Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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DreamWorks  



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Shark tale (Gang de requins)


USA / 2004

13.10.04
 



LE MONDE DU BRUIT





"- Fifty-fifty? T'es d'accord?
- Non, et toi?<
> - Non plus.
- Tope-là!
"

C'est un peu Némo revu et corrigé par les producteurs de Shrek qui veulent faire plaisir au trio des seventies : Spielberg, Coppola et Scorsese. Rien que ça. Ici point de belle et hilarante histoire du papa qui affronte tous les dangers pour retrouver son fils. Le récif de corail se déguise en bas fonds d'une New York sous marine. De Car Wash à Taxi Driver, du Parrain à Columbo, en passant par Benny Hill, les années 70 imprègnent le scénario et les "jokes". Mais il ne faut pas oublier la citation maison, Sentiers de la perdition et autres Seabiscuit, productions DreamWorks. C'est un peu gênant, mais plus qu'amusant. L'inévitable clin d'oeil à Jaws reste le meilleur pastiche de tout le film... car le plus approprié.
Aussi faut-il nous poser la question (Analyze This faisant partie des films parodiés) sur l'originalité de Shark Tale. Car le traitement est très proche de la saga Shrek et nous interroge. Or, à force de pasticher et de pomper répliques classiques sur séquences cultes de films atemporels, qu'apportent ces films d'animation? Rien de spécial : le scénario est convenu, les personnages déjà vus, et finalement il n'y a rien de neuf 20 000 lieues sous les mers. Dans 30 ans, personne ne pensera à parodier Shark Tale. A l'instar des émissions de télévision reprenant les extraits les plus drôles et dont personne ne reprendra ne serait-ce qu'une seconde dans quelques années... Cela n'empêche pas d'avoir du plaisir dans cette virée sous marine, plus bavarde, moins cinétique et même moins universel que Némo. Très codé années 70, cette comédie ultra-colorée, pour ne pas dire flashy, funk dans l'âme doit tout son génie au casting. Chaque protagoniste a les traits de sa voix américaine (avec mention à Black, De Niro, Smith et Jolie). C'en est presque gênant. Quel est l'intérêt artistique de déguiser Scorsese en poisson ballon, dans un rôle à la Joe Pesci? Cependant voir De Niro en requin est un régal. Car ici on est bien dans le Manhattan de son pote Marty et pas dans celui de cette mauviette de Woody. Nous sommes immergés dans un monde où les méduses tueuses sont rasta et fans de Bob Marley. Toujours ces seventies... Peace and love, voilà le topo. Tout ça à cause d'un requin végétarien (mais sans le délire des requins de Némo, en cure de désyntox).
A défaut d'être hilarant, c'est délirant. Parfois un peu grossier dans les liens avec les films auxquels il rend hommage. Parfois trop américain dans sa vision du monde (les marques sont omniprésentes et sont 100% Oncle Sam; à noter l'excellent jeu de mot de Gap, remplacé en Gup*). Aussi l'intérêt est ailleurs. Dans cet inceste entre la célébrité, la médiatisation, la manipulation et la paranoïa. Dans ce mix de poissons tarés, on retrouve tous les ingrédients d'une civilisation qui se fabrique des héros menteurs en jouant sur la peur des autres. Suivez mon regard... Il est aussi dans ce personnage de requin non violent, un peu transgenre sur les bords (il aime se déguiser en dauphin), qui devient le héros malgré lui. De poissons clowns en poissons marteaux, l'arrière plan est beaucoup moins léger même si tout semble y flotter.
Un cran en dessous du Pixar ou de l'ogre vert de ses congénères de chez DreamWorks, Shark Tale est "cinéphiliquement" captivant et visuellement peu ambitieux. Cependant, le rythme est alerte et vif.
Comme d'habitude, c'est dans les dialogues que se cachent les bons moments. Heureusement car le film, avec Will Smith et De Niro il ne faut pas s'étonner, est bavard. Irrévérencieux jusqu'au bout des nageoires et pourtant si "poissonnement" correct (la morale est plein de bons sentiments). Rien de subversif, juste de la nostalgie (au temps où le cinéma était grand?). De quoi s'éclater sans avoir besoin de sortir le masque à oxygène. Et si vous n'êtes pas d'accord avec la critique (qui fait la fine bouche, comme d'habitude), je vous autorise à me lancer l'insulte suprême : "-Espèce de mollusque!"

* Gup c'est le nom de ces petits poissons très colorés qu'on garde dans les aquariums domestiques.
 
vincy

 
 
 
 

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