en proie à la violence d’un monde d’exclusion, d’ignorance, d’indifférence et, en fin de compte, d’errance. Si le film oscille inévitablement entre le très bon (Bilu & Joâo de Katia Lund ou encore Tanza de Medhi Charef) et le très mauvais (Song Song & Little Cat de John Woo), il délivre sa dose de messages plus ou moins symboliques sur un moment de vie primordial car fragile.

A ce titre, le film peut aisément être découpé en deux parties. La première, et de loin la plus réussie, réunit les quatre premiers segments pour former un tout homogène où s’érige avec force le principe de réalité. Les enfants soldats du film Tanza symbolisent cette « invisibilité » de fait dans la négation même de l’enfance, de son apprentissage, son développement personnel et sa relation affectueuse. Il fait écho à Bilu & Joâo, film énergique où deux enfants d’une favela de Sao Paulo se battent pour vivre. La frontière avec l’adulte n’existe plus et ces enfants errent sans protection, ni vision d’avenir. Si Emir Kusturica fait du Kusturica – c'est-à-dire décalé, rythmé, poétique et au final assez brillant –, Spike Lee nous émeut littéralement avec sa petite Blanca, jeune fille née séropositive subissant les quolibets des autres camarades tout en devant supporter l’irresponsabilité des ses parents junkies. Quatre films, quatre coins du monde et quatre formes d’abandon.

Le film de Jordan (fille de Ridley) et Ridley Scott marque une rupture par son approche thématique. L’adulte, qui en est le moteur, vient nous rappeler pesamment que l’on a tous été un jour enfant. Onirique et visuellement très beau, ce voyage initiatique manque de profondeur et nous laisse de marbre, un peu comme le Ciro de Stefano Veneruso. Anecdotique dans sa construction narrative, les derniers plans sont dignes des films néoréalistes de la grande époque. Ils plongent l’enfant adulte dans un rêve de manège d’une poésie somptueuse vraiment touchant. John Woo conclue donc ce film collectif. Sa partie, sans conteste la plus faible, est sirupeuse, grossière et démonstrative. Bref, elle assomme un long-métrage pourtant traversé par quelques beaux moments de cinéma.
 
geoffroy

 
 
 
 

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