Cannes 2015: Qui est Tadanobu Asano ?

Posté par MpM, le 19 mai 2015, dans Cannes, Festivals, Films, Personnalités, célébrités, stars.

Tadanobu AsanoSéduisant, Tadanobu Asano l’est assurément, avec son air rebelle, son regard effronté et sa gueule d'ange déchu. Mais pour se distinguer des falots pop-idols qui se battent pour avoir sa place, il a opté pour un détachement qui transpire jusque dans la moitié de sa filmographie. Depuis ses débuts, le comédien alterne en effet les rôles de personnages gauches et paumés avec des compositions plus extériorisées de psychopathes borderline.

Qui est-il vraiment ? La légende veut qu’il soit dans le privé un homme simple, père modèle et rangé, dont les seuls excès consistent à chanter dans le groupe Mach 1.67 qu’il a créé avec le réalisateur Gakuryû Ishii. Devenu acteur un peu par hasard (il refuse d’ailleurs toujours le terme) lorsque son père, agent de comédiens, lui obtient un rôle dans un série télévisée, il se fait remarquer pour la première fois en 1993 dans Fried Dragon Fish de Shunji Iwai. Il a vingt ans, et le cinéma ne semble attendre que lui.

Dans la décennie qui suit, on le retrouve chez Kore-Eda (Maborosi, Distance), Shinji Aoyama (Helpless), Ishii Katsuhito (Shark Skin Man and Peach Hip Girl, Party 7), Nagisa Oshima (Tabou) et Takashi Miike (Ichi the killer). Rien qu’en 2003, il est à l’affiche de quatre films asiatiques de premier plan : Café lumière de Hou Hsiao-Hsien dans lequel il dirige une boutique de bouquinistes et enregistre à ses heures perdues le bruit des trains qui traversent la ville ; Jellyfish de Kyoshi Kurosawa, où il incarne un jeune homme obsédé par une méduse et sombrant dans une folie criminelle ; Last life in the universe de Pen-ek Ratanaruang qui le met en scène en jeune homme mutique et suicidaire (encore) confronté à une violence qui le dépasse ; Zatoichi de Takeshi Kitano où il est un samouraï virtuose.

L’éclectisme et la variété dont fait preuve l’acteur a quelque chose de vertigineux et de jouissif. Rien ne lui semble impossible, et de ce fait les metteurs en scène de tous horizons le sollicitent, lui proposant sans a priori des rôles violents ou contemplatifs, légers ou terrifiants, décalés ou absurdes. Il participe ainsi à la très belle aventure de The taste of tea, chronique familiale barrée, poétique et sensible de Ishii Katsuhito, puis se laisse à nouveau entraîner dans un polar poisseux et étrange avec les Vagues invisibles de Pen-ek Ratanaruang, se mue en Ghengis Khan pour le Mongol de Sergey Bodrov, souffre d’amnésie pour Shinya Tsukamoto (Vital)… Le moins qu’on puisse dire est qu’il ne laisse enfermer dans aucun type de personnage, jouant tout avec gourmandise, et succès.

Curieusement, le début des années 2010 marque un tournant dans ses choix de comédien. A-t-il fini par se lasser ou s’est-il laissé charmer par les sirènes d’une carrière internationale ? Tadanobu Asano tourne plus souvent hors d’Asie et accepte des superproductions hollywoodiennes. En 2011, il rejoint ainsi l’équipe de Thor réalisé par Kenneth Branagh pour interpréter Hogun, l’un des amis du personnage principal. "J’ai du sang néerlandais et norvégien, donc j’ai le sentiment qu’il était nécessaire que je rejoigne le film", explique-t-il à l’époque. "Car j’ai l’impression que Thor est le point de départ pour trouver mes racines. J’ai découvert que j’ai de la famille aux Etats-Unis, je veux prendre mon temps et faire de mon mieux pour que les spectateurs étrangers me connaissent mieux, et c’est aussi un processus dont je veux profiter." Il y aura ensuite Battleship de Peter Berg, Thor 2 d’Alan Taylor et 47 Ronin de Carl Erik Rinsch.

Comme pour prouver que l’Occident n’a aucune prise sur lui, l’acteur poursuit en parallèle une carrière asiatique, mais ses films s’exportent moins qu’autrefois. Comme s’il traversait le premier passage à vide de sa carrière, près de vingt-cinq ans après ses débuts. Un passage à vide tout de même plus que relatif, puisque Martin Scorsese a fait appel à lui pour son prochain film, Silence, et qu’il sera présent une nouvelle fois sur la Croisette avec Journey to the shore de Kiyoshi Kurosawa. On a vu des agendas moins bien remplis.

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