Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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King Kong


Nouvelle Zélande / 2005

14.12.05
 



CRAZY KONG FOU





"- Je suis juste un acteur avec un fusil qui a perdu sa motivation."

"Suivez ce singe". Vraiment? Etonnons-nous de ne pas être surpris. Refaire un film mythique à sa sauce demande peut-être un peu plus qu'un simple lifting. C'est pas parce que c'est plus long (double durée quand même) et plus gros (10 mètres au bas mot) que c'est "plus bon". Certes, le divertissement est spectaculaire. Parfait pour faire passer un long samedi soir... Remis au(x) goût(s) du jour.
On comprend les motifs de Peter Jackson. Lui qui a voulu devenir réalisateur en regardant King Kong à la télé, ne pouvait désirer plus fort un film flirtant avec les genres cauchemardesques du cinéma. "Un film avec des monstres, c'est une série B." Et il est le Roi, l'Oscarisé de la série B, à l'instar des Raimi et Cronenberg, devenus populaires. Du coup, il y a énormément de monstres : des tas de bestioles répugnantes, féroces, des dangers mortels pour tout être humain (pas forcément moins barbare). De quoi construire une surenchère dans le suspens et surtout le nombre de maccabés. Fait pas bon d'être noir ou asiat d'ailleurs, vous êtes surs d'y passer. Discrimination "négative" ou loi de la jungle? Peter Jackson n'a pas ce genre de soucis moraux. Son King Kong se veut hommage au film des années 30. Contrairement à la version des seventies, érotisante comme l'exigeait la période, nous sommes là dans un pur décalque, technologies en bonus. Pas de nénés. "Cecil B. De Mille n'en avait pas besoin." Un peu court pour expliquer le puritanisme désuet du film, pour ne pas dire anachronique avec notre époque. Mais Jackson est resté un grand enfant. Préfère faire "mumuse" avec ses joujoux.
Or, King Kong "c'est du chiqué". On le voit bien, nous, que l'acteur principal n'est pas au milieu des dinosaures, contrairement à ce mensonge éhonté que veut nous faire croire le cinéaste. Mise en abyme désastreuse où l'acteur doit aller au contact des créatures virtuelles pour faire croire aux spectateurs du film (celui dans le film et celui que nous voyons) que tout est réel. Car, à n'en point douter, Jack Black et Peter Jackson ne font qu'un. La doublure incarne un cinéaste obstiné, dément, fervent, transporté par la foi en son métier. Quitte à y perdre son sourire dans une affreuse culpabilité qui le ronge (hélas superficiellement). Cet homme sauve la caméra pas ses techniciens, promet les recettes aux familles des défunts et se fait photographier avec les financiers requins. Portrait peu flatteur.
D'autant que le film n'est pas forcément digne de Jackson, qui pour le coup, nous impressionne moins. La faute à un scénario trop simpliste, sans consistance. Si vous avez un Q.I. de gorille, vous comprendrez tout. Tout est dit, même sur le passé du sergent instructeur. Dialogues démonstratifs. Remplissage même quand le héros s'oblige à parler pour signifier ce que sa promise doit faire. Plans inutiles : hommage involontaire au cinéma d'antan un peu kitsch? La star toujours bien maquillée même après une nuit dans la jungle? Difficile d'être moins réel. Finalement, quitte à prendre des références aux films d'horreur des années 30, Wallace et Gromit se débrouillaient mieux.
