Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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L'empire des loups


France / 2005

20.04.05
 



RENO TETE DE TURC ?





Il faut tout reprendre à zéro

On parle beaucoup de baisse des impôts sans en voir la couleur, c’est peut être ce qui a poussé Jean Reno à accepter ce film. Les précédents opus cinématographiques tirés des livres du Sieur Grangé n’étaient déjà pas très bons : on est avec ce film encore au dessous. Jean y fait du Reno à moins que ce ne soit l’inverse : il fait exactement ce que l’on attend de lui, au point qu’on en vient à se demander si le film n’a pas été rendu possible que par sa présence, pourtant minimale. Un film à l’américaine mais dans le mauvais sens. Ca gicle, ça tue, ça tranche et ça mélange tout et n’importe quoi. La communauté turque est montrée ici sous un aspect peu reluisant (c’est le moins qu’on puisse dire) : les Turcs sont soit des exploiteurs de femmes, soit des criminels nationalistes de la pire espèce. Ce qui au niveau choix est assez limité. Le milieu turc du Xe arrondissement de Paris n’est que survolé et n’apprend rien au spectateur qui ne connaît pas l’ambiance toute particulière de ce qui peut se passer du côté de la rue du Faubourg Saint Martin. Mais qu’est ce qu’a voulu montrer Chris Nahon ? Le film mêle l’enquête policière, le fantastique (les manipulations sur le cerveau), l’exposé idéologique, la pseudo description d’un milieu…et au bout du compte tout est embrouillé et on ne comprend plus grand-chose à ce qui se passe : nos neurones de spectateur ne suivent pas. Le jeune flic Nerteaux au grand cœur joué par le sympathique Jocelyn Quivrin (et qui au final tire plutôt bien son épingle du jeu dans ce film assez platement joué) face à l’ancien Jean Louis Schiffer (Reno), aguerri et fin connaisseur du milieu turc parisien, aux méthodes fort peu orthodoxes : même si cela est un cas de figure classique, l’essentiel de l’intérêt du film réside là. Le reste est peau de chagrin, caché par une réalisation menée tambour battant avec un montage rapide et des coups de poings ou égorgements propres à masquer une évidente faiblesse de scénario. Nahon est un bon faiseur et se vend comme tel. Mais le réalisateur n’arrive pas à faire un film de genre. En regardant le film, on pense inévitablement à l’influence d’un certain cinéma américain, à Seven par exemple. Et comme Schiffer le dit : « les loups sont entrés dans Paris » et Nahon nous montre que c’est par la Porte Saint Martin…. On retrouve cependant la délicieuse Laura Morante que l’on avait pas vue depuis quelques temps sur les écrans français : dans le rôle d’une psychiatre des beaux quartiers, elle est ma foi fort convaincante et son délicieux petit accent italien y est sans doute pour une part. On aperçoit un vieux de la vieille auquel on fait appel quand on a besoin d’un russe et ici en l’occurrence d’un turc, en tout cas qui « fasse étranger » : Vernon Dobtcheff dans le rôle d’une espèce de patriarche chef de réseau pas clairement défini, tapi au fin fond de la Cappadoce. Ce qui permet au passage de voir des paysages magnifiques. Tout le film est saupoudré d’effets spéciaux plus ou moins réussis et plus ou moins utiles. Un peu partout ce long métrage nous est présenté comme un film évènement et il est vrai que nous sommes en présence d’une grosse production de la Gaumont (on parle d’un budget de 24 millions d’euros) où la patte de Luc Besson se fait (presque malheureusement…) sentir à travers les Films du Dauphin, coproducteurs du film. Alors on en a plein la vue pour le prix de son billet, même si l’adaptation du livre de Grangé oublie beaucoup de choses au passage. Et réussit ce tour de force de rester tout de même très complexe par rapport à un roman qui l’est encore plus. Un roman que l’auteur avait annoncé « mêlant fantastique et milieu turc » (mélange osé s’il en est). La Turquie, pourtant beau pays, ne sort pas grandie du film, ce n’est sans doute pas le moment et on reste dans des clichés des plus regrettables et dommageables : les scènes finales sont littéralement grotesques avec l’assaut façon GI de la police française (totalement surréel, une sorte de quatrième dimension, en moins bien) et comme dirait un de mes amis « on est en pleine série Z. » Alors au final que reste t il ? Un film qui se laisse voir, une pierre de plus à l’édifice d’un style « film de genre français » encore peu solide ma foi. Un film annoncé avec un grand battage médiatique (par exemple un site internet fort bien fait mais le film est largement au dessous par rapport à ce qu’on nous y promet), genre « évènement cinéma français de l’année » (déjà on pouvait avoir des doutes…) et uniquement pour les fans de Grangé, de son univers et de Jean Reno.
 
Olivier

 
 
 
 

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