Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Dolls


Japon / 2002

30.04.03
 



MOURIR D’AIMER





Si la mort de Kusosawa Akira vous a plongé dans la crainte profonde que la beauté disparaisse avec lui.
Si imaginer que chaque seconde est indispensable à votre couple.
Si à vos yeux il est préférable de faire perdurer dans la mémoire l’être aimé plutôt que de l’oublier dans les bras d’un autre.
Si vous acceptez d’être stupide et naïf au regard des proches comme des inconnus pour cause de supplément d’âme.
Alors Dolls est un film pour vos pupilles et votre coeur.
Aux autres, nous conseillerons de passer le chemin…

Dès lors entre nous, il n’y a plus qu’à mille fois dire « Merci, merci pour tout » à Monsieur Kitano Takeshi, telle le lançait au personnage qu’il interprétait dans Hana-Bi son héroïne et épouse à l’écran.
Avec une lenteur calculée – puisqu’elle n’ennuie jamais – Kitano lie et délie l’amour, au sens propre comme au figuré, dans une fable multiple, trilogique, transcendante et fusionnelle. Une ficelle, une corde rouge, qui s’amplifie et s’entremêle d’autres ficelles. Celles de vies, d’amour, au fur et à mesure que des destins parallèles s’y greffent, avec l’évidence tragique et métaphorique du cordon ombilical.
Kitano a la sensitivité de l’esprit.
L’homme est rare. L’artiste aussi…
Quelques secondes de trop, bien évidemment volontaires, dans un plan, réclament alors au spectateur, aux sens cultivés et violemment imposés par la grammaire télévisuelle, de se pencher sur la raison d’être de tel parti pris. Que tout art est à la fois dispensable mais douloureux lorsqu’il disparaît…
Que toute beauté se paye dans l’attente.
Que toute réponse ne s’offre qu’à celui qui se pose des questions.
Que l’acte de créer est à la fois un acte d’amour et de patience, même s’il est à la source condamné par notre cynisme ambiant.
Et combien même…

Sauf que Kitano n’est pas dupe et propose simplement une solution. Qu’aimer est avant tout profiter du moment qui le sépare de son extinction. Accepter aussi d’être un peu con.
Pour apprécier l’intelligence et la connerie de l’autre.

«Aimer, c’est mourir un peu» disait le poête.
Chez Kitano c’est mourir tout court.

A vous de voir si le jeu en vaut la chandelle… et accepter d’en être la mèche.
 
arnaud

 
 
 
 

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