David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles.



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Le bluff ou le beauf?

Le livre Bye Bye Bahia



Devenir star pour Les Nuls. Ou le manuel de tout ce qu’il faut faire pour accéder au statut de célébrité… Le parcours du jeune Shia LaBeouf pourrait servir de modèle. Né dans les programmes TV de l’après midi du Disney Channel (La guerre des Stevens), flânant de séries en séries (Les anges du bonheur, X Files, Urgences, …) puis s’invitant en second rôle dans des films aussi mémorable que Dumb & Dumberer, Drôles de Dames épisode 2, Constantine ou I, Robot, Shia LaBeouf fait discrètement connaître son visage aux spectateurs de SF, comédies, films familiaux, et autres blockbusters ou films d’auteur. Bref peu marquante, sa carrière, jusqu’en 2006, ne se distinguait en rien d’autres comédiens prometteurs. Alors qu’est-ce qui a fait la différence pour qu’en 2007 il devienne, à 21 ans, la star de l’année ?

Le dosage est subtil, à la fois temporel et chanceux. Il incarne un mec sous acide dans un trip déjanté dans Bobby. A force d’avoir vécu « Mon père, son héro », il savait à quoi ressemblait les délires de toxicos. Le film est maté par les professionnels en quête du film à Oscars et lui permet d’être enrôlé dans une production DreamWorks, un thriller aux airs de Fenêtre sur cour, Disturbia. Le film ne coûte pas cher, sort en pleine saison creuse, et se transforme en succès du moment. C'est-à-dire rentable pour le producteur et remplissant les salles des exploitants. Surtout, LaBeouf ne s’affiche pas dans un film d’horreur, une comédie ou un film ciblé adolescent. Il s’agit d’un thriller adulte, avec des dialogues en grande partie improvisés, qui tient la tête du box office durant un mois. Et ce, à quelques semaines de la sortie d’un des « mega » blockbusters estivaux, Transformers. On ne peut pas rêver de meilleure rampe de lacement : une notoriété grandissante, un visage frais, l’acteur tendance. Là encore, c’est DreamWorks qui est aux manettes, et Spielberg produit ce film de Michael Bay. Impressionné par sa performance, Steven Spielberg, avant même que Transformers ne mue en énorme hit, choisit le « gamin » pour accompagner Harrison Ford dans un quatrième Indiana Jones. Autrement dit, en une saison LaBeouf a été la vedette d’un petit film à gros succès, d’une production gigantesque aux recettes faramineuses, du tournage le plus attendu des cinéphiles et cinévores… Une conjoncture qui est assez similaire à celle de Will Smith qui avait enchaîné Bad Boys, Independance Day et Men in Black. Un thriller, un film de SF, et une comédie d’aventure… Un coup de bluff, adoubé par l’un des maîtres d’Hollywood.

Comme Smith, LaBeouf a tout du mec cool, banal, passe-partout, le pote du voisin. Californien, enfant de la balle, ni grand ni petit ni beau ni atypique, il le confirme : « Je ne suis pas Adonis. Mes acteurs favoris (Hoffman, Turturro, Hanks) ne le sont pas non plus. » Seul élément intriguant : son nom. Shia LaBeouf c’est imprononçable. Shaï-euh La-Beuf en français dans le texte. Une histoire de « ouf » qui prend racine dans un arbre généalogique où le cajun se mélange au beatnik, le judaïsme au cirque, le hippie à la danse classique. Il grandit dans un milieu coloré et vif, dans els volutes de cannabis de son père, au cœur du quartier latino-afro-américain de L.A., où il est le seul blanc du Lycée. De quoi prédisposer à un imaginaire fertile, surtout lorsqu’on déteste l’école. Ce mec aime le sport, joue de la batterie, a deux chiens, se fait des orgies de films (d’American Beauty à Hitchcock, de Dumb & Dumber à Peckinpah), fume des clopes (c’est subversif ça), écoute du hip hop et Led Zep, conduit une Nissan. Limite Shia « Le Beauf ». A côté de cela, il tourne des courts métrages entre copains, pratique sa religion avec ferveur, revendique des goûts très précis en terme de carrière. Un vrai pro. Il répond exactement ce que les médias veulent de lui. Des références culturelles bien réfléchies aux gros mots bien spontanés. Lucide. Avec une petite perversion pour les filles mystérieuses, sombres, limite gothiques. Cristina Ricci est dispo ?

Ce professionnalisme, jusque dans son jeu pour le moment classique et efficace, lui facilite son ascension. Entre insipidité et crédibilité, l’avenir n’est pas encore tout tracé pour que l’on soit épaté. Son cachet ne dépassait pas encore les 7 chiffres avant les 300 millions de $ de Transformers (il a signé pour une trilogie). Il va devoir être attentif à ne pas se métamorphoser en chair à dollars. Quand on l’interrogeait sur les effets de la célébrité, il répondait invariablement : « je vous le dirai quand je le serai. » Le désormais « famous guy » va devoir trouver une autre réplique...

vincy


 
 
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