King Kong est bancal, usant des recettes récentes du cinéma, des clins d'oeil pour aficionados et d'un manque d'originalité. Inquiétant. De Jurassic Park (1 et 2) à Harry Potter (2), en passant par sa propre filmographie, le réalisateur ne sort pas des sentiers (à peine sauvages) battus. Il nous ressert les plats : parcours du combattant obligé avec les méchants sauvages, dinosaures, les bêtes arachnides, ... "C'est toujours comme ça avec les cafards. On les noie dans les toilettes. Ils remontent par la cuvette." Donc, quand y en a plus y en a encore. Et quand rien ne peut sauver nos héros, des sauveurs inattendus arrivent! "Personne n'est mort en vain." C'est à voir. Le spectateur souffre parfois d'images frénétiques de combats et de plans plus complaisants sur les victimes. De peur qu'on n'ait pas compris que le mec il était mort. De peur de quoi d'ailleurs? On a rarement les jetons. Espérons que nous n'étions pas censés être tendus ou effrayés devant certaines scènes car on en rigole tellement c'est énorme. Notamment, cette séquence, de lion la plus captivante en terme d'action, avec les T-Rex qui n'en finit pas... Confuse mais ingénieuse.
Pourtant la force de Kong est ailleurs, loin justement des artifices et des effets spéciaux. Pas si réussis. Les layers posent problème, créant une distance entre les personnages et un arrière plan trop factice. Certaines scènes manquent de réalisme. Les mouvements du gorille sont trop légers, manquant de densité. Syndrome Hulk.
Le syndrome de Stokholm nous intéresse davantage. Car le duo de la belle et la bête demeure le coeur de cette histoire, et ce qui fonctionne le mieux. Dès que la blonde est lâchée en pleine nature, la caméra frétille, le scénario virevolte. La meilleure séquence est d'ailleurs celle où l'actrice fait le clown devant le primate transformé en spectateur. Peu d'effets, mais l'art (muet) d'exprimer les sentiments les plus justes. Un quadrumane romantique et une femme émancipée (ça vaut Dussollier et sa chèvre). Naomi campe la belle avec assurance, et justement, retrouve le jeu de ses collègues d'antan pour mieux faire passer cet expressionnisme des débuts du parlant. Elle est aussi très bonne dans la catégorie blonde effrayée poussant un cri dans la nuit. Grâce à son kidnappeur, elle a trouvé un sens à sa vie dans cet exotique retour à la nature.
L'ironie de ce duo rend le film plus pétillant. Pensez un mari jaloux et possessif comme Kong, ça donne une chasse à l'homme plus trépidante. Qui, de l'intello "théâtreux" ou du macho poilu va conquérir Miss 100 000 Watts? Dans des ciels dignes de Titanic (même soleils couchants sur la proue du bateau), mais sans le fameux "i am the King of the World" (mais pensé tellement fort...), le film s'aventure surtout dans l'eau de rose, avec sensiblement la même construction : une heure d'installation, une heure d'action, une heure de dramatisation.
Mais Titanic nous bluffait là où King Kong n'est qu'une série Z (assumée) un peu enflée. Une farce à l'image de ce spectacle offert par Black devant le tout New York : une reconstitution en toc d'un périple chez les sauvages. Il n'y a bien que la New York des années 30 qui soit fascinante visuellement. Mascarade tantôt burlesque (le nom de la salle porno où Black croise Watts) ou grotesque (conclusion du passage sur l'île énoncé par ce même Black). En cela, le choix de l'acteur, comédien drôle, est astucieux. Il y a quelque chose de parodique dans ce remake. Comment peut-on prendre au sérieux un film qui s'enorgueillit de mélanger le réel et le fantastique alors qu'aucun des protagonistes n'est atteint par le mal de mer ou une maladie tropicale? Tout est trop soft. Un bestiaire numérique, une souffrance humaine clichée. Même sur le final. Nul ne doute que Watts finira avec une pneumonie vu son décolleté et la température extérieure. Cela permet une jolie chorégraphie façon Holiday on ice... Il manque, assurément, un regard plus profond, plus moderne, plus passionné.
Celui de Kong a évolué dans le bon sens grâce à l'interprétation de Serkis. Celui du réalisateur semble trop respectueux d'un film qui l'écrase du début à la fin. Rythmé, le remake de ce gorille dans la thune est un de ces gros shows très attendus qui laisse insatisfait, sauf les vendeurs de pop corn et de préparation H.
 
vincy

 
 
 
 

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