Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Picnic (Pescuit sportiv - Hooked)


Roumanie / 2008

04.02.2009
 



LE PRIMAT DE LA PERCEPTION ET SES CONSEQUENCES SUR UN PIQUE NIQUE





"L’honnêteté n’existe plus dans ce pays"

Adrian Sitaru laisse un moment planer le doute sur la nature réelle de son film : épouvante ? Comédie ? Réflexion sur la fatalité ? Tout semble pouvoir arriver au couple d’amoureux masochistes qu’il filme… Pourtant, il finit par laisser de côté chacune de ces pistes pour se concentrer sur une étude psychologique à la fois cynique et décalée des dysfonctionnements qui régissent les rapports humains et amoureux.

Curieusement, le grain de sable qu’il introduit dans le duo ne va pas tant provoquer une crise que servir de simple révélateur à la fois des problèmes latents des personnages et des différentes manières qu’ils ont de les résoudre. Comme incarnant la (mauvaise) conscience de chacun des protagonistes, la jeune femme qu’ils rencontrent va leur permettre tour à tour d’exprimer enfin clairement leurs angoisses, leurs désirs et leurs frustrations.

Plus que dans ce dénouement sentimental, le principal intérêt du film réside dans l’étonnante ambiance de huis clos que le réalisateur parvient à créer au beau milieu d’une nature en apparence idyllique. Cela tient bien sûr à son parti pris de mise en scène qui systématise le recours à la caméra subjective, donnant l’impression déformée d’une scène de théâtre où tout le monde observe tout le monde. Chacun n’existe plus part soi-même, mais uniquement au travers du regard d’un autre qui s’avère à la fois éminemment proche (notamment dans sa compréhension) et rigoureusement différent (dans sa perception et ses aspirations). Ce qui est particulièrement intéressant, c’est la façon dont le film capte ainsi une situation parfaitement quotidienne : je perçois les autres et j’ai conscience de leur regard, mais je ne connais pas la perception qu’ils ont de moi. Là, la caméra devenant chaque protagoniste à tour de rôle, on fait l’expérience d’une omniscience qui permettrait à la fois de regarder les autres et de se voir par leurs yeux.

Déconcertant et pas évident de prime abord. Visiblement réalisé avec très peu de moyens, le film n’a rien de glamour ou d’attractif. Au contraire, son intransigeance et son minimalisme un peu radical laissent le spectateur relativement démuni devant ce qui lui arrive : pas tant perplexe que rapidement lassé par le procédé. Probablement parce qu’Adrian Sitaru a trop délayé son propos, au profit d’une version bavarde et inutilement explicative. Finalement, on aurait préféré une œuvre plus condensée et elliptique mais en forme de véritable film-expérience, choc et percutant.
 
MpM

 
 
 
 

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