Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Useless (Wuyong) (Wu Yong)


Chine / 2007

06.02.2008
 



ODE A L'ESSENTIEL





"Je pense que les objets ont une mémoire."

Jia Zhang-Ke ausculte film après film les réalités sociales et économiques de la Chine actuelle. Les bouleversements de la modernité (Still life et ses chantiers démesurés), le mirage urbain (The world et son parc d'attraction en carton-pâte), le désoeuvrement d'une jeunesse en exil dans son propre pays (Plaisirs inconnus), il peint d'une main ferme et assurée un tableau peu engageant de cette Chine si soucieuse de son image. Troisième volet d'une trilogie commencée avec Dong (sur le peintre Liu Xiaodong) et Ma Ke (sur la créatrice de mode éponyme), Useless constitue une nouvelle étape dans son œuvre. Ce documentaire aride et dépourvu de voix-off nous entraîne au cœur de l'activité textile du pays, qu'il décortique d'un point de vue humain, historique et sociologique.

Tout d'abord, on observe le travail à la chaîne des couturières penchées plusieurs heures par jour sur leur machine. Les gestes sont répétitifs, les atmosphères de travail confinées et impersonnelles. Puis les ouvriers prennent la parole au cours de consultations médicales. Le corps souffre. Il suffit de très peu de choses à Jia Zhang-Ke pour illustrer son propos : le regard d'une infinie tristesse que lui lance un ouvrier, juste avant d'être entraîné hors champ, évoque tout à la fois l'abrutissement de ce travail, la honte d'une condition misérable et la soumission à cette existence. Et tout cela pour quoi ?, interroge le réalisateur. Pour satisfaire l'obsession consumériste inoculée aux Chinois par les Occidentaux, et la nécessité de standardisation qui en découle.

Il suit alors les pas de la créatrice Ma Ke qui à la nature soit fonctionnelle (qui est celle de se couvrir) soit futile (suivre la mode) des vêtements, oppose une vision carrément spirituelle. Celle-ci lutte en effet contre l’uniformisation et le consommable en fabriquant manuellement des pièces uniques qu'elle enterre ensuite dans le sol pour leur offrir une "mémoire". La nature est ainsi part entière du processus et complète le travail humain. C'est de loin la séquence la plus riche et la plus passionnante du film. Même si le travail de Ma Ke peut sembler plus proche de la performance artistique que de la couture, ce qu'il révèle des mentalités et des questionnements sociétaux est édifiant.

Hélas, la troisième partie du film nous emmène loin de ces expérimentations, pour suivre une jeune femme retoucheuse puis un tailleur reconverti en mineur. De retour en pleine contemplation stérile, on finit par se lasser de ces va-et-vient dépourvus de sens. Dommage, car le propos du réalisateur, comme son approche esthétique, ont une fois de plus tout ce qu'il faut pour séduire le spectateur occidental. Il faudra, la prochaine fois, penser également à capter son attention.
 
MpM

 
 
 
 

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