Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 38

 
Lola Montes


France / 1955

23.12.1955 et 03.12.2008 (version remasterisée)
 



FILM A SCANDALE POUR FEMME SCANDALEUSE





En 1955, Lola Montès, telle La bataille d’Hernani de Victor Hugo en 1830, est boudée par le public et déchaîne la critique. Jean Dutourd écrit : «L’esthétique du gargouillis et le borborygme se mêle, dans Lola Montes, à l’esthétique de la crème fouettée.» Les Lettres françaises surenchérissent : «Lola Montès n’est pas un bon film. Une lourdeur de style germanique y préside, grâce à quoi ce spectacle, qui au moins aurait dû être affriolant, coquin et capiteux, paraissait long et ennuyeux. Le racisme anti-allemand sévit encore dix ans après la seconde guerre mondiale et la xénophobie suinte entre les mots. Un jeune critique enflammé se distingue du lot et prend la défense du film. Il écrit dans Arts : Faudra-t-il polémiquer, nous polémiquerons. Faudra-t-il combattre, nous combattrons ! ».

Ce cinéphile intrépide se nomme François Truffaut. Son cri du cœur est relayé par le poète Jacques Audiberti que la belle courtisane inspire : «Une œuvre comme Lola Montès, située, pour l’instant, à la pointe cinématographique du progrès, ne saurait donc être qu’une somme de ce qui fut tenté auparavant. Entendons-nous. Dans cette somme, la quantité prépondérante demeure la flamme originale du poète Max Ophuls. Lola Montès atteste une folle sagesse, une liberté surveillée avec amour… Elle surgit comme une fleur énorme, inattendue.»
Cette fleur, les producteurs la charcutent, l’amputent pour plaire au public. Ils s’ingénient à classer les flash back de Lola dans le bon ordre. À lui remettre les idées en place, à l’endroit détruisant ainsi cet envers de la société qu’Ophuls se paît à dénoncer. Cet envers solidaire et souterrain, partie cachée d’un iceberg gigantesque, monstrueux qui s’acharne à mort sur les grandes amoureuses de Max.

Demy, Godard, Kubrick, Truffaut...
En 2008, Lola Montès revient remasterisée à Paris. Dans la version que son créateur désirait. Avec la non chronologie, les boursouflures et les troubles de sa mémoire. Lola, people bimbo avant l’heure. Lola aux allures de Wonder woman dans ton costume de cirque. Puisses-tu, Lola, t’envoler haut et fort comme une fusée. Si fort que tu crèveras le toit de ton chapiteau. Si haut que tu t’éloigneras du fourmillement humain grouillant de vanité. Puisses-tu Lola, où qu’il soit, retrouver l’âme de ton cinéaste avec son rire tonitruant et son élégance légendaire. Puisses-tu l’inciter à redescendre sur terre, en France, là où Lola Montès est projeté. Puissiez-vous tous deux remarquer le jeune homme exalté ou la jeune fille fébrile dont le cours de la vie sera irrémédiablement sous influence après avoir découvert les images du grand Max, du géant Ophuls. Comme Jacques Demy qui lui dédie sa Lola à lui. Comme Jean-Luc Godard qui, pour Le mépris, demande à Brigitte Bardot de devenir brune. Comme Stanley Kubrick qui démantèle à son tour la mascarade du désir dans Eyes wide shut. Comme François Truffaut l’inconditionnel qui écrit : « Max Ophuls était aussi subtil qu’on le croyait lourd, aussi profond qu’on le croyait superficiel, aussi pur qu’on le croyait grivois. Comme il échappait aux écoles, on le tenait pour démodé, désuet, anachronique, sans comprendre qu’il ne traitait que de sujets éternels et somme toute essentiels : le désir sans l’amour, le plaisir sans l’amour et l’amour sans réciprocité. Le luxe et l’insouciance ne constituaient que le cadre favorable à cette peinture cruelle où l’on vit cette absurdité : les critiques rendent compte du cadre qu’ils prenaient pour la toile.»

Les critiques, le cadre et la toile de l’écran se réjouissent du grand retour de Lola Montès. Au public à présent de jouer son rôle et de saisir l’essence de ce magnifique poème de cinéma insulté, mutilé, lifté, mais aujourd’hui victorieux parce que fidèle à son origine. Longue vie à toi, tapageuse et scandaleuse Lola !
 
benoît

 
 
 
 

haut