Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La maison du bonheur


France / 2006

07.06.06
 



DU THEATRE AU CHANTIER

Le livre Bye Bye Bahia



- (Le téléphone portable sonne). « Oh, c'est ma femme qui appelle. Dans vingt minutes c'est demi-tarif, elle rappellera. »

Dany Boon incarne avec brio cet avare que le spectateur a envie de secouer dès le début pour lui faire entendre raison. Personnage que l'humoriste au « Waïka » connaît bien puisqu'il est tiré de La Vie de Chantier, pièce qu'il a écrite et jouée entre 2003 et 2004. Mais une fois Dany Boon passé derrière la caméra, on pouvait craindre le pire de cette adaptation au cinéma. Et on avait bien tort. Le plus parisien des ch'timis s'en sort plutôt bien. Habitué à mettre en scène des one man show, le changement de casquette au profit de celle de réalisateur – tout en étant acteur – n'a fait souffrir ni son écriture ni son jeu. Le film associe comique de situation à des répliques percutantes et bien senties, rythmant scène après scène sans perdre le spectateur sur le chemin du rire.
Contrairement à ce à quoi on pouvait s’attendre, la mise en scène reste loin du théâtre de boulevard, dans lequel on retrouve souvent un scénario totalement délirant avec un postulat de comédie folle et peu crédible. Dany Boon s’est efforcé de mettre l’accent sur le réalisme de sa comédie dans laquelle les spectateurs peuvent s’identifier aux personnages, sur la beauté de l’image avec un formidable travail de photographie en amont avec Jean Marie Dreujou, et sur la crédibilité de ses personnages. La structure de la pièce a donc changé de par la multiplicité des lieux (« sinon ce serait du théâtre filmé », dixit Dany Boon) et de par l’évolution des personnages dans l’écriture. Le côté théâtral demeure dans l’adaptation à travers la grandiloquence des dialogues et des situations, mais la mise en scène au sens théâtral du terme ne se fait pas sentir. Dany Boon admet à ce sujet que le travail de montage a été conséquent afin d’équilibrer les scènes les unes par rapport aux autres, pour éviter le travers des longueurs scéniques du théâtre.
Pour autant, le réalisme ne tue pas la fantaisie. Les différents lieux et décors sont au service des gags et du comique de situation. Même si ceux-ci sont parfois un peu téléphonés et si certaines situations frôlent l'excès (voire taquinent la lourdeur). Contrairement au théâtre où le dialogue fait l’essentiel du travail comique (ou presque), au cinéma la diversité des lieux amène un plus, qui peut parfois desservir le scénario. Par exemple, le fait même de prendre la maison en travaux pour lieu principal du film complique la tâche de l’écriture scénaristique, qui parfois tombe à plat. Les pots de peinture renversés sur le « parquet Louis XVI », les piliers du perron défoncés par la camionnette en marche arrière ou encore la chute de Daniel Prévost à cause d’un garde-corps mal scellé sont attendus comme le gel en montagne. Malgré tout, on ne peut s’empêcher de sourire lorsque Zinedine Soualem prend le faciès d’un pervers, sur les conseils de Laurent Gamelon pour devenir un séducteur. La passerelle entre le cinéma et le théâtre semble étroite. La mode d’aujourd’hui veut que beaucoup de réalisateurs adaptent des films pour le théâtre. Dernièrement, « L'école des femmes » a été mise en scène (et interprétée) par Coline Serreau, L'Emmerdeur, qui réunissait l'inoubliable duo Lino Ventura/Jacques Brel, est adapté au théâtre par Francis Veber, sans parler de l'adaptation de l’inoubliable Orange Mécanique et sans oublier la mise en scène de « Doute », une pièce contemporaine de John Patrick Shanley par Roman Polanski. Mais nombreuses sont les comédies de théâtre adaptées au cinéma qui ont connu un succès tant dans les salles obscures que sur les planches… Un air de famille, Un petit jeu sans conséquence, Le père noël est une ordure sont les exemples les plus marquants de ces trente dernières années. Comme dans La maison du bonheur, elles se sont reposées sur un casting parfait, des répliques mordantes faisant mouche à chaque coup et créant pour chaque personnage une aura mythique.

La Maison du Bonheur a un petit goût de comédie signée Francis Veber, où le personnage principal, haut en couleurs et à la verve facile, campe une position de comique malgré lui. Un rôle qu'avait l'habitude d'interpréter Jacques Villeret, sur lequel toute la misère du monde semblait toujours vouloir s’abattre. On sourit, on fronce les sourcils, on s'esclaffe parfois... On ne peut rester indifférent à ce film qui reste une comédie agréable, déguisant une jolie histoire d'amour.
A noter la participation de Zinedine Soualem (seul rescapé de la pièce d'origine) et Laurent Gamelon, qui s'avèrent être de véritables clowns dans le rôle des ouvriers de chantier, maladroits, fainéants et je-m'en-foutistes. Ils campent ici des personnages dignes de Laurel et Hardy, le costaud et le gringalet, à qui aucune bêtise n'est refusée dans le scénario. Sans complexe ni état d'âme, ils enchaînent gaffe sur gaffe l'air innocent, qui ne font qu'exaspérer Charles, à bout de nerfs, le poussant dans un état de stress et de dépression pathétique. Une situation désespérée qui pourrait donner mal au coeur à certains spectateurs.
On peut résumer cette comédie sociale par un mélange savant d'absurdité amenée par les mauvais ouvriers tout en restant ancré dans la réalité avec les problèmes d'argent et de couple très concrets qu'elle engendre. Une belle tranche de rire franchouillarde sans artifice mais efficace et à laquelle on s'attache sans trop de résistance.
 
Marie

 
 
 
 

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