Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Miami Vice - Deux flics à Miami


USA / 2006

16.08.06
 



BATTE MAN





« - Quand les gens viendront ici, ils diront : "sympa le papier peint. C’est du Jackson Pollock ? Non, c’est Jose Yero, tout éclaboussé sur le mur." »

Chef d'oeuvre pour les aficionados du cinéaste (le seul à trouver grâce aux yeux d'une certaine cinéphilie parmi les prétendants aux héritiers d'un certain classicisme) ou thriller bien foutu mais vain pour les autres : ce Miami Vice n'a que peu de choses à voir avec la série (bon point) et prolonge cette esthétique flashy, chic, glamour, froide qu'affectionne tant le bonhomme. La forme est toujours plus intéressante que le fond (hormis dans et surtout The Insider). Mann flirte même avec un aspect plus expérimental : nombreux plans insolites où les héros apparaissent bancals ou de dos. Profil bas : rien des "bad boys" à la Michael Bay, survirils et improbables. Il y a toujours une part de réel, de noirceur dans les films à effets du réalisateur.
Après Collateral et son superbe L.A. by night, il continue de filmer cette obscurité en numérique. Défi visuel pas complètement réussi : l’image DV donne un ton amateur, l'image sale est pesante et contraste trop par rapport au reste du métrage. Le spectateur sera plus facilement séduit par les scènes maritimes, magnifiques, esthétiquement très travaillées. Où le cinéma surpasse avec classe le petit écran.
Les acteurs sont aussi impeccables que leurs fringues. Jamie Foxx, le chic incarné, dans un registre cool et modéré, est à l’opposé de son acolyte Colin Farrell, grand nerveux aux émotions démesurées. Le réalisateur s’attarde intelligemment sur les couples qu’ils forment avec leur femme respective. Profondeur bienvenue. Cette relation parallèle renforce leur propre union s'affranchissant de leurs propres différences, s'attachant davantage à ce qui les unit. Ce qui touche l’un, affectera l’autre. C'est l'histoire de tous les films de Mann : les opposés s'attirent, irréversiblement, se regardent, se fantasment, se décident en fonction de l'autre. Hélas ce regard très humain est faussé par un frilosité très américaine : le sexe est représenté de manière trop cliché (le lit, la douche). Pour le coup, la télévision l'emporte sur le cinéma. Comme si Mann avait oublié que vingt ans s'étaient écoulés entre la série et ce que fait aujourd'hui le petit écran.

Le film prend son temps, s'installe. Peut-être trop. L'ennui n'est jamais loin quand les univers sont futiles et les situations factices. Avare en scènes d’action (à l'instar de la série), les quelques unes nous scotchent avec leur brutalité physique et sonore : on en reste totalement abasourdi, rêveur. Le fan de blockbuster en redemanderait. Le cinéphile s'en contera pleinement. Insatisfaction qui peut expliquer que le vice et la vertu parviennent difficilement à s'équilibrer lorsque l'on sort de la projection. Excellent ou correct ? Trop coupé ou magistral ? Le film oscille toujours dans cette schizophrénie qui fait désormais la marque du cinéaste : livrant sa dose d'effets pour remplir son contrat avec le studio, et cherchant à éduquer le public avec une tonne de détails véridiques, une image plus qu'étudiée, une psychologie qui n'a rien d'un dialogue à la Beavis and Butt-Head.
Le film doute ou hésite, à l'instar de son auteur. Piégé par de trop gros budgets pour être complètement libre, il souffre, du coup, d'une attente trop grande, entraînant un zest de frustration à chaque coup. Mais avec quelques idées jouissives (Gong Li par exemple) et un savoir-faire indéniable, Mann a eu le mérite de renvoyer sa propre série au hangar des ringards, sublimant du même coup son duo de flics de choc : comme si le cinéma ne servait qu'à muer en mythe une civilisation qui cherche à composer le vide urbanistique avec la richesse humaine, la morale et la corruption, la justice et son besoin inassouvi de mal et de crimes.
 
ninteen & redaction

 
 
 
 

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