Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Bend it like Beckham (Joue-la comme Bekcham)


/ 2002

20.11.02
 



LES 3 J





"-Chéri, tout ce que je dis c’est que la Spice Girl musclée est la seule sans mec. "

En lisant le synopsis, la première crainte est voir un film-concept composés d’éléments à la mode. L’intégration des Indo-pakistanais en Angleterre, le conflit trans-générationnel des immigrés, le football, le rêve d’Amérique... De quoi fuir le terrain et changer de stade. Heureusement cette cuisine fusion entre les cultures, un mélange de Mira Nair et de Mike Leigh si l’on voulait être caricatural, fait bien monter la sauce, malgré quelques clichés inévitables. Le plaisir à suivre les interrogations, les pulsions, les motivations de Jess tient en grande partie au charme, à la justesse et à la prestance de la comédienne, Parminder Nagra. Le film va la conduire de l’adolescence à l’âge adulte, l’élève va choisir sa voie, la fille va quitter son nid, l’hindoue va s’occidentaliser. Le tout, en assumant chacun de ses choix. On se rapproche en fait davantage, même si ici le registre est comique, de Billy Elliot. Il y a un rêve à assouvir, quitte à affronter sa communauté et les préjugés. Le ballet pour un fils de mineur, le foot pour une fille Indienne. Les deux cultivent en secret leur folie de vouloir quitter le cadre étouffant de leur ghetto, et le moyen d’y échapper, que ce soit par un art ou par un sport. Tout se fait à l’insu des parents, mais forcément avec leur assentiment. En fait les préjugés, la rigueur d’une culture ou d’une éducation, se confrontent vite à la richesse des sentiments, à la complexité de la vie, aux hasards du monde. Si le film touche moins que Billy Elliot, il reste, dans la lignée de East is East (Fish & Chips), une belle illustration du métissage, de la jeunesse et des interactions avec la génération précédente.
Gurnider Chadha a d’abord écrit un scénario qui a la virtuosité d’un match bien calculé, sans omettre une seule figure de style. L’équilibre est parfait et le but marqué au final très bien amené. La Vérité si je mens, sans l’outrance. Déchirures, déceptions, trahisons, mensonges, confidences..., tout y passe, de l’amour pour Joe à l’amitié pour Jules, du sentiment de ne pas être à la hauteur à la foi qui déplace les montagnes. La réalisatrice marque des points lorsqu’elle soulève tous les problèmes liés aux préjugés : la féminité chez une sportive, l’homosexualité chez les hindous, les relations amoureuses interraciales, la responsabilité familiale dans une société influencée de toute part.
Des fêtes et défaites ponctuent cette histoire qui allie les bons mots, la revendication d’une culture populaire, des seconds rôles cocasses (notamment ces pétasses consuméristes telles des harpies sorties de Cendrillon et bien entendu les parents de Jules). Le montage, habile, pallie une mise en scène sans éclat. Même les séances de foot sont assez peu originales. Ce qui parfois nous dévie un peu de notre complicité avec Jess. Parmi les autres défauts, on peut regretter que la musique soit un peu trop présente, notamment toutes ces chansons du Top 50 mixées façon hindoue.
Heureusement, le sentiment de fraîcheur l’emporte, et l’humanisme ambiant nous rend positif. Jonathan Rhys Meyer complète merveilleusement sa palette déjà assez large de personnages variés. Tous les comédiens apportent une intensité réelle à leur rôle. Le cocktail est parfois explosif et épicé. On regrettera peut-être cette tentation à l’américanisation. Quand à Beckham, idole vénérée, il passe du statut de Dieu confesseur à celui qui bénit l’Angleterre " d’en bas". Avant tout, Joue-la comme Beckham est en effet une simulation. On joue comme, mais on n’est (naît ?) pas comme. Le film entretient l’espoir. Ce qui en ces temps pessimistes n’est pas le pire des remèdes.
 
vincy

 
 
 
 

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