Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


Warner bros.  

Production : Participant Productions, Film 4M, Section 8
Distribution : Warner Bros.
Réalisation : Stephen Gaghan
Scénario : Stephen Gaghan, d'après le livre de Robert Baer
Montage : Tim Squyres
Photo : Robert Elswit
Décors : Dan Weil
Musique : Alexandre Desplats
Durée : 128 mn
 

George Clooney : Bob Barnes
Matt Damon : Bryan Woodman
Alexander Siddig : Prince Nasir Al-Subaai
Jeffrey Wright : Bennett Holiday
Chris Cooper : Jimmy Pope
Christopher Plummer : Dean Whiting
Amanda Peet : Julie Woodman
Mazhar Munir : Wasim Khan
Tim Blake Nelson : Danny Dalton
Max Minghella : Robby Barnes
 

site officiel français
 
 
Syriana


USA / 2005

22.02.06
 

La CIA est un objet de fascination pour Hollywood. Entre complots et controverses, l'agence américaine est représentée comme une machinerie cruelle et parfois jouant contre son camp.. Les trois jours du condor en fut l'exemple le plus symbolique dans les années 70. On pourrait aussi signaler l'agent Cary Grant dans Charade ou l'adaptation du best-seller The Quiet American sur les manigances au Vietnam. Mais à compter des années 90, la CIA est devenue une star : les Jack Ryan (de A la poursuite d'Octobre Rouge à La somme de toutes les peurs), les versions cinématographiques de Mission:Impossible, des thrillers paranoïaques (The Long Kiss Goodnight, Conspiracy Theory) , des productions plus dramatiques ou politiques (Air America, Wag the Dog). Elle est loin d'avoir le beau rôle. Depuis quelques années, en réaction aux révélations sur son impuissance et ses erreurs (notamment le 11 septembre 2001), Hollywood se déchaîne. Les scénarios s'en moquent (Meet the Parents) ou dévoilent ses stratégies obscures et cyniques (les Jason Bourne, Spy Game). Ou même Confessions of a dangerous mind qui fantasmait sur une CIA illusoirement messianique. George Clooney ou Matt Damon, donc, ont déjà participé à cette attaque en règle de l'administration pleine d'espions. Mais Syriana met la pression, un cran au dessus. Entre intérêts stratégiques énergétiques, coup d'état, et lutte contre le terrorisme islamiste, le film se charge de dénoncer des méthodes inadéquates pour régler les problèmes du monde, et des Etats-Unis en particulier. A trop oublier les hommes de terrain, à tout gérer technologiquement et à distance les conflits, à privilégier les intérêts américains à court terme, la CIA se plante, et fait plus de mal que de bien. Syriana, dans la lignée des productions "politico-divertissantes" récentes comme Lord of war, Munich ou The Constant Gardener, ambitionne d'expliquer les errements de la stratégie du gouvernement américain et des multinationales et de faire comprendre les racines du mal...




Syriana, mine de rien, a réussi à équilibrer son budget de 50 millions de dollars, simplement dans les salles nord-américaines. Nommé deux fois aux Oscars (scénario original, second rôle masculin), un Golden Globe pour Clooney, un prix du National Board of Review pour le meilleur scénario, la Guilde des acteurs a aussi nommé Clooney et celle des scénaristes Gaghan. Bref le consensus est global : le film est un bon script, bien interprété. L'ensemble assure une publicité récurrente, et permet au film de rester à l'affiche depuis 3 mois... Le même Clooney, avec Good Night and Good Luck, dont il est à la fois réalisateur, scénariste et interprète, apparaît comme l'artiste le plus en vue pour s'opposer aux politiques de George Bush Jr. Top crédibilité. Pour le personnage, il a pris 18 kilos en mangeant des pâtes, mais n'a pas voulu se raser la tête. Le surpoids lui a causé une blessure en effectuant une cascade sur le tournage, entraînant des maux de tête qui l'ont empêché de faire la promo d'Ocean's 12. De Dubaï au Texas, de Washington à Casablanca, en passant par Genève, le film se tournait à l'automne 2004, tandis que le Sodebergh envahissait les écrans. Il retrouvait ainsi Matt Damon (ils n'ont que trois scènes ensemble dans Syriana).Avec sa franchise habituelle, le Roi George a jugé ce gain de poids stupide, pense qu'il n'aura aucun Oscar, et continue de narguer la presse people avec son célibat assumé.
Dans le film, il est censé être marié à Greta Scacchi et père de Max Minghella (le fils d'Anthony Minghella). Les scènes de Scacchi ont été coupées, tout comme celle de Michelle Monaghan (pourtant un personnage loin d'être secondaire). Le DVD montrera sans doute la version initiale du film, de près de trois heures..."Nous vivons une époque complexe et difficile, et j'ai souhaité que cette complexité se reflète concrètement dans Syriana, y compris dans sa narration. Il n'y a ici ni bons ni méchants, nos personnages ne suivent pas un itinéraire classique, les intrigues ne débouchent pas sur une morale édifiante, et si les questions restent ouvertes, c'est avec l'espoir que ce film laissera une trace plus durable" se justifie le scénariste et réalisateur Stephen Gaghan, Oscar du meilleur scénario pour Traffic. C'est d'ailleurs Steven Soderberg qui lui donna le livre de Robert Baer, "See No Evil (La chute de la CIA : les mémoires d'un guerrier de l'ombre sur les fronts de l'islamisme)", chronique des expériences d'un agent de la CUA de 1976 à 1997. Le producteur Clooney souligne : "C'est un récit fascinant, mais, plus, nous passions de temps à le décortiquer, et plus nous voyions se profiler d'autres histoires, toutes dignes d'être racontées. Nous avons dès lors envisagé Syriana comme une réplique à ces films du milieu des années 60 ou du début des années 70 qui avaient le cran de présenter les échecs du gouvernement comme notre échec collectif et pas seulement comme celui d'un parti ou d'une faction."
Très vite le film se rapproche d'une narration proche de Traffic dans sa multiplicité et de The Hours pour ses transitions. "Syriana désigne, dans la lange des tacticiens de Washington, un très hypothétique remodelage politique du Moyen Orient. Dans notre film, le mot revêt un sens plus abstrait. Syriana désigne le rêve fallacieux de refaire des Etats nations à notre image : c'est un mirage." Illusions peuplées de 70 rôles "parlants", dont des comédiens oscarisés comme William Hurt (A History of Violence), Chris Cooper (Jarhead), mais aussi des acteurs de toutes nationalités, ne parlant pas la même langue (urdu, français, hindi...). Clooney du même apprendre l'arabe. Certains sont moins connus du grand public comme Bennett Holiday (Angels in America, Basquiat, Broken Flowers), Tim Blake Nelson (O Brother), Amanda Peet (Tout peut arriver, Identity, Melinda et Melinda), Christopher Plummer (Alexander, Révélations, La mélodie du bonheur), Alexander Siddig (Kingdom of Heaven, Vertical Limit). Mais aussi le français Jocelyn Quivrin (L'empire des loups), le jeune Mazhar Munir (pour le rôle du kamikaze Wasim), le prince rival incarné par Akbar Kurtha (vu dans Esther Kahn), le jordanien Nadim Sawama (ici l'Emir, mais sinon vu dans un James Bond, The Avengers).
Syriana, pour finir, a une musique (nommée aux Golden Globes) composée par le français Alexandre Desplats à qui l'on doit les partitions des films de Jacques Audiard, La jeune fille à la perle, Birth, Casanova...
 
vincy
 
 
 
 

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