Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Bringing Down the House (Bronx à Bel Air)


USA / 2003

06.08.03
 



LA PRINCESSE DE BEL-AIR





"- Papa, c’est quoi la gaule ?
- C’est un pays !
"

King Martin contre Queen Latifah. Le vétéran de la comédie de bon goût se confronte et se frotte à la pionnière des rappeuses et matrone des ghettos. Autant se dire que nous nous attendions à quelque chose d’explosif. Mais, au lieu de feu d’artifice, nous voici avec un pétard mouillé. De quoi s’inquiéter sur l’avenir des comédies américaines qui formatent les plus charismatiques des comiques, qui stérilisent toute impulsion humoristique, qui castrent toute singularité narrative.
Point de Bronx mais beaucoup de beaux airs. Le film reste pourtant dans un cadre volontiers caricatural et ne transgresse jamais la morale. Le final en sera la meilleure preuve. D’un point de départ très contemporain (la drague par Internet, sujet prétexte mais idée abandonnée au bout de 10 minutes), nous aboutissons à un point de vue conservateur typique des années Bush. Il y a d’un côté les blancs, bien propres, bien soignés, et bien habillés. Les gens qui parlent bien. Une caste qu’on sent sur la défensive, en perte de vitesse après avoir perdu leurs valeurs. De l’autre, les noirs, les moches, les étrangers, un peu bordéliques, pas forcément sveltes, et sexuellement ouverts à des jeux bizarres. Une communauté bouillonnante avec ses propres codes, et qui tente d’imposer certaines de ses règles. Avec un peu de subversion, cela aurait donné un bon pamphlet sur le communautarisme, des uns comme des autres. Au lieu de cela, tout le monde reste en famille, entre gens qui se comprennent.
La notion de famille est un peu plus ouverte à la fin qu’au début, mais à peine. C’est du coup le spectateur qui est à la peine. D’avoir subit tant de poncifs et de clichés dans le seul but de voir un père de famille comprendre la vie à cinquante ans (trop de travail tue l’amour). Cette Amérique déséquilibrée est en cela parfaitement incarnée par un Steve Martin qui s’essaie à jouer les rappeurs blancs type Eminem et une mama Latifah qui tente de s’intégrer à un système auquel elle veut croire. Pax Americana. Les WASP se sentent menacés, gèrent leur fric et leurs acquis, au point d’atteindre le summum avec le personnage de Joan Plowright, truculent avec son racisme politiquement incorrect. Le pire est bien que certains jeunes cons à cols blancs croient encore à ce monde. Mais le réalisateur est tout aussi critique vis-à-vis des Blacks qu’il filme comme s’ils étaient sortis d’un clip vidéo de rap (le bordel dans la villa). Et pourquoi avoir rajouté cette histoire de machination dans un scénario qui n’avait pas besoin de flingues et de violence ?

Tout cela est très convenu, et même schématique, dépourvu de singularité et de surprise. Si bien que les deux tempéraments principaux ont peu d’espace pour respirer. Latifah surjoue la plupart du temps et ne s’éclate que lors d’une baston avec une pétasse snobinarde. Quant à Martin, il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il improvise. Leurs scènes ensemble ne manquent pas de panache : le chabadabada au champagne ou la danse au resto montrent le potentiel qu’on pouvait tirer d’un tel couple inapproprié. Car leurs personnages étaient intéressants : cyniques, malins, tordus, requins... Personne n’est vraiment gentil dans cette histoire. Script un peu facile, seconds rôles toujours bien écrits, répliques déjà entendues (Steve Martin traité de fromage blanc coincé fait écho à Nick Nolte dans 48 heures appelé Face de craie), humour bloqué côté cul ("S’envoyer une black ça vaut dix prozacs"), cette comédie ne restera pas dans nos mémoires, et nous fera regretter les films similaires mais combien plus drôles des années 30 et 40. Bien sûr, cela se laisse regarder, ça nous détend. Mais on ne rit pas. Et tout s’oublie vite. Trop superficiel (comme un e-mail), le film échoue sur tous les plans : on ne croit pas à une autre Amérique possible, puisque le métissage n’a pas vraiment lieu, et l’enquête, censée être le fil conducteur, nous laisse indifférent. Le web sert de fournisseur de relations humaines, et le téléphone devient un véritable obstacle au dialogue. C’est tout ce que nous aurons retenu de ce film très bavard, pas charnel et bien trop peu psychologique. Bref un produit de son temps.
 
vincy

 
 
 
 

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