Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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John Rambo (Rambo IV) (Rambo)


USA / 2008

06.02.2008
 



LES HÉROS NE MEURENT JAMAIS





«- Tant mieux si je suis un sauvage, ça va nous permettre de sortir d’ici vivant. »

Rambo « is back » ; Sylvester Stallone également. Un an après son formidable Rocky Balboa, le réalisateur signe un retour aux sources aussi percutant qu’il peut être nostalgique. Loin de la mauvaise campagne marketing lorgnant sur une gloire passée, son John Rambo boucle la boucle (à l’instar de son alter ego de boxeur), mais plus encore il clôt l’œuvre de toute une vie commencée en 1976 avec Rocky.

REAPPROPRIATION

Témoignage sincère d’un artiste amoureux du septième art qui ne s’avouera jamais vaincu malgré des années d’errance, ce quatrième Rambo démontre magistralement le talent du bonhomme pour se réapproprier un mythe. En revitalisant un héros fatigué qui s’était un peu perdu vers la fin des années 80 (Rambo III est à oublier), Stallone nous offre la possible rédemption d’une figure emblématique qui représente à elle seule un des nombreux visages de l’Amérique post Vietnam. En assumant cette filiation, « Sly » ne se renie pas et accentue conséquemment le profil psychologique de son personnage. Rambo EST et SERA toujours cette « machine de guerre » façonnée par l’armée américaine. L’individu qu’il est devenu se défini lui-même comme un « animal fait pour tuer » qui pense que « la guerre est une chose naturelle » contrairement « à la paix qui est accidentelle ». Pour lui « tuer devient aussi facile que respirer ». Il n’y a donc aucun sentimentalisme, juste l’affirmation d’une condition que supporte le discours nihiliste d’un homme désabusé mais conscient du monde dans lequel il vit. Tout comme Rocky Balboa, John Rambo assume avec le temps ce qu’il représente. Parallèle évident avec l’acteur-réalisateur Sylvester Stallone, ce mythe fondateur du film de guerre moderne ne pouvait ressurgir que sous les coups de manivelle de l’ancienne star. Cette incarnation façonne alors admirablement la jonction entre passé et présent (rôle important de la scène du flash-back) propulsant Rambo entre deux mondes qui cohabitent encore. Le choix géographique d’installer l’histoire de John Rambo en Birmanie – où une guerre civile fait rage depuis 60 ans – conforte cette volonté d’étalement qui permet de mieux comprendre ce qu’est devenu Rambo.

REDÉFINITION

Retiré dans le nord de la Thaïlande, John Rambo vit de la capture de serpents et de la pêche. Ermite, il se tient à l’écart de la guerre civile qui fait rage en Birmanie. Lorsque des missionnaires viennent demander son aide, il refuse puis accepte de les accompagner jusqu’au camp de réfugiés. Apprenant leur disparition, il décide de retourner au combat. Sans être inintéressante, l’histoire importe peu. Ce qui compte c’est assurément la redéfinition du personnage dans un contexte politique particulier. Désabusé du monde, reclus et se sentant abandonné, il trouvera en la personne de Sarah Miller une raison valable pour reprendre le combat. Si du point de vue scénaristique la ficelle semble grosse, du point de vue de John Rambo elle est d’une logique implacable. Malgré son isolement, Rambo esquisse la possibilité d’un horizon, d’un demain « salutaire » façonneur de sens, même si celui-ci passe inévitablement par l’affrontement. En redéfinissant les enjeux d’un « homme-héros » pris dans une relation triple – missionnaires, junte militaire birmane, lui-même – il fait ce pourquoi il a toujours été bon. Point. Il accomplira son destin et mettra une dernière fois ses compétences militaires pour une noble cause. Stallone surprend par la sincérité avec laquelle il nous livre un Rambo humain au courage légendaire, affichant sans peine la figure du sauveur dans sa dimension tragique. Le charisme de Stallone emporte l’adhésion à chaque plan et nous sommes émus par ce héros troublant d’abnégation.

RÉALISATION

Très proche de Rocky Balboa dans sa structure narrative, John Rambo reprend le même canevas afin de révéler l’évolution psychologique du personnage. D’une fabrication simple mais efficace, cette approche nous renvoie directement au premier Rambo. A l’origine. Au mythe. A l’icône. Admirable de cohérence historique, respectant le personnage dans sa psychologie, son passé et sa modernité, le film scénarise notre héros par un saupoudrage subtile fait de mélancolie, de nostalgie et de vérité dans l’instant. Malgré des personnages secondaires peu exploités, des dialogues proches de l’aphorisme et une vision politique réduite à sa plus simple expression, Stallone nous bluffe par son engagement tranché et la rigueur de sa mise en scène. Sans mauvais jeu de mot, il envoie du lourd en nous montrant la guerre dans toute sa cruauté. C’est violent, direct, assumé et parvient à redéfinir instantanément le film de guerre. Cette approche procure par moment un plaisir coupable, une montée d’adrénaline et une dose d’excitation qu’on pensait disparue pour longtemps. Si l’hémoglobine coule à flot, la mise en scène vous scotch au fauteuil et ne vous lâche pas une seule seconde.

Sylvester Stallone illustre comme personne l’horreur de la guerre, à la fois sur le champ de bataille, mais aussi en osant montrer les atrocités qu’elle engendre. Il ne réduit pas la guerre à la simple démonstration pyrotechnique d’un Rambo III et construit un climat oppressant au cœur de la jungle Birmane. De ce fait, il assimile son héros comme étant un produit, un « acteur » et une victime de la guerre, en fait un bras armé, une arme consciente de ses actes qui assume son statut (l’accepte en tout les cas). Rambo porte une vision désabusée d’un monde qui n’a pas ou peu changé, mais esquisse une pointe d’espérance. Le dernier plan, touchant à bien des égards, nous prouve que chacun d’entre nous peut, un jour, trouver la paix de l’âme.
 
Geoffroy

 
 
 
 

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